Quatre ans entre deux albums de BLACK LABEL SOCIETY, c'est la première fois dans la carrière du groupe (qui affiche déjà 8 albums au compteur en 12 ans d'existence!) que Zakk Wylde s'octroie un délai aussi long. Mais il faut dire qu'il s'est passé beaucoup de choses entre-temps...

A commencer par son « divorce » avec OZZY OSBOURNE l'an dernier. Zakk a été remercié après 21 ans de bons et loyaux services. Plus de deux décennies, avec quand même un hiatus de 1995 à 2001 (où il fut remplacé par Joe Holmes en tournée).
Cette rupture professionnelle a évidemment fait les choux gras de la presse, alors qu'elle s'est faite naturellement et sans heurt. Le « Special thank you to Ozzy & Sharon... I love you beyond forever » de Zakk dans le livret de ce nouvel album parle de lui-même!
Ozzy a jugé qu'il valait mieux pour Zakk (et sa santé) qu'il se consacre seulement à BLS. Et c'est vrai qu'on peut se demander comment Wylde a fait pour tenir le rythme infernal albums/tournées pendant 8 ans dans deux groupes à plein temps (d'autant qu'il sortait un disque de BLS quasiment chaque année!)?!

Un rythme effréné que Zakk Wylde a été obligé de calmer à cause de sérieux problèmes de santé, toujours en 2009. Après des examens pour une jambe qui le faisait souffrir le martyr, les résultats ont décelé d'importants caillots de sang. Depuis, Zakk suit un traitement pour lequel la consommation d'alcool est totalement proscrite...
Ce qui fait que Mr Sauvage ne boit donc plus du tout d'alcool. Vous imaginez le changement de vie pour un gars comme Wylde?! Qui pouvait facilement descendre un pack de 24 bières par jour (on peut aussi appeler ça de l'alcoolisme...)!!

Vous ajoutez le décès de son père en janvier dernier, et vous comprenez donc aisément que Zakk a vécu pas mal de choses difficiles ces dernières années!

Ce qui se traduit logiquement dans ce nouveau BLACK LABEL SOCIETY par des paroles très sombres. Les titres des chansons suffisent à se faire une idée : « Parade of the dead », « Darkest days », « Black sunday », « Time waits for no one », « Shallow grave »...

A noter aussi un changement de personnel dans BLS : le fidèle Craig Nunenmacher (qui jouait avec Wylde depuis 2000) est parti cogner d'autres fûts, et a été remplacé par le multi-cartes Will Hunt (qui a été batteur de STUCK MOJO, TOMMY LEE, STATIC-X, VINCE NEIL et EVANESCENCE!).

« Order of the black » se devait de nous rassurer, suite au très moyen « Shot to Hell » (qui comportait 5 ballades sur 13 morceaux!).
Déjà, le son est correct (c'est le premier disque totalement auto-produit et mixé par Zakk, qui s'est fait construire son propre studio : le Black Label Bunker), ce qui a rarement été le cas dans la discographie de BLS, il faut bien le reconnaître!
Et musicalement ce nouvel album est une belle réussite. Zakk a de nouveau faim, et nous propose des compos inspirées. Avec un festival de riffs qui tronçonnent, comme on en avait plus entendu depuis « The blessed Hellride » (pour moi le dernier grand disque de BLS). Mention particulière aux morceaux « Overlord », « Parade of the dead », « Southern dissolution » et « Riders of the damned », qui font très mal!

Evidemment il abuse toujours autant de ses harmoniques artificielles, qui peuvent saouler au bout d'un moment quand il y en a toutes les 10 secondes!...
On sait tous que c'est sa trademark, on l'a compris dès le premier morceau de son premier album avec OZZY (« Miracle man » sur « No rest for the wicked » [1988]). Mais Zakk ne pourrait pas varier un peu plus son jeu des fois? Comme sur le fabuleux album de PRIDE & GLORY (1994) par exemple; où il nous offrait le jeu de guitare le plus riche de toute sa carrière, avec, ô miracle, peu d'harmoniques!

Quant aux solos de ce nouvel album, ils sont forcément impressionnants. Même si je regrette un peu que Zakk privilégie depuis plusieurs années la technique pure... Seuls trois ou quatre solos sur ce dernier BLS font preuve aussi de feeling. Le reste tourne quand même à la démonstration, où le grand blond veut nous prouver une énième fois qu'il peut jouer 36 notes à la seconde!...
C'est dommage, surtout quand on se souvient des solos exceptionnels sur « No more tears » (1991) du Ozzman, qui alliaient technique et MELODIE!

On a droit dans « Order of the black » à des titres bien Metal, mais aussi comme toujours à quelques ballades. Quatre sur un total de 13 morceaux, ce qui est un peu trop à mon avis. « Darkest days » passe très bien et « Shallow grave » est magnifique, les deux autres sont par contre moins indispensables.
Quand est-ce que Zakk Wylde arrêtera de se prendre pour Elton John? (rires)

Au passage, une petite requête personnelle : ça me plairait bien que Zakkounet revienne de temps en temps à des sonorités plus Rock, comme sur l'excellent premier BLS (« Sonic brew », qui était même limite stoner par moments). Cela amènerait aussi un peu plus de variété à ses albums.

Mais là où le bât blesse vraiment, c'est au niveau du chant.
Zakk a commencé à développer une voix beaucoup plus nasillarde à partir de « The blessed Hellride ». Une voix qu'il arrivait jusqu'alors à suffisamment nuancer pour qu'elle ne soit pas trop désagréable. Mais sur ce nouvel album, il ne fait QUE chanter avec cette voix-là (à part sur les ballades)! Et ça dessert les morceaux plus qu'autre chose...
Le meilleur exemple étant « Overlord » : on a affaire là à une vraie tuerie, sans doute une des meilleures chansons jamais composées par Zakk, et ce dernier vient tout gâcher avec sa mauvaise imitation d'Ozzy!... Rageant!!
Où diable est passé le superbe timbre Hard Rock sudiste (à la Rickey Medlocke de BLACKFOOT) qu'il avait sur PRIDE & GLORY?? Et je ne parle même pas de ses sublimes vocalises sur son album solo « Book of shadows » (merveille acoustique sortie en 1996, qui rappelait les disques les plus intimistes et mélancoliques -les meilleurs- de BRUCE SPRINGSTEEN et JOHN MELLENCAMP)!...

J'aurais vraiment aimé ne dire que du bien de ce nouveau BLACK LABEL SOCIETY, parce que je l'aime beaucoup le Zakk. Je possède tous les albums sur lesquels il a joués et j'estime qu'il est un des très rares guitar-heroes des années 90/2000 (avec Dimebag bien sûr).
Mais je ne peux décemment pas dire que « Order of the black », malgré ses qualités certaines, se hisse au niveau de « 1919 eternal » et « The blessed Hellride » (à mes yeux les 2 meilleures offrandes de BLS).
Donc s'il te plaît Zakk, prends des cours de chant ou je ne sais pas, mais réagis en tout cas. Car il faut que tu comprennes que c'est difficile de sortir un grand album sans un chant à la hauteur!

Sans rancune...


Rédigé par : Stéphane | 13,5/20 | Nb de lectures : 14551