Voilà un groupe de Nevers dont je n’avais absolument jamais entendu parler. Sachant que les éminents FTX opèrent toujours dans cette ville, on peut soupçonner les membres d’être derrière le projet. En lisant la plaquette, on apprend qu’en effet l’ancien batteur de FTX mais aussi des ex-membres des Tambours du Bronx sont dans le coup depuis 2 ans. Pour être original, c’est original! Voyons voir un peu tout ça.

Bon, rien que la lecture des titres des morceaux permet de se faire une idée du ton de l’album: bon enfant (Shakira, Bensoussan, In Gold We Trust et une reprise de Niagara !). On ne pouvait pas en attendre moins de la part d’un groupe au nom d’un des persos centraux de Tchao Pantin! Ensuite, l’artwork m’a paru très bien trouvé, mélangeant une artistique classique et un thème moderne, le combat de coqs. Les premières écoutes viennent plus ou moins infirmer cette impression, même si l’ensemble reste tout de même assez sérieux et pro, finalement. Car la production est impressionnante: chaque instrument est enregistré avec grand soin, parfaitement distinct et le tout est correctement mixé. J’aurais tendance à reprocher un son de caisse claire un peu cheap et une double-pédale un peu trop présente, m’enfin, ça ne tient qu’à moi. La voix de CC nous explose bien à la tronche, je lui trouve d’ailleurs de grandes similarités avec celle de Butch, brailleur en chef de Barcode, ce que vous pouvez considérer comme un compliment, si si! Elle est cependant légèrement trop linéaire et pas suffisamment variée, encore heureux que les singalongs nous apportent un peu de souffle.

Mmmmm avec tout ça, vous ne savez toujours pas le style des lascars. Et bien, la plaquette parle de Biohazard, Madball et Slayer, donc je pense que vous situez. Et pour une fois, y a pas mensonge sur la marchandise, Bensoussan s’inscrit parfaitement dans cette veine, à la manière de Onesta récemment ou de By My Fists. On avait Madball Paris, on a maintenant Madball Nevers! Ceci dit, le parallèle étant évidemment tentant, les approches sont tout de même différentes. Bensoussan mise plus sur la variété dans les structures, les riffs et les changements de rythme, au détriment peut-être d’une identité plus marquée et d’une grosse efficacité. Some Reasons se la joue groovy mêlant riff de gratte thrashisant, lead guitar inspirée et breaks où la basse est centrale, tandis que Bensoussan par exemple propose un riff beaucoup plus banal laissant le refrain constituer le socle du morceau. Le tout est cohérent et parfaitement exécuté, ce qui est assez bluffant pour un premier album! Certains bourrins déploreront le manque de mosh-parts ou de breaks pour travailler leurs mawashis, mais ce n’est pour moi pas un drame.

Jusqu’ici, vous devez percevoir une impression plutôt positive de l’ensemble. Et c’est vrai que dans un premier temps, l’effet de surprise fonctionne à plein. Malheureusement, cet album souffre du syndrôme ‘pas mal mais’: c’est pas mal joué mais il n’y rien de bien furieux ni folichon, les compos sonnent pas mal mais donnent l’impression d’avoir été jouées mille fois, le chanteur se donne pas mal mais finit par nous lasser etc etc…Difficile de leur jeter la pierre, leurs efforts se ressentent parfaitement, le professionnalisme transpire par les enceintes et il ne manque donc qu’un brin de folie, un soupçon d’humour peut-être, une dose d’originalité qui les ferait s’extirper d’une masse NYHC encombrée même par chez nous ces temps-ci (qui aurait cru ça il y a 10 ans ?). Tenez, même la reprise du J’ai vu de Niagara nous déçoit tant on pouvait s’attendre à un gros délire, alors qu’elle est simplement molle et peu inspirée. Il n’y a pas grand chose à dire au niveau des paroles, comme trop souvent malheureusement dans la scène française, rares étant les groupes attachant beaucoup d’importance à cette facette du hardcore. Bref, les Nivernais ne passent pas loin de la grosse baffe, toujours à l’instar du premier Onesta, et on l’espère vivement pour leur prochain album!

Grosse année pour le hardcore français: après les derniers Out For The Count, Onesta et autres Apocalypse Now pour ne citer qu’eux, et en attendant les prochains Danforth, None Shall Be Saved ou Morpain, la surprise nous vient de la Nièvre, avec ces fiers représentants du 58 HC Crew, Bensoussan. Leur Madball-core parfaitement ficelé fait certes des étincelles mais en raison de quelques détails et imperfections manque malheureusement de déclencher l’incendie. En attendant la confirmation, voilà encore une curiosité à découvrir sur scène, comme de bon Aloha!


Rédigé par : Candiria-Thon | 12/20 | Nb de lectures : 11109