On ne présente plus Bethlehem, groupe formé au début des années 90, et auteur de chefs-d’œuvre « dark metal » tels que "Dark Metal" (tiens, justement), "Dictius Te Necare" ou le fantastique "S.U.I.Z.I.D." avant de s’égarer quelque peu avec les sorties suivantes. Bethelhem est également connu pour avoir un line-up assez délétère, changeant régulièrement de line-up, Jürgen Bartsch tenant la maison allemande depuis le début du groupe. Depuis 2001, le line-up est à peu près stable, à l’exception du poste de chanteur. Heureusement (??) depuis 2009, Niklas Kvaforth, le leader mort-vivant de Shining tient le micro. Après avoir massacré le classique "S.U.I.Z.I.D.", sur l’album "A Sacrificial Offering to the Kingdom of Heaven in a Cracked Dog's Ear", voici le premier effort réellement nouveau pour le groupe, "Stönkfitzchen".

Dire que cet EP était attendu aux tournants par les fans des Teutons est un euphémisme, puisqu’il annonce un probable prochain album. On se retrouve avec du Bethlehem relativement classique au niveau de la musique. Les morceaux nous transportent au milieu des années 90, avec ce savant mélange de black, de doom et de piano. Selon les morceaux, on trouve des trémolos typiques du BM, comme on trouve des riffs que même Saint Vitus n’aurait pas reniés. Les morceaux sont assez variés, au niveau des riffs, mais également du tempo. Si globalement le pou-tac mid-tempo a la part belle dans les morceaux, le batteur s’autorise quelques incursions bien rapides. Et au milieu de tout ça, Kvaforth fait sa diva. Le chanteur de Shining (et de 25 autres groupes où il faut le même chant) en fait des caisses. Si par moments son chant est bien malsain et sombre, collant parfaitement à la musique, à d’autres moments, il en devient complètement insupportable (rien que le titre "Yesterday I Already Died Today" en est l’illustration parfaite). Au moins fait-il l’effort de chanter sur certains titres en allemand, renouant avec la tradition du groupe. Alors c’est vrai que le bonhomme a une palette vocale assez variée, allant de la plainte aux grognements death, en passant par des vocalises gutturales ou un chant black, mais on a plus l’impression d’un délire d’un mec qui a un peu trop forcé sur le Jack, plutôt que de parties de chant clairement pensées.

En résulte 31 minutes et 6 morceaux clairement en demi-teinte. Entre la partie instrumentale qui fait du vieux Bethlehem, sans grande inspiration, mais en respectant ses codes, et l’autre guignol qui se caricature au chant, "Stönkfitzchen" est une transition un peu inquiétante. Les ayatollahs de Kvaforth crieront au génie, mais je doute que les fans de Bethlehem accrochent réellement à ce nouvel essai. Heureusement, ce n’est qu’un EP, et c’est sur album qu’on jugera réellement le potentiel de ce nouveau line-up. Mais pour l’instant, j’appréhende la suite.


Rédigé par : Skay | 04/10 | Nb de lectures : 13934