En terme de Brutal Death vraiment brutal, il existe certains piliers incontournables, certaines références qui peuvent à elles seules résumer et représenter ce style extrême. Et autour de ces 'Consume The Forsaken' ou 'Awakening of The Rebel' gravitent un certain nombre de groupes, qui aspirent à se rapprocher de ce summum de la brutalité jouissive tant convoitée.

Blasphemer fait partie de ces groupes, non dénués de talent, qui pratiquent une musique dépourvue d’originalité, mais considérablement attirante de par une envie et une fougue réelles. Après des débuts laborieux, tout juste ponctués de quelques splits, les Transalpins avaient sorti leur premier album courant 2008, 10 ans après leur formation.
Totalement furieux, 'On The Inexistence Of God' illustrait tout le potentiel d’un groupe qui se complaît dans l’alliance de technicité et de brutalité.

Et sous couvert de cette énergie redoutable, associé à une maîtrise technique indéniable, le gang italien récidive ici, avec un format malheureusement bien court.
5 titres, dont une reprise de Broken Hope (accélérée et personnalisée néanmoins), et un titre ré-enregistré, c’est court. Car si on ne tient compte que des nouveautés, à savoir les 3 premiers titres de cet EP, ça fait encore plus court, moins de 8 minutes de furie furieuse en tout et pour tout.
Oui, ça fait cher la minute de blast. Mais en contrepartie, on tient ici un réel condensé de qualité et de brutalité jouissive.

Cette imbrication de changements de rythmes frénétique, de tempos majoritairement ultra-rapides, de riffs technico-mélodico-syncopés, et de beuglements gutturaux, pourra paraître standard à bon nombre d’amateur.
Pourtant, le quintet n’est pas simplement un groupe de plus à mon sens. Car il arrive à véhiculer et exprimer une véritable brutalité extrême, tant de par les rythmes que grâce aux riffs, tout en demeurant extrêmement précis et habile. Bien loin des bouillis sonores inaudibles dans queue ni tête des Brain Drill and co, Blasphemer construit et structure ses titres, tout en conservant un semblant d’aspect déstructuré et archaïque. D'autant plus que le groupe a revu à la hausse la violence et la rapidité de ses titres, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Outre l’incroyable maîtrise technique et l’écrasante force de percussion du groupe, l’un des atouts du quintet italien est également son panel varié d’expressions vocales. En effet, outre Paolo, le beugleur attitré, les deux guitaristes et le bassiste participent eux aussi à l’éruption de beuglements qui parsème ces 3 titres. Et force est d’admettre que cela participe grandement à apporter un cachet supplémentaire à cet EP. Car les timbres de voix, tous distincts, englobent la totalité des variations vocales présentes habituellement dans le Death, et permettent de varier terriblement les compos.

Et Blasphemer est plus que jamais convaincant, prouvant au passage que, sans foncièrement renouveler le genre, on peut toujours préserver et conserver un attrait concret, associé à une réelle brutalité musicale.
Seule la trop faible durée de 'Devouring Deception' me fait exprimer quelques regrets, car il est forcément plus difficile d’émettre un avis ‘critique’ sur une durée restreinte.
Mais il faut, je pense, aborder cet EP comme un hors-d’œuvre avant la prochaine offrande des Italiens, plutôt que comme un "Mini album" en tant que tel. Le groupe souhaitait continuer à faire parler de lui, et 'Devouring Deception' remplit parfaitement son rôle, tout en illustrant la progression et la maturité acquise durant 2 ans.

Inutile de préciser que j’attends le prochain album des Blasphemer avec impatience ...!


Rédigé par : ..::Ju::.. | 7,5/10 | Nb de lectures : 12454