J’ai eu du mal à rédiger cette chronique. Non pas en raison d’un album mauvais ou inaccessible, loin de là d’ailleurs. Mais tout simplement car je n’ai pas réussi à accrocher à cet album de Blackness. Et pourtant, le Thrash pratiqué par les Lyonnais de Blackness est assez personnel et varié, et relativement énergique. Je n’ai aucun reproche particulier à leur adresser, excepté un manque d’attrait purement personnel...

Les Lyonnais de Blackness sont des musiciens expérimentés et passionnés, et 'Stimulation for the Beast' s’en ressent. Car la maîtrise instrumentale, associée à une réelle qualité de composition, sont indéniables. En premier lieu, les rythmes variés et dynamiques représentent le squelette de l’album, de par les alternances et les changements de tempos d’un titre à l’autre, rendant ainsi l’ensemble très aéré et néanmoins cohérent.
Car Blackness, qui se complaît autant dans les accélérations rageuses que dans les envolées mélodiques, possède une force de frappe indéniable. Que se soient les morceaux plus rapides et rageurs, ou les titres plus mid-tempos, ils demeurent tous empreints de la même efficacité, et colporteurs de l’aspect dynamique du Thrash "à l’ancienne".

Les riffs sont mélodiques et majoritairement acérés, sans compter que de nombreux soli viennent aérer la plupart des compos. La technicité est omniprésente, mais sans jamais écœurer l’auditeur. Aux différents solos s’associent des enchaînements de parties de batteries pertinentes, le tout rehaussé par les incursions de basse assez plaisantes. Le point fort demeure cependant l’aspect efficace et accrocheur : avec Blackness, n’ayez crainte, vos cervicales seront mises à rude épreuve. Et même si les titres les plus percutants sont indubitablement ceux présentant les rythmes les plus rapides, à l’image de 'The Battle Rages On', 'The House Down Below' ou 'Where Fear And Silence Prevail', le reste de l’album n’est pas en reste. Car quand les accélérations laissent place à des ralentissements ou des morceaux plus ‘mid-tempos’, l’énergie ne retombe jamais, notamment grâce à ces alternances pertinentes de rythmes, associées à une énergie et une force de percussion implacables.

Old-school jusqu’au bout des médiators, les Blackness, s’ils demeurent inspirés et influencés par certains aînés, n’en demeurent pas moins très compétents. Les riffs fleurent bon le Kreator, l’Exodus, ou le Metallica des débuts, ce qui, honnêtement, n’est pas pour me déplaire. Et les soli sont tous bâtis sous le sceau de la mélodie et de l’efficacité, participant ainsi à rendre les compos assez diversifiées et néanmoins cohérentes entre elles.
Les cris rageurs du bassiste, mi-rauques, mi-hurlés, flirtant parfois avec le death, s’associent plutôt bien avec l’assise rythmique dynamique et variée, augmentant ainsi l’aspect rageur et puissant de l’album. Mais, rien n’y fera, je n’accroche pas avec la voix de Pedro, qui, s’il ne nuit pas à la cohésion artistique, ne correspond pas aux minima de tolérance de mon quotient émotionnel...

J’ai cependant été confronté à une certaine baisse de l’attention durant les diverses écoutes, peut-être simplement liés à ces variations de tempos d’un titre à l’autre. Amateur de Thrash plutôt rapide et rageur, je trouve que le groupe gagnerait à homogénéiser les titres en se concentrant dans les sphères clairement violentes et rapides. Paradoxalement, cela risquerait aussi de cloisonner le groupe dans un style assez répétitif, qui, en faisant le choix de moduler ses rythmiques, préserve un attrait certain. Sans compter qu’il ne s’agit peut-être tout simplement pas du choix du groupe...

Doté d’un son compact mais clair, 'Stimulation for the Beast' est une ogive puissante, dont l’absence d’originalité est amplement compensée par une efficacité irrésistible. La passion et l’envie du groupe sont parfaitement retranscrites musicalement, et c’est en partie ce qui permet à 'Stimulation for the Beast' d’être aussi efficace, même si un certain essoufflement est palpable en fin d’album.
Je pense qu’à défaut d’être irrésistibles sur album, Blackness est le genre de groupe à voir impérativement sur scène, afin de prendre pleinement la mesure de leur force de percussion.
Entre Exodus, Destruction et Kreator, faites donc une place à nos Frenchies de Blackness, qui prouvent, une fois de plus, qu’en jouant avec passion et envie, il est tout à fait possible de se démarquer au sein d’une scène sclérosée et surbondée.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 13021