Possible, fort probable même que ce nom ne vous dise rien. Ce groupe britannique vit dans l'ombre des "grands" que sont Marillion, IQ, Pallas ou Pendragon, donc difficile de se faire une place surtout si on chasse sur les mêmes terres que ces glorieux aînés, à savoir le néo progressif. Pourtant, BBT a des atouts pour se faire apprécier d'un public large amateur de cette autre facette très décriée car jugée peu ambitieuse par d'autres fans de progressif dit "traditionnel". Le progressif traditionnel, comme c'est bien connu, se nourrit, si possible, de longues suites complexes, de rebondissements incessants, de l'utilisation d'instruments bizarres, le tout bâti sur un concept inspiré de mythologie ou de science fiction avec en prime, une logorrhée de textes abscons. Oui, sauf que, si on s'en tient uniquement à ces critères, on a vite fait de tourner en rond et de se faire renvoyer dans les cordes, non seulement par la presse, qui en général n'aime pas le progressif, ce style "ringard et prétentieux", mais aussi par les fans qui ont soif de fraîcheur. La presse, à la limite, on s'en fout, mais les fans, ce sont eux qui font bouillir la marmite d'un grand nombre de groupes de prog. Certains, les plus chanceux peuvent espérer survivre à leur musique. Quand on a pour objectif de vendre entre 500 et 1000 copies de son album, un bel exploit dans le style qui nous concerne, il faut du contenu, du solide voire de l'audace, mais là, on touche au miracle. Ceci pour dire que BBT est aux antipodes de ce monde élitiste, donc, pas concerné par tous ces stéréotypes. Un peu de simplicité ne peut nuire pour qu'un plus grand nombre accroche le wagon du prog quitte à aller ensuite vers plus de complexité. Gathering Speed est le quatrième album des anglais dans la lignée de Bard, le précédent .Il est clair que BBT ne va pas chambouler le monde merveilleux de la musique. Mais il a de quoi ravir quelques mélomanes avertis car il propose de belles mélodies et affiche même des velléités d'architecture "chiadée" sans être gonflante. Les voix et chœurs sont très bien arrangés et la production sans reproche. C'est un concept-album dont le thème est -si j'ai bien compris- l'histoire d'un aviateur de la seconde guerre mondiale dont l'avion se perd en ligne ennemie. Loin des dragons et des aliens donc. Bon, ne cherchez pas le disque de l'année ou même du mois; cependant si vous aimez le soft prog teinté de Genesis 1976 et tous les éléments dont je viens de parler, vous voilà en présence de l'album idéal pour passer un moment agréable. En tout cas, c'est comme ça que j'ai vécu l'écoute de ce disque: un bon moment. Par contre, si vous sentez que vos instincts tribaux ou vos pulsions de haine ne seront pas assouvis, passez votre chemin...


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 9089