BETWEEN THE BURIED AND ME - Parallax II : The Future Sequence (Metal Blade) - 29/10/2012 @ 08h43
Une petite année après l’E.P "Parallax", BTBAM revient avec l’album narrant la suite de l’histoire : « Parallax II : Future Sequence. » Dans le milieu du cinéma, toute bonne suite qui se respecte se doit d’être better, bigger and louder. Celle-ci est définitivement bigger and louder. Pour ce qui est du better, ça ce discute. Seul le temps et des centaines d’écoutes pourront apporter une réponse définitive. BTBAM fait sauter le chrono avec une durée de soixante-quatorze minutes pour douze morceaux, dont certains dépassent le quart d’heure. Vous comprendrez aisément qu’on n’appréhende pas cet album comme un disque de beatdown allemand. Ici, on doit l’ingérer, le goûter, le garder en bouche, le faire tourner dans le palais, décortiquer les goûts, les saveurs, tâter l’assaisonnement, l’avaler, le digérer et enfin, plus tard, vérifier que l’évacuation se passe sans dommage. Au premier abord, on se dit qu’on ne devrait pas être déçu ni trop surpris car, comme à son habitude, le groupe continue de nous gratifier d’une bien vilaine pochette (quoique moins que d'habitude, la version digibook est un bien bel objet). Niveau graphisme le groupe évolue dans la continuité. Ensuite, si on se penche un peu plus sur la bête, on salue le retour de leur producteur de toujours Jamie King, qui reprend son fauteuil tenu au chaud par David Botrill le temps du précédent EP. King sait parfaitement faire sonner le groupe mais Botrill était parvenu à leur offrir un son plus sale, plus noir et moins lisse. Cette fois, on retourne au fondamentaux : son clair, net, précis.
"Parallax II" est un concept album faisant suite au précédent concept EP et poursuit cette histoire de science fiction, trop alambiquée pour que je vous la résume ici, imaginée lors de la parution de "Parallax" premier du nom. Dès la première écoute on constate que le groupe a fait sauter toutes les barrières de sa musique, après cette première heure quinze on se retrouve dans la peau d’un singe découvrant, sur son territoire, un étrange monolithe noir. Circonspection et incompréhension sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit. De prime abord, on ne sait que faire de cette pièce. Impossible de la prendre en main, de l’ouvrir. L’objet ne laisse aucun indice sur sa finalité, son fonctionnement et son but. "Parallax II", 2001 l’Odyssée de la Musique ? Oui et non. Non parce que quarante ans après sa création le film reste encore une référence cinématographique inégalée et inégalable. Oui car de par ses thèmes, sa complexité et sa densité, cet album renferme lui aussi bien des interprétations. La musique de BTBAM est plus opaque que jamais, plus touffue, plus dense. L’album peut aisément s’appréhender comme un seul et même très long morceaux découpé en séquence tellement la logique et l’homogénéité saute aux oreilles. "Parallax II" semble être construit comme la bande originale d’un film qui n’existe pas. Partagé entre de très longs morceaux, quatre pièces durent entre dix et quinze minutes, entrecoupés de plages beaucoup plus courtes faisant le lien entre ces moments de bravoure musicaux. A l’intérieur de ses morceaux, via les lyrics, on trouve aussi plusieurs séquences différentes, plusieurs protagonistes et plusieurs points de vue au sein d’un seul et même titre. Bref un album aussi touffu et foisonnant qu’une jungle amazonienne. Pensez à vous munir d’une machette pour pouvoir avancer et débroussailler tout ça.
Ce qui est certain c’est qu’après plusieurs albums à la qualité exceptionnelle, le groupe se place comme le leader de la scène progcore/progmetal et la source de son inspiration semble loin d’être tarie. Techniquement et littérairement ai-je envie de dire, le groupe reste au top de sa maîtrise. Dès les premiers morceaux on sent que les musiciens se sont encore bonifiés et sont allés plus loin dans la complexité musicale, technique et rythmique. Ça breake, ça contre-breake, ça change de tempo et de rythme. Temps, contre-temps, ponts, rythmes syncopés, riffs de guitares ultra techniques. Tout est là est bien plus encore. Le groupe pousse le bouchon loin. Trop loin peut-être, tombant parfois dans la démonstration gratuite et presque autiste. La musique est faite pour être partagée, ici cela ne semble pas toujours être le cas. On sait que vous maîtrisez tous votre instrument à la perfection. On sait que Blake Richardson est le meilleur batteur de sa génération, il offre ici un travail d’une qualité vraiment exceptionelle, et que Paul Waggoner est capable de torcher des riffs que la plupart des autres ne peuvent même pas imaginer, cette partie de guitare aux sonorités moyenne-orientales sur « Extremophile Elite » ou ce riff typiquement surf music sur « Bloom » par exemple. « Bloom » qui est d’ailleurs le titre le plus étrange de l’album avec cette drôle de gamme offrant au morceau une tonalité vraiment particulière. Au fil des écoutes, une bonne vingtaine, on finit par découvrir des anfractuosités auxquelles s’accrocher, une ligne de chant clair nous offre une porte d’entrée, c’est souvent via ce biais qu’on entre dans un morceau. On retient un refrain, on se la cale dans un coin de la tête et on pénètre le morceau tout entier via ce biais. Les clés de "Parallax II" sont détenues par Tommy Rogers, grand architecte de la chose. Une fois à l’intérieur de chaque titre on peut parvenir à comprendre le puzzle, les rouages composant le mécanisme de chaque morceau, le decortiquer, se l'approprier et enfin parvenir à vraiment l'aimer individuellement. BTBAM fait dans l’orfèvrerie musicale, la mécanique de précision. Malgré une très grande opacité, la bande des cinq donne malgré tout l’impression de toujours savoir où elle va, ne naviguant jamais à vue en faisant du n’importe quoi pour faire style. Non, non pas de ça ici, leur vision est claire et précise.
BTBAM multiplie les prises de risques en multipliant par deux ce qu’ils ont toujours fait jusqu’ici. Les arrangements sont plus nombreux, plus variés, on trouve des traces de violon, de saxo, de clarinette au détour d’un plan, d’un morceau. Les soli sont plus nombreux, plus disséminés entre les morceaux, beaucoup plus orientés rock 70’s que par la passé. L’alternance entre violence et calme est plus poussée elle aussi, passant sans coup férir d’un metalcore furieux à une mélopée prog rock ou des ambiances futuristes
. Rogers module plus sa voix, la travaillant comme un instrument de musique à part entière, jouant avec ses cordes vocales et quelques effets suivant l’histoire qu’il veut nous raconter. Tout ici, est mis au service de concept, de l’histoire racontée par l’album. Je me dois d’ailleurs de signaler de travail phénoménal de Dan Briggs qui, basse en main indique le cap et donne le rythme. Pour résumer on pourrait simplement dire que "Parallax II" contient dans son heure et quart de musique toute la discographie du groupe. On retrouve les longues pièces de « Colors » ou « The Great Misdirect », dont « Silent Flight Parliament » partage beaucoup de similitudes dans la construction et l’enchaînement des séquences avec "White Wall". Les effets de voix et la technicité de « Parallax », les courtes plages respiratoire de « Alaska ». A moins de sombrer dans la musique conceptuelle et dans la pure abstraction, je ne vois pas comment le groupe pourrait pousser plus loin dans cette voie. Musicalement, on est face à une version upgradée, bigger, stronger et louder de leurs deux précédents albums. Mais comme souvent, dans les suites, il manque la fraîcheur et l’émotion des premières fois. C’est le cas ici. Obnubilés et enfermés par leur concept, ils en oublient parfois que la musique sert avant tout à véhiculer et partager des émotions. Ici, il manque le groove, le truc qui faisait que malgré la technicité et la complexité de leur musique, on parvenait à rentrer dedns assez facilement. Les riffs et les mélodies étaient présentes avec cette petite dose d'immédiateté presque pop qui les rendait accessible à la première écoute, ne se dévoilant qu'avec le temps. Cette fois c'est l'effet inverse. Mais c'est un album qui demande énormément de temps, de patience et d'abnégation avant de se dévoiler entièrement. Peut-être que dans plusieurs mois cette émotion me sautera à la gueule tel un facehugger alien. Ou peut-être pas. Aujourd'hui , même si techniquement supérieur, il me manque cette étincelle que pour vraiment placer "Parallax II - Future Sequence" au même rang qu'un "Colors" ou un "The Great Misdirect".
Définitivement l’album le plus abouti techniquement et conceptuellement de la part d’un groupe qui, paradoxalement pèche par excès, à force de vouloir trop en faire, ils oublient parfois que la musique sert avant tout à véhiculer des émotions. Il est, c’est vrai, des défauts pires qu’un excès de générosité.
" la musique sert avant tout à véhiculer et partager des émotions".
Affirmation complètement péremptoire. Superstition romantique. Un grand nombre de chef d'oeuvres de la musique n'ont absolument pas cet objectif, mais au contraire celui de constituer un travail d'ornementation, sans volonté autre que de créer du Beau, ou une forme inédite et fascinante - et surtout pas avec le dessein de dévoiler ou provoquer des affects. Pour ça, d'ailleurs, il suffit de jouer un intervale d'un demi ton sur un piano.
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 29/10/2012 à 14h08 - (104409)
L'art sert avant tout à faire ressentir une émotion quelle qu'elle soit (beauté, dégout, malsain, joie, divertissement, etc...) à celui qui en est spectateur, Will, que tu le veuilles ou non.
Sinon, cet album, sans moi, je trouve tout ça un peu trop hermétique et confus
Seb On Fire Membre enregistré
Posté le: 29/10/2012 à 16h16 - (104411)
Le Beau (terme plein de subjectivité d'ailleurs) si ce n'est une émotion qu'est ce que c'est?
patdeath IP:86.218.214.48 Invité
Posté le: 29/10/2012 à 18h52 - (104414)
Une tuerie encore! Il est vrai qu'il nécessite plusieurs écoutes comme à chaque fois d'ailleurs mais quel plaisir de devoir écouter plusieurs fois un album pour en saisir toutes les subtilités et ses couleurs. Le morceau Lay your ghost to rest est grandiose!!!
Rimbe IP:82.216.39.210 Invité
Posté le: 29/10/2012 à 19h55 - (104415)
"BTBAM fait dans l'orfèvrerie musicale" c'est parfaitement résumé Seb.
C'est exactement ce que l'on ressent à l'écoute de ce groupe exceptionnel.
Rimbe IP:82.216.39.210 Invité
Posté le: 29/10/2012 à 20h25 - (104416)
"BTBAM fait dans l'orfèvrerie musicale" c'est parfaitement résumé Seb.
C'est exactement ce que l'on ressent à l'écoute de ce groupe exceptionnel.
Will IP:90.41.197.13 Invité
Posté le: 30/10/2012 à 09h50 - (104420)
On ne va pas débattre, mais le Beau n'est pas forcément une émotion, c'est aussi le fruit d'un jugement, c'est à dire d'une catégorie de l'entendement qui échappe à la subjectivité (et qui peut, par exemple, être le fruit d'un rapport de proportions, d'où l'utilisation en architecture du fameux nombre d'or, qui n'est pas une donnée subjective, bref...).
@ Youpimatin : il ne suffit pas de répéter ce que le copain a dit, sans argumenter, pour avoir raison.
Seb On Fire Membre enregistré
Posté le: 30/10/2012 à 10h25 - (104421)
On ne va pas débattre mais pour moi jugement et subjectivité vont de paire. Un jugement est toujours subjectif ou en tout cas soumis a une forte dose de subjectivité. Donc en partant chacun avec un postulat de base différent, effectivement on ne risque pas de s'entendre.
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 30/10/2012 à 12h05 - (104426)
Je suis fan Will, change rien !
Seb on Fire a tout dit.
Faut sacrément être culotté ou sectaire pour penser qu'un jugement peut échapper à la subjectivité, surtout dans le contexte de l'Art !!
Maxgrind IP:77.205.16.229 Invité
Posté le: 30/10/2012 à 14h57 - (104432)
Ha merde, j'avais énormément accroché à l'EP Parallax mais là, faut dire que c'est raté. Je rejoins Seb. Là, j'ai pas eu le ptit truc qui fait que, la fibre émotionnelle, le groove.
Bref, c'est carré et toussa mais c'est surtout un peu trop prétentieux...
William IP:92.151.57.120 Invité
Posté le: 30/10/2012 à 19h56 - (104438)
Et bien j'adore et je valide carrément cet album, concert demain en plus avec Periphery, ça va être encore très bon je sens!
Serviet IP:78.237.178.84 Invité
Posté le: 31/10/2012 à 20h24 - (104446)
Excellente chronique dont je partage pas mal de points de vue. Pareil, au début on est assez déconcerté, on arrive un trouver une ligne de chant ou un riff et on peut dompter le truc.
Effectivement Dan Briggs est juste énorme (en créativité surtout) de bout en bout. Et pareil, je trouve un côté too-much au début, mais par la suite, je trouve ça juste énorme
alex666i Membre enregistré
Posté le: 04/11/2012 à 22h51 - (104468)
que du bonheur cet album!!
Joss Membre enregistré
Posté le: 07/11/2012 à 00h14 - (104481)
J'ai acheté ce disque suite à la chro, alors que je n'avais jamais pris le temps d'écouter les autres. J'aime beaucoup mais l'idée d'écouter ce disque d'une traite m'effraie assez pour le moment. En fait je me focalise pour le moment sur les premiers morceaux afin de bien décortiquer tout ça car c'est dense !
BigBen X Membre enregistré
Posté le: 12/11/2012 à 11h58 - (104574)
Bon ça y est j'ai eu le temps de digérer le bordel et bah après une bonne dizaine d'écoute je le trouve génial !
DeathCrumble Membre enregistré
Posté le: 13/11/2012 à 14h45 - (104593)
La meme, un mois que je l'ai recu, et je le trouve fantastique. Au debut on a une impression de surtechnicité, et il faut en effet plusieurs pour s'approprier l'album et reconnaitre un passage. Mais maintenant, wow, c'est juste énorme ce qu'ils on faits quoi. Et franchement moi de l'émotion, jtrouve qu'il y en a ! Etant batteur, juste pour le jeu de Blake ca vaut le coup. Ce mec est juste un génie ! Et les autres musiciens sont au meme niveau. Il est différent de leur précédents albums, jtrouve qu'il a une atmosphere bien a lui.
Bref, super album d'un des meilleurs groupes de la décennie. Dans mon top 5 de l'année, et d'ailleurs surement premier, en duel avec le Cattle Decapitation !
flab IP:57.86.133.98 Invité
Posté le: 28/11/2012 à 09h40 - (104898)
un bijou qui se hisse sans pb à la hauteur de Colors que je pensais naïvement indétronnable
les 1ères écoutes sont effectivement compliquées mais tout s'éclaircie assez rapidement
pour ma par il n'y a pas de surtechnicité, c'est technique mais pas démonstratif donc très digeste
Ce groupe est simplement fabuleux et le concert à Paris était magique (mais scandaleusement trop court !)
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"Parallax II" est un concept album faisant suite au précédent concept EP et poursuit cette histoire de science fiction, trop alambiquée pour que je vous la résume ici, imaginée lors de la parution de "Parallax" premier du nom. Dès la première écoute on constate que le groupe a fait sauter toutes les barrières de sa musique, après cette première heure quinze on se retrouve dans la peau d’un singe découvrant, sur son territoire, un étrange monolithe noir. Circonspection et incompréhension sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit. De prime abord, on ne sait que faire de cette pièce. Impossible de la prendre en main, de l’ouvrir. L’objet ne laisse aucun indice sur sa finalité, son fonctionnement et son but. "Parallax II", 2001 l’Odyssée de la Musique ? Oui et non. Non parce que quarante ans après sa création le film reste encore une référence cinématographique inégalée et inégalable. Oui car de par ses thèmes, sa complexité et sa densité, cet album renferme lui aussi bien des interprétations. La musique de BTBAM est plus opaque que jamais, plus touffue, plus dense. L’album peut aisément s’appréhender comme un seul et même très long morceaux découpé en séquence tellement la logique et l’homogénéité saute aux oreilles. "Parallax II" semble être construit comme la bande originale d’un film qui n’existe pas. Partagé entre de très longs morceaux, quatre pièces durent entre dix et quinze minutes, entrecoupés de plages beaucoup plus courtes faisant le lien entre ces moments de bravoure musicaux. A l’intérieur de ses morceaux, via les lyrics, on trouve aussi plusieurs séquences différentes, plusieurs protagonistes et plusieurs points de vue au sein d’un seul et même titre. Bref un album aussi touffu et foisonnant qu’une jungle amazonienne. Pensez à vous munir d’une machette pour pouvoir avancer et débroussailler tout ça.
Ce qui est certain c’est qu’après plusieurs albums à la qualité exceptionnelle, le groupe se place comme le leader de la scène progcore/progmetal et la source de son inspiration semble loin d’être tarie. Techniquement et littérairement ai-je envie de dire, le groupe reste au top de sa maîtrise. Dès les premiers morceaux on sent que les musiciens se sont encore bonifiés et sont allés plus loin dans la complexité musicale, technique et rythmique. Ça breake, ça contre-breake, ça change de tempo et de rythme. Temps, contre-temps, ponts, rythmes syncopés, riffs de guitares ultra techniques. Tout est là est bien plus encore. Le groupe pousse le bouchon loin. Trop loin peut-être, tombant parfois dans la démonstration gratuite et presque autiste. La musique est faite pour être partagée, ici cela ne semble pas toujours être le cas. On sait que vous maîtrisez tous votre instrument à la perfection. On sait que Blake Richardson est le meilleur batteur de sa génération, il offre ici un travail d’une qualité vraiment exceptionelle, et que Paul Waggoner est capable de torcher des riffs que la plupart des autres ne peuvent même pas imaginer, cette partie de guitare aux sonorités moyenne-orientales sur « Extremophile Elite » ou ce riff typiquement surf music sur « Bloom » par exemple. « Bloom » qui est d’ailleurs le titre le plus étrange de l’album avec cette drôle de gamme offrant au morceau une tonalité vraiment particulière. Au fil des écoutes, une bonne vingtaine, on finit par découvrir des anfractuosités auxquelles s’accrocher, une ligne de chant clair nous offre une porte d’entrée, c’est souvent via ce biais qu’on entre dans un morceau. On retient un refrain, on se la cale dans un coin de la tête et on pénètre le morceau tout entier via ce biais. Les clés de "Parallax II" sont détenues par Tommy Rogers, grand architecte de la chose. Une fois à l’intérieur de chaque titre on peut parvenir à comprendre le puzzle, les rouages composant le mécanisme de chaque morceau, le decortiquer, se l'approprier et enfin parvenir à vraiment l'aimer individuellement. BTBAM fait dans l’orfèvrerie musicale, la mécanique de précision. Malgré une très grande opacité, la bande des cinq donne malgré tout l’impression de toujours savoir où elle va, ne naviguant jamais à vue en faisant du n’importe quoi pour faire style. Non, non pas de ça ici, leur vision est claire et précise.
BTBAM multiplie les prises de risques en multipliant par deux ce qu’ils ont toujours fait jusqu’ici. Les arrangements sont plus nombreux, plus variés, on trouve des traces de violon, de saxo, de clarinette au détour d’un plan, d’un morceau. Les soli sont plus nombreux, plus disséminés entre les morceaux, beaucoup plus orientés rock 70’s que par la passé. L’alternance entre violence et calme est plus poussée elle aussi, passant sans coup férir d’un metalcore furieux à une mélopée prog rock ou des ambiances futuristes
. Rogers module plus sa voix, la travaillant comme un instrument de musique à part entière, jouant avec ses cordes vocales et quelques effets suivant l’histoire qu’il veut nous raconter. Tout ici, est mis au service de concept, de l’histoire racontée par l’album. Je me dois d’ailleurs de signaler de travail phénoménal de Dan Briggs qui, basse en main indique le cap et donne le rythme. Pour résumer on pourrait simplement dire que "Parallax II" contient dans son heure et quart de musique toute la discographie du groupe. On retrouve les longues pièces de « Colors » ou « The Great Misdirect », dont « Silent Flight Parliament » partage beaucoup de similitudes dans la construction et l’enchaînement des séquences avec "White Wall". Les effets de voix et la technicité de « Parallax », les courtes plages respiratoire de « Alaska ». A moins de sombrer dans la musique conceptuelle et dans la pure abstraction, je ne vois pas comment le groupe pourrait pousser plus loin dans cette voie. Musicalement, on est face à une version upgradée, bigger, stronger et louder de leurs deux précédents albums. Mais comme souvent, dans les suites, il manque la fraîcheur et l’émotion des premières fois. C’est le cas ici. Obnubilés et enfermés par leur concept, ils en oublient parfois que la musique sert avant tout à véhiculer et partager des émotions. Ici, il manque le groove, le truc qui faisait que malgré la technicité et la complexité de leur musique, on parvenait à rentrer dedns assez facilement. Les riffs et les mélodies étaient présentes avec cette petite dose d'immédiateté presque pop qui les rendait accessible à la première écoute, ne se dévoilant qu'avec le temps. Cette fois c'est l'effet inverse. Mais c'est un album qui demande énormément de temps, de patience et d'abnégation avant de se dévoiler entièrement. Peut-être que dans plusieurs mois cette émotion me sautera à la gueule tel un facehugger alien. Ou peut-être pas. Aujourd'hui , même si techniquement supérieur, il me manque cette étincelle que pour vraiment placer "Parallax II - Future Sequence" au même rang qu'un "Colors" ou un "The Great Misdirect".
Définitivement l’album le plus abouti techniquement et conceptuellement de la part d’un groupe qui, paradoxalement pèche par excès, à force de vouloir trop en faire, ils oublient parfois que la musique sert avant tout à véhiculer des émotions. Il est, c’est vrai, des défauts pires qu’un excès de générosité.
Rédigé par : Seb On Fire | 16.5/20 | Nb de lectures : 15074