Aviv Geffen, ça ne vous dit sans doute rien, mais si j’annonce Steve Wilson alors là, c’est sûr, la paupière droite s’allume (chez moi, c’est celle là la plus prompte à se réveiller, et vous ?). Le premier est une rock star engagée très connue surtout chez lui……en Israël ! Le second et bien, je ne vous le présente plus. Il n’y a qu’à évoquer la présence du chanteur guitariste anglais dans un projet pour savoir d’entrée que la qualité sera au rendez-vous. C’est bien simple, en dehors de son groupe, Wilson s’est toujours impliqué avec brio et ses participations sont parmi les plus significatives de la scène rock métal. No-Man, Opeth, OSI pour les plus connus. Il faudra désormais rajouter Blackfield à la liste. Ne tournons pas autour du pot de marmelade, les dix compositions sont sublimes et d’une production au dessus du lot. Si vous aimez la pop subtile et sophistiquée des dernières productions de Porcupine.Tree, comme Stupid Dream ou LightBubble Sun ou encore l’atmosphère mélancolique des meilleurs Anathema, et bien vous voilà servis. La proximité avec Radiohead n’est pas inconcevable non plus. Vous cernez mieux ainsi à quelle sauce anglaise vous allez être mangés. Bon, cet album ne transpire pas la franche rigolade. Les paroles illustrent d’ailleurs parfaitement le côté confidences névrotiques et la pochette façon nature morte est de ce point de vue éloquente : on y distingue un flacon de comprimés ou d’une quelconque potion que l’on soupçonne être des antidépresseurs. Un remède parmi tant d’autres pour effectuer l’ultime voyage ou pour les plus optimistes, s’il en reste, s’isoler des noirceurs du « Blackfield » de ce monde. Côté musique, rien d’inutilement démonstratif, pas d’effets de manche ou de longs développements. Les titres n’excèdent pas 4’. Pas le temps de s’appesantir sur notre misère spirituelle. Et elle est immense ! Pas de violence non plus. A peine est-on bousculé par quelques riffs appuyés à l’entame d’Open Mind. Tout est amené dans la suave quiétude de nappes de mellotron légères mais prenantes, de phrasés pianistiques déliés, dans de bouleversants duos de voix parfaitement équilibrées, de solos de guitare flottants ou d’arpèges délicats et ciselés par un orfèvre. L’ami Wilson qui tient la gratte avec le talent que l’on sait, la basse et le chant sur 8 des 10 titres, s’y entend comme pas deux pour installer des ambiances feutrées ici poussées à la limite de la dépression contagieuse. Geffen se charge des claviers et du chant sur 2 titres. Son timbre de voix est proche de Brian Molko (Placebo) ou de Michael Stipe (REM). La batterie est confiée à plusieurs officiants dont l’ancien de PT, Chris Maitland parti vers d’autres cieux et de retour de façon permanente dans Blackfield. Un quatuor à cordes, The Illusion Quartet vient sur quelques titres enluminer le tout d’interventions sobres mais efficaces. Mes titres préférés ? Les 10 ! Ils sont tous dotés à des degrés divers, d’une intense charge émotionnelle. Les lauriers toutefois à Blackfield, caractéristique du style incomparable de Porcupine Tree, Glow et Cloudy Now pour leur envoûtante beauté. Un bien beau package pour s’installer doucement dans l’automne avec un seul regret : le disque ne dure que 36 minutes pour la version promo. Les gourmands pourront se délecter de celle double cd pour 10 minutes ( !) et 3 titres de plus. En haut de mon top 5 de l’année sans aucune hésitation.


Rédigé par : Karadok | 19.99/20 (pour la durée !) | Nb de lectures : 10567