La Suède, ses lacs, son rallye, ses rollmops, ses blondes, ses fjords, sa protection sociale top niveau et… ses groupes de musique. Retournez le problème dans tous les sens, posez-vous toutes les questions du monde, « être ou ne pas être ? », « qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je où cours-je et dans quel état, j’ère ? », « faut-il voter oui ou non au référendum sur la Constitution Européenne », bref, la réponse est immanquablement : la Suède est LE pays, l’endroit -le seul ?- incontournable sur le plan musical. Je l’ai déjà dit pour d’autres formations (Anti Depressive Delivery ou Wolverine) et je le martèle, c’est de là que nous arrive par vagues régulières, le must du rock, du métal, du prog, de la pop et même du jazz. Je vous fais grâce de la liste sinon je vais avoir besoin de 2 ou 3 pages web complètes et ça m’étonnerait que le boss soit d’accord. Donc, voici BLACK BONZO. Avouez qu’à la simple lecture du nom du groupe, vous avez cru qu’il s’agissait d’un énième combo voué au culte du métal mis en exergue dans ces colonnes. Non ? Alors vous êtes plus malin que je ne le croyais. Et puis, finalement, ce n’est pas si évident que ça. D’autant que la pochette, elle, louche sans complexes sur l’artwork 70’ propre à Roger Dean. (Yes, Hurriah Heep). Hurriah Heep, justement, parlons-en. Et notamment les albums Magician’s Birthday et Demons & Wizard tous les deux sortis en 1972. Pour les non initiés, sachez que le hard progressif puise en partie ses racines dans la musique de ces Anglais iconoclastes et que certains de nos groupes favoris de cette scène en vogue y font référence quand on les cuisine un peu. A titre d’anecdote, la pochette du premier album paru en 1970 n’aurait pas dépareillé dans votre cd thèque aux allures de musée des horreurs (2). Il semble que Black Bonzo ait décidé de ressusciter l’esprit et le son de cette formation toujours en activité et pas très connue du grand public mais appréciée des connaisseurs. L’esprit et la lettre. Car les Suédois dont la profession de foi est « Nous sommes les guerriers de la musique et nous adorons créer et non détruire ! », mélangent à leurs compositions et avec bonheur un trip King Crimson/Beatles/Queen/Novalis/Frumpy/Jefferson Airplane/Cream/Free plutôt jouissif sur le fond. Quant à la forme, les titres assez directs vont de 4 à 9’, brassent allègrement chant habité et expressif, guitares saturées et claviers analogiques où mellotron et moog sont à la fête. Le propos général est assez frais et nouveau, s’inscrivant parfaitement dans la vague actuelle de relecture d’un progressif qui ouvre enfin la fenêtre. En attendant, vous, vous faites comme vous voulez, mais moi, c’est décidé, je demande l’asile culturel à la Suède.


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 11505