Il était une fois, le petit Elvis qui tannait sa mère pour qu'elle lui achète un vélo. Hors ledit vélo était nettement trop cher pour la bourse des parents qui n'étaient que des Sudistes sans le sou. Donc maman Presley se replia sur une guitare acoustique beaucoup moins chère mais qui ferait autant plaisir au fiston qui la convoitait depuis quelque temps. Faut dire à l'époque, même pas chère, cela restait un sacré cadeaux pour des gens pauvres, et que pour Elvis un bâton et une chambre à air c'était comme une Playstation 2. Et donc le marmot tout guilleret gratta sa guitare nuit et jour et vous connaissez la suite. Non la morale de cette histoire n'est pas : "Est-ce que Elvis aurait été meilleur que Virenque s'il avait plutôt fait du vélo ?", mais bel et bien : "Quand votre gosse veut une gratte, filez-lui, bande de radins" !

C'est avec pas mal de recul que je vous parle de l'album éponyme de Black Stone Cherry, car j'ai quand même eu cet album en mains il y a presque 8 mois ! Et après l'avoir usé jusqu'à la moelle voilà ti pas que roadrunner nous le sort en Europe avec le sceau 2007 comme si on était des parias pas prêts à l'écouter en même temps que les Ricains. Ce petit point abordé parlons de l'album.


Black Stone Cherry est un jeune groupe de Edmonton dans le Kentucky ; état bien connu pour ces bourbons et tord-boyaux réputés. Après avoir sorti un EP le groupe convainc et file direct en studio en début d'année. "Black Stone Cherry" sort donc en juillet 2006 et envahit littéralement les ondes radio US ("Rain Wizard" et "Lonly Train" sont passées en boucle toute la journée). Une tournée avec des gros groupes dont Black Label Society (c'est là que je suis tombé dessus), et des clips vidéos passés allègrement sur les chaînes musicales contribuent au succès fulgurant de ce groupe en un temps record et ce dès le premier album !!
Alors dans le fond et en dehors de tout ce tapage qu'est-ce ça donne ? Et bien Black Stone Cherry c'est du pur rock, grosse influence southern rock et blues et le tout avec des refrains ultra accrocheurs et des bonnes mélodies. Certains diront qu'ils n'ont rien inventé, que c'est un peu trop propre, que c'est du "verse, chorus, verse" plutôt facile. Le fait est, que toutes les chansons sur cet album sont bonnes et qu'elles se réécoutent avec grand plaisir.
Lynyrd Skynyrd et Led Zeppelin ont apparemment été les deux grandes influences de ces petits jeunes, mais on y retrouve aussi le blues du delta, un peu de groove à la Corrosion of Conformity et la patte grunge d'un Soundgarden ou Temple Of The Dogs. Tous les titres sont des "hit" en puissance et on comprend facilement leurs écoulements sans effort sur les radios outre-atlantiques. "Rain Wizard" et "Backwoods Gold" par exemple ont des refrains ultra simples mais tellement accrocheurs qu'on se laisse prendre au jeu et chanter dessus. Les solos à la wha, les riffs southern dignes descendants de Lynyrd Skynyrd, les refrains power à la Down jalonnent la galette et au final ce qui avait commencé comme une blague avec leurs gueules de minets vintage sur la cover se transforme en une sacrée fessée spéciale "punition faut pas juger avant d'avoir écouté".
Des titres d'une efficacité incroyable : "Maybe Someday" nous ferait presque penser qu'on tient là les successeurs de Soundgarden version southern rock ! "When The Weight Comes Down" reprend des ingredients rock'n'roll classique utilisés par Nicke Anderson et ses comparses de The Hellacopters avec une touche purement bluesy et la voix de Chris Robertson qui rappelle assez celle de Chris Cornell, donc très plaisante. Le début et le refrain de "Shooting Star" peuvent faire penser aux premiers titres de Nickleback sur "The Sate" (pas si mauvais) mais avec de l'âme et un côté rock/métal indéniable. "Tired Of The Rain" est sûrement l'une des meilleures de l'album, un blues/rock plutôt vintage mais moderne, un orgue B3 fait planer l'auditeur et le plonge dans une espèce de vieux bouge du sud des USA avec des belles minettes au bar et des parties de poker autour. Une ambiance orangée et poussiéreuse que l'on croyait perdue depuis "Stone The Crow" de Down et après le phénoménal "In the Arms of God" de COC. Le dernier titre "Rollin' On" contient une petite perle mélodique qu'est le solo de fin de Ben Wells, en l'écoutant et le rejouant j'ai pris autant de plaisir que quand Allen Collins de Lynyrd ou John Fogerty de CCR me déversaient leurs notes dans les oreilles. Et pour finir, comble du bon album, même la ballade bluesy "Hell And High Water" passe sans sourciller et en hochant de la tête !

Ben Wells (Guitar/Vocals), John Fred Young (Drums/Vocals), Jon Lawhon (Bass Guitar/Vocals) et Chris Robertson (Guitar/Lead Vocals) avec leurs têtes et leur look vintage bogoss ont fait ce que beaucoup de groupe aurait aimé faire : un premier album où il n'y a rien à jeter ! (et vous aurez remarqué qu'ils font tous les vocals dans le groupe).

Plus plaisant que le Wolfmother pour moi, et nettement au-dessus niveau contenu que Velvet Revolver et le dernier Audioslave, BSC a pondu là le meilleur album Rock de 2006. A chaque fois que je croisais une connaissance en concert j'avais le droit à un : "Ohh t'as écouté le Black Stone Cherry ? il est super bon. Pourquoi personne n'en parle ? Les gens les snobent ?"...Et bien voilà le mal est réparé.
Le fait qu'on nous l'envoie des mois après dans nos contrées, à défaut d'être réglo, permettra à ceux qui ne connaissent pas encore le groupe de peut-être prendre pas mal de plaisir pour pas cher.


Album rock de l'année 2006, c'est donc étrange d'apparaître en sélection du moment, mais c'est bien là sa place. C'est un premier album et ça, ça troue le fion.

Quant à l'histoire du petit Elvis du début, figurez-vous qu'en lisant attentivement le livret et les remerciements de BSC, on peut voir Chris Robertson dire entre parenthèses : "Papa, tu vois, je crois que la Les Paul que tu m'as donnée a fini par payer"...Comme quoi certaines histoires n'ont pas de fin (si on a pas des parents radins).


Rédigé par : Layne | 17/20 | Nb de lectures : 12613