Inutile de se la raconter, de faire « comme si » ou de tenter de chercher midi à 14 h, ce quatrième album est très en deçà de nos attentes. Le retrait de Steven Wilson, même sur la pointe des pieds, n’y est sans doute pas étranger. Le talent du bonhomme et son « poids » artistique sont tel que son absence (ou fantomatique présence) ne pouvait que faire redouter un tel résultat.

Attention : Geffen ne démérite pas. Il fait ce qu’il peut dans la mesure de ses moyens et tente quelques banderilles qui auraient pu avoir de l’attrait s’il avait été question d’un autre groupe, voire d’un débutant. Mais nous parlons de Blackfield et il faut bien constater que le chanteur israélien n’a pas le sens aussi aigu de la mélodie qu’un Wilson ni sa maitrise du riff (même acoustique) qui colle à cette musique.
Pourtant Pills qui hante les Youtube et autres Dailymotion depuis plusieurs mois maintenant laissait présager du bon et accentuait notre impatience. Hélas, il faut se rendre à l’évidence, ce 4e opus d’une discographie jusque là sans taches (certains diront que Welcome To My DNA annonçait ce fiasco…) ne restera pas dans les mémoires. Et ce n’est pas l’apport courageux de Vinnie Cavanagh d’Anathema ou celui volontariste de Brett Anderson de Suede ou de Jonathan Donahue de Mercury Rev qui changera quoique ce soit à l’affaire. Il manquera toujours l’esprit et la lettre que le Maître de Hemel Hempstead avait su imprimer sur la musique de cette formation hors du commun et désormais orpheline de son génial mentor.

Car soyons honnêtes, Blackfield ça ne peut être ça : un brouet sans saveur ni odeur. Fini la classe de titres comme Open Mind, Blackfield, 1000 People ou Miss U ; envolée la beauté magique d’un Pain, d’un Hole In Me, d’un Cloudy Now, d’un Some Day ou d’un End Of The World.

Ce Blackfield IV présente trop d’à peu près dans ces compositions, trop de morceaux faibles dont ne retient rien. Même après plusieurs passages The Only Fool Is Me – Jupiter – X-Ray ou Sens of Insanity ne laissent aucune empreinte durable. J’en viens à penser que, quitte à embrayer dans le registre soft pop, autant écouter Kean ou Coldplay car ils font ça beaucoup mieux, c’est dire ! Et il ne dure que 33 minutes mais son écoute semble durer une éternité. Une éternité d’ennui presque de souffrance.

Pills ou Springtime peuvent faire illusion, Firefly peut même sauver les meubles et tenter de ne pas nous faire désespérer complètement mais c’est tout et c’est peu. Pour le reste, le fan de Blackfield que je suis n’y trouve absolument pas son compte.

Non, décidément non, je ne m’y résous pas et ma déception autant que ma circonspection sont grandes devant tant de vide et de gâchis. Si je n’étais pas un « métaleux » pur et dur, méchant et crasseux qui n’a peur de rien - un Viking quoi - et bien j’en pleurerai presque. Oh et puis merde, tant pis, j’en écrase une petite, pour le principe. Bordel, tout fout le camp…


Rédigé par : Karadok | 08/20 | Nb de lectures : 14203