BETWEEN THE BURIED AND ME - The Great Misdirect (Victory/Pias) - Selection VS du 26/11/2009 @ 08h04
Bien que souvent considérée comme une simple marchandise, un produit bassement mercantile, la musique est avant tout un art, le cinquième, et il est parfois bon de s’en souvenir. Heureusement que des groupes comme BETWEEN THE BURIED AND ME sont là pour venir nous le rappeler à grands coups d’albums plus indispensablement essentiels les uns que les autres. Mais mine de rien, après "Colors" leur "Master Of Puppets" à eux, et sa version live, les cinq gaillards se trouvent à un tournant crucial de leur carrière et c’est peu dire que le successeur de leur chef-d’œuvre était attendu tant chacun de leurs albums représentait un pas en avant qualitatif dans leur évolution musicale. Mais comment faire mieux quand on vient de livrer un chef-d’œuvre absolu ?
Laissons la question en suspens et venons-en au fait : "The Great Misdirect". D’abord pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, BTBAM officie dans un genre que je serais tenter d’appeler « Mathcore progressif » soit un mix entre Dillinger Escape Plan, Cynic, Ephel Duath, Radiohead, Joseph Arthur et Dream Theater. Mais même cette appellation n’englobe qu’une partie de la musique de groupe tant celui-ci s’est forgé un son et une identité forte au fil des ans, pour finalement suivre les sillons qu’il a lui-même tracés et qu’il est le seul à emprunter. La marque des plus grands. Et ils en sont, de la race des grands, des très grands même et "The Great Misdirect" en est une nouvelle preuve.
Fondamentalement, à la première écoute, rien n’a changé, les BTBAM reste fidèle à la recette qui avait fait le succès de "Colors", à savoir une musique complexe, riche et ambitieuse tout en restant aguicheuse et fondamentalement rock’n’roll. Toutefois si on se penche plus en profondeur sur l’album, une opération impérative pour en appréhender toutes ses subtilités, on remarquera que "The Great Misdirect" est à la fois plus brutal, et plus prog. Plus brutal car certaines parties tout en blasts et en cris gutturaux vont carrément braconner dans la scène death moderne la plus technique. La première moitié d’« Obfuscation » et la première minute de « Disease, Injury, Madness » devraient en calmer plus d’un. Plus prog’ car le seul morceau final est plus long que 80% des albums chroniqués par Cobra et plus sinueux qu’une route alpine. Le concept de l’album, la musique et les lyrics me semblent encore plus opaques que sur leurs précédents méfaits, ce qui tend aussi à basiquement les rapprocher du courant prog’. Tout ça sans parler de l’adoubement reçu de la bouche même de Mike Portnoy himself. Mais attention BTBAM n’est pas à proprement parler un groupe de prog’, ce n’est qu’une composante parmi des dizaines d’autres. La musique des gars de Caroline du Nord est à la fois virevoltante et légère comme un papillon une belle après-midi de printemps et teigneuse comme une vieille carne pouilleuse à qui on aurait jeté un os.
Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir cette facilité à mêler les styles sans se casser la gueule après quatre notes ou se perdre en chemin. Les BETWEEN peuvent être perçus comme les chats du hardcore : insaisissables et retombant inexorablement sur leurs pattes. Cette galette porte en son sein des éléments venus du metalcore, du death, du black (quelques effets de voix peuvent rappeler Attila Cshiar), du prog, du grind, du jazz, du hard rock (on y retrouve des soli hard voire même sleaze rock typiquement 80’s), de la folk, j’en passe et des meilleurs, le tout mixé avec une cohérence et une intelligence d’écriture confinant au génie. "The Great Misdirect", tout comme son glorieux prédécesseur, demande une implication quasi mystique de l’auditeur et son écoute peut vite s’avérer chronophage tant on ne veut pas en perdre une miette. Vous l’aurez compris, cet album demande plusieurs dizaines d’écoutes avant de dévoiler une partie de son potentiel et n’est en aucun cas une musique de fond qu’on passe pendant ses soirées PES.
Moins structuré et carré, "The Great Misdirect" s’impose comme le plus fou et le plus libre des albums du groupe. Plus complexe dans ses enchaînements et les chemins empruntés mais aussi, dans un certains sens, moins facile d’accès au premier abord que tout ce qui a été composé par le tandem Rogers/Waggoner. Car si le niveau et l’apport de chaque musicien est exceptionnel, c’est bien au binôme susmentionné que l’on doit une grande partie de l’évolution et de la qualité du son des BETWEEN. Les parties de guitares sont plus complexes et frivoles que jamais tandis que Rogers, chanteur au visage d’ange et à la voix démoniaque démontre une fois de plus qu’il est un vocaliste et frontman hors pair. Si fragile en voix claires, il fait montre d’un coffre insensé lors des parties brutales. Cet album est une nouvelle démonstration des facultés démentielles de son organes. Je tiens aussi à mettre en exergue le jeu des autres musiciens. Le jeu de basse de Dan Briggs, essentiel dans la bonne tenue de route des compos est d’une précision et d’une technicité exemplaire tout comme la frappe de Blake Richardson ou les rythmiques de Dustie Waring. Les trois hommes démontrent qu’il n’est pas de bons solistes sans une énorme section rythmique pour tenir la baraque derrière. Je rajouterai que la production de la chose est simplement parfaite.
Après les éloges et autres dithyrambes il est maintenant temps de passer aux défauts de la galette. Il y en a très peu, juste une petite impression de démonstration technique gratuite par moments. Un solo en trop par-ci, un break inutile par-là. Rien de grave certes mais une sensation qui n’était pas présente sur "Colors", qui était d’une limpidité minérale. Ici, lors de certains passages on sent que le groupe s’écoute parfois jouer mais comment leur en vouloir quand on fait preuve de tant d’aisance ? Deuxième petite chose, on notera une participation dispensable du chanteur de Nightbear qui n’apporte pas grand-chose au dantesque « Swim To The Moon ». C’est peu de choses en comparaison du niveau d’ensemble de la bête mais elles devaient être signalées. Réflexion faite le plus gros défaut de "The Great Misdirect" est simplement de venir après "Colors" et de lui être un poil inférieur tout en restant malgré tout plusieurs coudées au-dessus de 99% des albums sortis cette année. Je pourrais encore en parler des heures mais il faut aussi savoir s’arrêter et laisser les musiciens s’exprimer. Certains groupes sortent des albums, BETWEEN THE BURIED AND ME crée de la musique. S’il y a une chose à retenir de toute cette avalanche de mots, c’est bien celle-là.
Album fabuleux,mais trés déroutant au début.J'ai même eu peur qu'il soit complètement en dessous de Colors,mais après une dizaine d'écoutes,il y a de quoi etre rassuré. Meme la ballade de l'album (Desert of song) est magnifique, contrairement à l'horrible Wither sur le dernier DT.
Par contre il est clair pour moi que BTBAM est avant tout un groupe de prog',je vois pas comment on peut les définir autrement.
Barak Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 09h45 - (78025)
AU moins aussi bon que Colors, Obfuscation me met à l'envers à chaque écoute. Dans mon top 5 de l'année à n'en point douter!
seasonofmist Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 09h59 - (78026)
en tournée aux US avec Devin Townsend et Cynic, j'ai hate de voir ca!!!
très bon album
kurton IP:86.207.109.240 Invité
Posté le: 26/11/2009 à 10h12 - (78028)
une TUERIE!!!!
--Samy-- Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 10h14 - (78029)
Les Pink Floyd du "métal" !!! Le Wish you where here des année 2000 !
Rex kramer IP:92.131.168.16 Invité
Posté le: 26/11/2009 à 11h02 - (78032)
Les Pink Floyd du "métal".
Best insulte ever...pour Pink Floyd évidemment :O
Comme beaucoup, je pense que ce groupe est surcoté et démonstratif dans le vide.
noohmsul IP:194.199.63.35 Invité
Posté le: 26/11/2009 à 11h35 - (78037)
Bof...
@Rex kramer: +1, même si j'aime bien le précédent.
Joss Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 11h57 - (78041)
pour info le Wish you were here des années 2000 c'est le dernier Riverside !
Quand à BTBAM, à chaque disque j'essaye mais c'est au dessus de mes forces. Enfin là j'y ai trouvé de très bonnes choses tout de même, mais la voix hurlée est chiaaaaaante :-(
2nd Decapitation Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 19h30 - (78059)
Entièrement d'accord avec la chronique...sauf que je risque de préférer celui ci à Colors avec un peu plus d'écoutes au compteur!
Le coté plus brutal et prog n'y est pas pour rien car l'inspiration reste la même d'album en album.
Au passage, il y a quoi sur le DVD de l'édition collector?
Rainy IP:86.194.188.187 Invité
Posté le: 26/11/2009 à 20h17 - (78061)
La boite !!
Nephilim Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 20h57 - (78062)
Et un de plus a me mettre dans la hotte de noël
Album différent de colors, mais magestueux.
Quel talent ces zicos quand même
hainemijure IP:82.230.28.249 Invité
Posté le: 26/11/2009 à 20h57 - (78063)
C'est clair, un putain de bon album. Mon préféré.
Dark Poulpe Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 22h18 - (78065)
Probablement un de mes prochains achats !
NeKrobAt Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 23h13 - (78068)
Un melange de Theory In Practice (si si j'vous jure, y a beaucoup plans casi similaire et le style de chant est ressemblant, sauf que TIP a arreté la zic quand BTBAM enregistrait leur premier EP ^^), Opeth et de musique actuelle typé Deathcore, en gros rien d'original ! MAIS MAIS MAIS !!! c'est extremement bien foutu parce que melanger tout ce beau monde en quelque chose de très digeste faut y aller et pour moi le paris et largement réussis, les zicos sont enormes, bref l'album imparable dans son efficacité, mais pas le plus original du monde a mon sens, et j'men fous du moment que la zic est bonne !!
Moulinexxx Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 23h53 - (78070)
J'aime bien ce groupe, j'adore leurs plans progs et mélodiques, mais je trouve que les parties bourrines hurlées cassent un peu la magie. Enfin j'ai pas encore écouté en entier ce petit dernier.
Grosse claque au Hellfest 2008 par contre !
ElricRequiem Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 10h35 - (78093)
Je trouvais déjà que colors était un étal de technique sans beaucoup d'âme...
J'ai peur avant d'écouter celui-ci qui est selon la chro "plus prog, plus brutal, plus rock, plus technique, plus tout quoi"...
A écouter
pedroabsinthe Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 13h19 - (78108)
@ NeKrobAt : Tout à fait d'accord en ce qui concerne la ressemblance avec Theory In Practice, notamment au niveau du chant hurlé.
Sinon, musique globalement beaucoup trop kitsch pour moi, même si il y a de très bon passages.
Lmkt IP:137.205.222.240 Invité
Posté le: 27/11/2009 à 17h42 - (78124)
Album de l'année
TINTIN IP:90.41.149.115 Invité
Posté le: 27/11/2009 à 19h58 - (78131)
commandé, je bave d'impatience
Dut's IP:82.235.90.200 Invité
Posté le: 27/11/2009 à 20h46 - (78136)
ENOOOOOOORME TUERIIIIE !
Cet album me rends fou, ca fait des années que j'attendais une tuerie pareille.
Les mots me manquent pour dire à quel point il me fait jouir !
Globox666 Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 22h33 - (78138)
Vous m'intriguez là. Je vais aller écouter le myspace de ce pas.
Max le Nain Membre enregistré
Posté le: 28/11/2009 à 22h05 - (78161)
Cet album m'a juste sodomisé
Hysteron-Proteron Membre enregistré
Posté le: 29/11/2009 à 13h26 - (78173)
encore plus énorme que colors !
album apres album ils affinent lour style pour maintentant arriver à qq chose de vraiment abouti - Le coté brouillon des 2/3 1er albums est désormais gommé.
outrecuistre IP:86.68.192.77 Invité
Posté le: 30/11/2009 à 15h29 - (78219)
Le coté Anata n'a pas été cité encore.
jvice Membre enregistré
Posté le: 01/12/2009 à 11h04 - (78283)
Un grand album, puissant et fourmillant de détails. Par contre, ça me gonfle ces titres de 14min pour un album avec 6 titres... Je trouve qu'Alaska était bien mieux fichu comme album...
TINTIN IP:90.28.177.209 Invité
Posté le: 01/12/2009 à 17h46 - (78316)
reçu aujourd'hui.
une bombe magistrale.
ça faisait un bail que j'avais plus entendu un album de cette trempe ; depuis FMTS, Blackwater Park ou encore Chaosphere.
L'ALBUM DE L'ANNÉE
DeadButDreamin' IP:83.206.120.18 Invité
Posté le: 02/12/2009 à 18h03 - (78375)
@ TINTIN : FMTS ? de quel album parles-tu ?
TINTIN IP:90.36.75.43 Invité
Posté le: 02/12/2009 à 18h45 - (78377)
From Mars To Sirius
undertow Membre enregistré
Posté le: 03/12/2009 à 21h45 - (78412)
Tuerie!!
Candy Membre enregistré
Posté le: 05/12/2009 à 12h43 - (78498)
Franchement je ne pourrais pas dire si cet album est bien ou pas, tellement la kro de Seb m'a donné envie de d'abord savoir de qui on parlait.
Je me suis fait tous les précédents et c'est vraiment un groupe unique !
Bien ou pas bien - ou plutôt - on aime ou on aime pas... En tout cas rien que la complexité digeste de leurs compos mérite d'être gratifiée.
C'est vrai que de prime abord c'est très difficile de s'y mettre, surtout à partir de Colors, mais force est de constater que c'est fichtrement bien foutu !
Alaska et Colors sont désormais "obsolètes", mais c'est pour l'instant chez eux que j'aurais du poster mon com... C'est trop tôt pour celui-ci !
Mais cependant je voulais réagir sur diverses choses :
@ outrecuistre : je suis bien d'accord
@--Samy--, Rex kramer, Joss, etc... Je suis ultra fan des Floyds, et à première vue c'est pareil pour ce "jeune" groupe plein de bonnes idées, mais avant de le comparer à Wish You Were Here (en bien ou en mal d'ailleurs) je vous propose qu'on attende 35 ans pour juger !
Aller bisous à tous
jakin Membre enregistré
Posté le: 06/12/2009 à 16h27 - (78517)
Bon bah vu les commentaires je vais être OBLIGÉ de tester... ^^
dyingsylvanus Membre enregistré
Posté le: 07/12/2009 à 17h52 - (78559)
a ce que j'ai pu entendre sur leur MP les compos sont vraiments impressionnantes et leur interpretations impeccables.
Mais a trop donner dans la surenchére le groupe ne peut encore capter la reconnaissance qu'il merite j'ai l'impression.
Ajouté a ca un chant hurlé banale voir amateur (a voir en live tout de meme) et une prod un peu etouffé par rapport a d'autre groupe deathcore (qui a dit trig?).
Je reste sur ma faim bien que friand de ces groupes originaux alliant musique xtreme et prog. Dommage
Merde... IP:212.99.104.178 Invité
Posté le: 17/12/2009 à 16h18 - (78851)
C'est sur scène qu'on comprend le pourquoi du comment : ces mecs rejouent EXACTEMENT ce qu'il y a sur l'album, et là, je dis BRAVO ! C'est assez rare pour être souligné !
Lebrac Membre enregistré
Posté le: 22/12/2009 à 12h43 - (78989)
un chant hurlé banal voire amateur ???
j'ai eu du mal à m'y faire à son chant, tout comme pour Shuldiner ou Kidman, mais tout compte fait j'y adhère complètement.
Merde... a souligné LE truc important : les mecs jouent exactement ce qu'il y a dans leurs albums, à la même vitesse, et sans pain. ça laisse pantois.
contrairement à certains groupes...(mastodon et the dillinger escape plan qui savent pas poser un chant clair potable en live par exemple...).
ou dark fu qui semmêle les pinceaux toutes les minutes...
bref, pour en revenir à cet album : je le trouve énorme, plus aboutit que Colors. et le morceau final, Swim to the moon, bah il arrache tout. c'est jouissif du début à la fin, y a pas un riff innopportun.
un 18,5 amplement mérité.
Lebrac Membre enregistré
Posté le: 22/12/2009 à 12h49 - (78990)
* holà ! faute impardonnable : schuldiner avec un c c'est mieux.
Merde... IP:212.99.104.178 Invité
Posté le: 23/12/2009 à 13h54 - (79028)
@ Lebrac : excellent pseudo !!! Je devrais me renommer Gaston pour l'occaze...
Merde... IP:212.99.104.178 Invité
Posté le: 04/01/2010 à 15h04 - (79255)
Après 50 écoutes, toujours le même plaisir...
swervedriver Membre enregistré
Posté le: 24/02/2010 à 22h30 - (81137)
J'aime beaucoup le titre "Mirrors"
Musspelheim Membre enregistré
Posté le: 20/03/2010 à 04h53 - (81912)
Excellent album tant techniquement que mélodiquement!
Musspelheim Membre enregistré
Posté le: 20/03/2010 à 04h53 - (81913)
Excellent album tant techniquement que mélodiquement!
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Fondamentalement, à la première écoute, rien n’a changé, les BTBAM reste fidèle à la recette qui avait fait le succès de "Colors", à savoir une musique complexe, riche et ambitieuse tout en restant aguicheuse et fondamentalement rock’n’roll. Toutefois si on se penche plus en profondeur sur l’album, une opération impérative pour en appréhender toutes ses subtilités, on remarquera que "The Great Misdirect" est à la fois plus brutal, et plus prog. Plus brutal car certaines parties tout en blasts et en cris gutturaux vont carrément braconner dans la scène death moderne la plus technique. La première moitié d’« Obfuscation » et la première minute de « Disease, Injury, Madness » devraient en calmer plus d’un. Plus prog’ car le seul morceau final est plus long que 80% des albums chroniqués par Cobra et plus sinueux qu’une route alpine. Le concept de l’album, la musique et les lyrics me semblent encore plus opaques que sur leurs précédents méfaits, ce qui tend aussi à basiquement les rapprocher du courant prog’. Tout ça sans parler de l’adoubement reçu de la bouche même de Mike Portnoy himself. Mais attention BTBAM n’est pas à proprement parler un groupe de prog’, ce n’est qu’une composante parmi des dizaines d’autres. La musique des gars de Caroline du Nord est à la fois virevoltante et légère comme un papillon une belle après-midi de printemps et teigneuse comme une vieille carne pouilleuse à qui on aurait jeté un os.
Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir cette facilité à mêler les styles sans se casser la gueule après quatre notes ou se perdre en chemin. Les BETWEEN peuvent être perçus comme les chats du hardcore : insaisissables et retombant inexorablement sur leurs pattes. Cette galette porte en son sein des éléments venus du metalcore, du death, du black (quelques effets de voix peuvent rappeler Attila Cshiar), du prog, du grind, du jazz, du hard rock (on y retrouve des soli hard voire même sleaze rock typiquement 80’s), de la folk, j’en passe et des meilleurs, le tout mixé avec une cohérence et une intelligence d’écriture confinant au génie. "The Great Misdirect", tout comme son glorieux prédécesseur, demande une implication quasi mystique de l’auditeur et son écoute peut vite s’avérer chronophage tant on ne veut pas en perdre une miette. Vous l’aurez compris, cet album demande plusieurs dizaines d’écoutes avant de dévoiler une partie de son potentiel et n’est en aucun cas une musique de fond qu’on passe pendant ses soirées PES.
Moins structuré et carré, "The Great Misdirect" s’impose comme le plus fou et le plus libre des albums du groupe. Plus complexe dans ses enchaînements et les chemins empruntés mais aussi, dans un certains sens, moins facile d’accès au premier abord que tout ce qui a été composé par le tandem Rogers/Waggoner. Car si le niveau et l’apport de chaque musicien est exceptionnel, c’est bien au binôme susmentionné que l’on doit une grande partie de l’évolution et de la qualité du son des BETWEEN. Les parties de guitares sont plus complexes et frivoles que jamais tandis que Rogers, chanteur au visage d’ange et à la voix démoniaque démontre une fois de plus qu’il est un vocaliste et frontman hors pair. Si fragile en voix claires, il fait montre d’un coffre insensé lors des parties brutales. Cet album est une nouvelle démonstration des facultés démentielles de son organes. Je tiens aussi à mettre en exergue le jeu des autres musiciens. Le jeu de basse de Dan Briggs, essentiel dans la bonne tenue de route des compos est d’une précision et d’une technicité exemplaire tout comme la frappe de Blake Richardson ou les rythmiques de Dustie Waring. Les trois hommes démontrent qu’il n’est pas de bons solistes sans une énorme section rythmique pour tenir la baraque derrière. Je rajouterai que la production de la chose est simplement parfaite.
Après les éloges et autres dithyrambes il est maintenant temps de passer aux défauts de la galette. Il y en a très peu, juste une petite impression de démonstration technique gratuite par moments. Un solo en trop par-ci, un break inutile par-là. Rien de grave certes mais une sensation qui n’était pas présente sur "Colors", qui était d’une limpidité minérale. Ici, lors de certains passages on sent que le groupe s’écoute parfois jouer mais comment leur en vouloir quand on fait preuve de tant d’aisance ? Deuxième petite chose, on notera une participation dispensable du chanteur de Nightbear qui n’apporte pas grand-chose au dantesque « Swim To The Moon ». C’est peu de choses en comparaison du niveau d’ensemble de la bête mais elles devaient être signalées. Réflexion faite le plus gros défaut de "The Great Misdirect" est simplement de venir après "Colors" et de lui être un poil inférieur tout en restant malgré tout plusieurs coudées au-dessus de 99% des albums sortis cette année. Je pourrais encore en parler des heures mais il faut aussi savoir s’arrêter et laisser les musiciens s’exprimer. Certains groupes sortent des albums, BETWEEN THE BURIED AND ME crée de la musique. S’il y a une chose à retenir de toute cette avalanche de mots, c’est bien celle-là.
Rédigé par : Seb On Fire | 18,5/20 | Nb de lectures : 14576