L'histoire des BEREAVED, originaires du Japon, est intimement liée à la France : une première démo enregistrée avec le batteur de leurs compatriotes RITUAL CARNAGE, signés chez Osmose, qui leur permet d'être mis en avant en 2001 par Metallian, puis signature chez les Bretons de Deadsun pour la réédition de leur premier album et la sortie de celui qui nous intéresse, « The Cries Of The Penitent ». Que ceux qui ne supportent pas le Visual Kei se rassurent, BEREAVED est on ne peut plus conventionnel : pas de cheveux bleus ou de platform boots, les membres du groupe sont plus orientés treillis, jean/veste X-Or style ou chemisette bien repassée et pour ce qui est de la musique proposée, c'est en Europe qu'on en trouve les racines.

CHILDREN OF BODOM, IRON MAIDEN, DISSECTION par moments, inévitablement, une base Thrash sur laquelle se greffent de nombreux éléments Death ou parfois Black, toujours dans un registre très mélodique même dans les moments les plus brutaux, voilà ce qui vous attend si vous vous laissez tenter par BEREAVED. Comme souvent quand certaines influences sont très présentes, d'autant plus quand elles sont aussi populaires que celles des Japonais, on perd en identité propre ce qu'on gagne en accessibilité et en efficacité. Pour être plus clair, les morceaux déboîtent, sont très accrocheurs, rappellent le CoB de l'époque « Follow The Reaper » enrichi de solos et de duels de guitare rappelant ceux de la Vierge de Fer, et sont la plupart du temps très rapides, voire brutaux. Mais il ne faudra rien chercher d'autre que des compos bien branlées et balancées avec une rage rappelant celle avec laquelle jouait RITUAL CARNAGE, justement, qui s'est fait connaître à l'époque par la violence de son Thrash, assez conventionnel par ailleurs.

On ne pourra cependant pas reprocher à BEREAVED de jouer la carte de la mélodie pour attirer les foules puisque son Thrash est particulièrement virulent et que les tempos fleurtent parfois avec le blast, une des caractéristiques de cet album d'ailleurs : plus que des blasts, ce sont des plans de batterie très rapides, à la manière de DRAGONFORCE, qu'utilisent les Japonais, ce qui dans le style pratiqué ajoute une dose de violence aux compos et en augmente paradoxalement plus la brutalité que ne le ferait un « simple » blast, devenu trop souvent un gimmick dans une partie de la scène extrême actuelle qui n'a plus d'extrême que les couleurs criardes des tatouages des musiciens.

« The Cries Of The Penitent » ne fera donc pas trembler les maîtres du genre, et ce n'est sans doutes pas le but du groupe. On ne peut écrire de telles compos en ayant simplement en tête de « faire comme » ; il faut un minimum de talent pour ça, et sur les dix morceaux que compte l'album il y a peu de choses à jeter. Tout au plus peut-on regretter une certaine redondance des riffs et des mélodies des solos, mais il suffira de penser à ces albums que nous chérissons par dessus tout pour nous rendre compte que souvent, la « patte » d'un groupe « naît » justement d'une accumulation d'automatismes mélodiques, rythmiques, etc. Ce disque est un excellent défouloir, toujours agréable à écouter grâce à tous ces gimmicks qui ont fait leurs preuves, une belle découverte pour moi. La voix du chanteur, Black et linéaire, risque d'être le plus gros frein au développement du groupe, le cantonnant au public extrême alors qu'il pourrait en toucher un bien plus large certainement.


Rédigé par : Dungorpat | 15,5/20 | Nb de lectures : 12425