Gare aux éclaboussures car revoilà le trio batave maudit de BILE, pour un monstrueux premier album d’authentique « splatter grind » et ça n’est pas trop tôt lorsque l’on sait que « The Shred », leur premier mini cd qui fait d’ailleurs l’objet d’une réédition ces jours-ci, datait déjà de 2000.

Comme vous l’aurez probablement compris en remarquant l’artwork détourné de l’affiche du célèbre « Tueur du vendredi », deuxième chapitre de la série « Vendredi 13 », « Camp Blood » est en fait un concept album directement inspiré des aventures de l’invulnérable Jason Voorhees qui serait probablement le seul type encore debout après une attaque nucléaire. Ainsi, tous les « morceaux » de cette galette tournent autour des facéties du turbulent Jason, boucher à Cristal Lake, une petite commune qui doit avoir de gros problèmes touristiques depuis le début de la série.

« Camp Blood » s’inscrit dans la continuité de ce que le groupe avait déjà infligé à notre ouïe : un grind spongieux et abject, une musique approximative où les guitares sonnent comme autant de tronçonneuses, où le chant désincarné et pitché à mort évoque tour à tour, les grognements d’un razorback en rut ou le siphon d’une baignoire en train de se vider. Histoire de pimenter le démembrement des morceaux, BILE a ajouté d’inévitables samples tirés de splatter movies ; des extraits mettant en scène le génocide de quelques glapissantes pintades aux QI essentiellement mammaires.

Si beaucoup rapprochent la démarche de BILE de celle de MORTICIAN, cette comparaison n’est pas franchement justifiée vu que c’est un authentique batteur qui assure les rythmiques cahoteuses de « Camp blood » et que le trio hollandais ne s’encombre pas de solos de guitares franchement dispensables pour le genre.

Mais que serait ce remugle infâme sans ce son poisseux qui lui colle aux blasts ? Il apparaît clairement que les termes de production ou de mixage n’ont pas leur place dans cet univers exsangue de tous médiums ou aigus.

Plus que de la musique, BILE nous pond là une sorte de concept abject dans sa forme comme dans sa démarche. Il est évident que le côté gore d’un groupe est à prendre au troisième voire quatrième degrés et qu’il apparaît comme superflu de vous prévenir qu’il ne faut pas essayer ça à la maison. Ça serait très très vilain.

Bon, il va de soi que ce type de disque n’est à conseiller qu’à des amateurs très avertis. Z’imaginez un peu si un fans de Brett Michaels tombe là-dessus ? C’est un coup à se bousiller la permanente ça…


Rédigé par : Tonton | 14,5/20 | Nb de lectures : 12557