Bergraven nous vient tout droit du pays d'Ikea : la Suède. Outre son mobilier design et ses prix compétitifs défiant toute concurrence (et ma prime pour cette publicité gratuite), la Suède a accouché de quelques références du paysage black, principalement mélodique. Bergraven est un nouveau venu sur la scène. Sa première démo date à peine de 2002. En attendant de jeter une oreille sur la démo 2005 "I skuggan av dimman..", laissons nous bercer quelques instants par l'album paru en décembre 2004, le dénommé "Fördärv".

Alors, je passe sur la courte intro au Bontempi pouet-pouet. Quand vous écouterez ce disque pour la première fois, j'espère que vous n'oserez pas le juger sur ces quelques instants d'égarement, probablement censés nous happer dans les forêts du grand nord. La suite est de bien meilleure augure. Bergraven nous propose un black ambiancé et mélodique, matiné de riffs rock et de blasts à l'ancienne. Point d'ultra-brutalité ici mais la recherche d'éléments qui mettent en place une atmosphère comme on les aime. L'alternance entre passages calmes et groovy et pétage de cinquième est une réussite.

Autant le dire, cet album me fait furieusement disserter sur la voie qu'aurait pu emprunter SATYRICON après "Nemesis Divina". Si la bande à Satyr ne s'était pas orientée vers un black plus clinique et froid avec "Rebel Extravaganza", elle aurait probablement opté pour ce compromis entre évolution du style et respect des traditions sonores. En tout cas, les structures de Bergraven respectent bien les jalons posés par les fougueux norvégiens : riffs torturés où il manque des temps, gammes dissonantes composant des mélodies tout aussi barrées, exploitation des riffs sur de longs passages... La référence à SATYRICON saute de plus en plus à l'oreille au fil des écoutes, partioculièrement dans le traitement des riffs. Cet album fait un lien naturel entre le rock "Volcano" et le traditionnel "Nemesis Divina". Certes, depuis ce dernier, de l'eau a coulé sous les ponts et nos oreilles ont l'habitude de ce genre de sonorités. Mais la recette reste efficace quand elle est bien exploitée et les compositions de Bergraven sont toujours bien foutues.

Le son est impeccablement black, diablement efficace et d'une clarté limpide pour nos oreilles habituées à des horreurs sans nom. Les guitares, plutôt orientées dans les aigus en saturation, laissent sonner des arpèges mélodieux dans les passages en son clair. La basse ronfle à souhait (raaah, le début d'"Autofagia"). La batterie n'est pas en reste et parachève l'exécution impeccable de titres toujours intéressants. Plus qu'à coucher des grognements black là-dessus et c'est emballé. Sincèrement, que du bonheur et maîtrisé de bout en bout...

Allez zou, tout le monde va m'acheter cette galette. Ca fera plaisir au sieur Bergraven et ça l'encouragera à sortir de bons albums comme celui-ci.


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 11773