Black Flame est probablement assez connu des écumeurs de distro. C'est en tout cas dans une échoppe bien noire que j'avais étoffé une commande avec leur Torment and Glory à un prix plus que raisonnable, après avoir maintes fois croisé l'album sur des distros. Ce troisième opus des Italiens sorti en 2004 avait fait quelques tours dans ma platine avant d'aller prendre la poussière dans mes étagères. C'est donc sans avoir écouté Conquering Purity paru en 2006 que je me lance à la conquête de la cinquième galette des Transalpins. Pour info, le trio compte dans ses rangs le batteur Massimilo Altomare, qui fut plus connu par chez nous sous le pseudo de M:A Fog dans Disiplin ou Glorior Belli.

Après Eerie Art et Worship Him, Black Flame a atterri cette fois chez Forces of Satan, dont le groupe est la première signature. Le fait qu'Infernus d'un des deux Gorgoroth soit aux manettes du label devrait suffire à éveiller l'intérêt des plus virulents. Comme l'annonce fièrement le label sur son site : "Forces of Satan Records ANS [...] is an initiative taken by Infernus, Gorgoroth, and Vile Horg, in early morning June 6th 2006, to found a media company/record label with a clearcut Satanic profile only relating to signing, producing and promoting bands with a certain attitude and commitment". Si vous n'avez pas compris ce message, vous êtes un faible qui ne mérite pas cet album de toute façon.

Outre cette touche sarcastique, on est en droit d'attendre de Black Flame une attitude bien radicale. Et c'est le cas, le combo délivrant un black/death énergique et sombre à grands renforts de riffs gras et sourds. Les titres sont des assauts blindés en règle contre une position forte, pilonnant tout leur saoul. La grosse voix typée death qui vient gronder ses blasphèmes se marient à merveille avec l'univers froid du combo. A peu d'exceptions, les compos ne s'éternisent pas, restant dans les 4-5 minutes pour élaguer un maximum et bien watter derrière les oreilles.

Si Black Flame a la flamme (je sais, elle est facile), les titres manquent pourtant grandement de riffs à mon goût. Prenez l'éponyme "Imperivm" que vous avez en extrait, par exemple. S'il est efficace et fonceur, il tient en fait simplement sur trois riffs. La technique peut être très efficace, mais le groupe a finalement du mal à tenir ses 37 minutes sur cette base, entre des titres construits simplement et des agressions un tantinet répétitives. D'autant plus que les ambiances funèbres du black/death des Ritals rentrent en concurrence de clients plus aventureux, comme Arkhon Infaustus ("Ad Infera" est en plein dedans). Tant et si bien que le plus thrashy et mélodique "The Secret ov lapis Manalis" apporte une bonne bouffée de fraîcheur avec son final à la Gorgoroth. Le morceau revigore l'auditeur à temps pour qu'il entende... l'album se terminer, hélas. Pourtant, après le final de ce morceau, j'étais prêt à reprendre au moins pour deux-trois titres.

Je reste donc sur un sentiment de frustration après les huit pistes d'Imperivm. Black Flame fait deviner un fort potentiel mais ne le laisse jamais réellement exploser. Un bon coup de pied dans la fourmilière suffirait probablement à mettre le feu aux poudres. Mais en l'absence de cette ruade, il me faudra dormir sur la béquille.


Rédigé par : Prince de Lu | 12,5/20 | Nb de lectures : 10854