BLACK ANVIL, le nom n’évoque pas grand-chose pour la majorité d’entre vous, pas plus que le blase de leur label, Monumentum records. Pas d’infos sur l’identité des zicos joliment photographiés dans leur panoplie de Tom G. Warrior bien qu’on ne soit pas encore à Halloween, un label fantôme dont le nombre de sorties se comptent sur les doigts d’un lépreux et pas plus d’infos sur la toile, BLACK ANVIL nous la joue incognito comme s’ils se cachaient d’une carrière underground dans le snuff movie.

Pourtant, en glanant des infos ici et là, le voile obscurantiste tombe facilement. Monumentum records est en fait un sous-label de Reflections, maison de disque batave très connue dans le milieu hardcore qui n’avait, jusqu’alors, jamais réellement manifesté d’intérêt pour le métal en dépit d’un rapprochement continuel entre les deux styles, jadis, antagonistes. L’affiliation avec le hardcore continue lorsqu’on découvre que BLACK ANVIL est en fait le projet métal de zicos issus de la pure scène hardcore new-yorkaise qui ont traîné ou traînent encore leurs rangers dans KILL YOUR IDOLS, DEATHCYCLE, H20, NONE MORE BLACK ou encore MADBALL ; le trio s’étant réuni pour rendre un vibrant hommage aux précurseurs du black metal des années 80 : VENOM, POSSESSED, MESSIAH, DARKTHRONE et CELTIC FROST.

Présenté de la sorte, il est clair que ce projet ressemble davantage à une bonne vieille blague de nos amis coreux qu’à un hommage sincère. Oui, je suis au courant. Le métal et le hardcore copulent joyeusement ensemble depuis une quinzaine d’années mais de là à dédier une ode au métal, il y a un sacré paquet de riffs à composer. A moins que les coreux n’aient décidé de nous donner une leçon de métal pour nous faire prendre conscience d’un certain héritage laissé par des grands anciens. Ben voyons, c’te bonne blague.

Mais la blague tourne court alors que le premier morceau n’est pas encore terminé. Tout simplement parce que « Time insults the mind » est plus bandant que 80% des sorties métal actuelles. Si, BLACK ANVIL est le rejeton d’une certaine idée du black metal, il est avant tout un digne descendant du CELTIC FROST des débuts. Si quelques morceaux enjoués, évoquent un black metal old school avec l’option « coassements de goules » intégrée en guise de chant, d’autres (« Margin for terror », « Deathsomnia », « 777 ») sont nettement marqués de l’influence du groupe helvète : guitares d’outre-tombe, riffs lourds, minimalistes et ambiance de chambres funéraires. Il ne manquerait plus que les « hurgh » (prononcez « houw » ) de Thomas Gabriel Fisher et le « wall of hate » du FROST pour que le tableau soit complet. D’ailleurs BLACK ANVIL se taille une belle tranche de CELTIC FROST sur le final grandiose d’une reprise du célèbre « Dethroned Emperor » après un fastidieux ghost track.

Si BLACK ANVIL ne propose absolument rien d’original ou de nouveau dans son métal désarmant de simplicité, il propose ici, un disque plein de panache, de feeling et doté d’atmosphères sombres plus réussies que celles d’un black metal de superette parfois plus concentré sur le maquillage waterproof que sur la zic.

Alors oui, y’a de quoi être sur le cul et conquis tout à la fois. Que les coreux fassent du métal passe encore, mais qu’ils y excellent de la sorte... Cette leçon de métal prend également la tournure d’une leçon d’humilité à retenir pour les pauvres mettables que nous sommes.

Il s’en est fallu de peu que l’Empereur ne soit détrôné.
Et rien que pour ça, « Time insults the mind » et ses géniteurs méritent un total respect.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 11170