Si un groupe de black du pays de David est connu internationalement, c'est bien Bishop of Hexen. Et pourtant le combo n'a à son actif qu'un seul album sorti en 1997 "Archives of an Enchanted Philosophy". Tout cela nous ramène bien loin en arrière. Après une entrée en matière remarquée pour nos moyen-orientaux, c'est la débandade, refrain hélas trop habituel. Au terme de six années de silence, Bishop of Hexen s'est reformé en 2003 pour accoucher du mini-promo "Unveil the Curtain of Sanity" l'année suivante. Quatre titres (dont une intro) en sept ans, c'est plutôt raide pour le fan nostalgique. Et il aura fallu attendre encore deux années supplémentaires avant que les Israéliens ne composent six titres supplémentaires (dont deux interludes). Ces nouveaux titres, plus ceux du mini, forment donc le second album officiel du groupe de Ramat-Hasharon.

Le titre est à rallonge comme d'habitude et la recette est inchangée. On retrouve bien Bishop of Hexen dans ces élans habituels, du black énergique avec un synthé (black sympho comme on dit). Les titres sont toniques et variés. Ils rappellent sans conteste cette glorieuse époque du milieu des années 90, où beaucoup de groupes nous régalaient de leurs envolées orchestrales, de leurs mélodies endiablées et de leur synthé chatoyant. Les références défilent à l'écoute du CD, un peu de Cradle par ici, peut-être un soupçon de Dimmu par-là, ouh un côté très Covenant pour ce riff. Si cet album ne vous plonge pas dans les abysses du souvenir, vous n'avez pas connu le black sympho dans ces grandes années. D'ailleurs, j'ai bien peur que cet album ne concerne que peu de "jeunes" auditeurs de black, vu le style pratiqué.

Le groupe qui saute fréquemment aux oreilles, c'est Arcturus et son "Aspera Hiems Symphonia". Tant mieux me direz-vous. Autant que les Israéliens, probablement traumatisés comme beaucoup d'entre nous, récupèrent le plus aventureux de ce qui a été fait dans le genre. A des moments, l'influence se fait tout de même assez pressante. "Self Loathing Orchestration" paraît intégralement sorti de la session d'enregistrement des Norvégiens. C'est avec ce titre que j'ai percuté que le clavier, la voix black, les structures, les mélodies des soli, les voix claires guerrières, beaucoup beaucoup de choses rappelaient plus que fortement Arcturus. Jusqu'à sentir par instants la copie sans recul. Et là, ça devient gênant...

Pourtant tout au long des cinquante minutes de l'album, l'efficacité et les mélodies sont là. Les titres sont composés avec intelligence, dosés avec justesse et entraînants. La production est slovène mais très bonne, avec des instruments bien différenciés (ce qui est l'élément primordial dans le style). Je ne vous parlerai pas d'ambiances sombres ou autres, là n'est pas le propos. "The Nightmarish Compositions" est un album qui respecte des règles d'un autre siècle. C'est son grand avantage pour ceux qui cherchent un album de black sympho de qualité par des temps où ils se font très rares. C'est par contre un opus qui sonnera daté pour des auditeurs habitués à bien plus sombres désormais. Ayant payé mon dû au black sympho il y a dix ans, je m'ennuie à l'écoute de cet album. Malgré des points positifs évidents, Bishop of Hexen ne me convainc pas plus que ça...


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 13305