L’album s’appelle peut-être "Brutal Blues" mais ce duo finlandais a tout compris au punk rock et au rock n’roll. Le rock’n’roll qui sent des pieds et des aisselles, le punk malpoli et aux ongles noirs. Le punk des squats et des chiens crasseux. Le rock’n’roll des opinels, des tessons de bouteille et du caniveau. BLACK MAGIC SIX est un duo finlandais qui pratique donc un punk/rock’n’roll mal élevé. Mais le tout avec une pointe de blues et de gospel. Leur musique me rappelle beaucoup la bande originale de cet excellent film qu’était Black Snake Moan. Mais en plus punk et alcoolisé. Bien que les mecs ne jouent pas vraiment du punk au sens strictement musical du terme ils en ont capté l’essence, l’esprit, l’atmosphère. Cette envie de foutre le bordel, de faire des doigts aux autorités et de faire la fête avec des potes aux blousons noirs et des filles court vêtues à la cuisse légère. Le groupe a beau venir de Finlande, leur musique respire le Bayou ou les bouges les plus mal famés de Tijuana. Se passer ce disque c’est prendre un aller simple pour le Titty Twister.

L’intro met dans l’ambiance avec ses airs de gospels dégénérés et sataniques. S’ensuit sans coup férir la tempête électrique qu’est « I Hate People ». Déflagration punk ‘n’roll au rythme endiablé et alcoolisé. Ça sent la sueur et les corps qui se frottent. Et que dire de ces chœurs d’enfants capricieux. On sent une grosse influence des groupes de la première vague punk et rock’n’roll américaine comme les MC5, les Stooges et toute la troupe avec un côté Tito&Tarantula pour la chaleur dégagée par la musique. Ce disque possède une énergie folle grâce à ce son de guitare si particulier couplé à des rythmes de batterie simplissimes mais efficaces à souhait. Chaque morceau est accompagné de petites trouvailles sonores comme des chœurs gospel, des cuivres, des voix féminines ou une atmosphère flippante. Le duo finlandais sait varier ses effets et pousse à fond le concept de leur musique en y ajoutant tout un tas de détails visant à l’enrichir. Suffit d’écouter « Home Run » ou « Total Dunkelheit » pour avoir envie de démarrer une bagarre de bar. Tesson de bouteille, queues de billard et chaîne de vélo sont de sortie. On imagine aisément une bande de poivrots édentés et consanguins se foutre sur la gueule pendant que le groupe jouerait le formidable « Biggest Ass In Town ».

La tonalité de l’album est partagée entre une pure musique redneck mélangeant rock’n’roll, blues, punk, gospel et une petite touche de country via l’adjonction d’un banjo ou autre instrument fétiche du genre d’une part et, d’autre part, une atmosphère satanique et occulte sur des titres comme « Beaver Killer » ou « Ghoul ». Un album qui fait tortiller des fesses et qui sent bon le rade pourri du fin fond de l’Alabama. Je rappelle juste que le duo vient de Finlande mais possède une vrai vibe sudiste avec la voix éraillée, l’énergie désabusé et une vraie attitude à la cool. J’ai souvent employé le mot « rock’n’roll » dans cette chronique mais c’est, selon moi, le terme qui résume le mieux « Brutal Blues ». Du rock’n’roll dans la musique, l’esprit et le son. Un album qui redonne ses lettres de noblesse à un genre souvent dévoyé. Si t’es pas d’accord, prépare-toi à prendre rendez-vous chez ton dentiste parce que les ratiches vont voler. Sors ton papillon, j’ai ma chaîne de vélo et ma barre à mine, enfoiré !


Rédigé par : Seb On Fire | 14.5/20 | Nb de lectures : 13051