Je viens vous présenter les conclusions de la psychanalyse du 5° album de BENIGHTED. Une fois de plus les docteurs Maboul du Death Présipal démoulent un stuff déconcertant, novateur et moderne qui ouvre les portes de leur clinique privée où le port de la camisole est de bon aloi.
"Stay brutal", comme c'est qu'y disent les gars.

Bon, plutôt que de vous beurrer la raie avec des artifices foireux de kronikeur angoissé tel le constipé devant la feuille blanche, j'attaque direct sans tourner autour du pot. "Icon" envoie la purée et ferait passer "I.C.P." et "Identisick" pour des albums de valse musette. Sans fanfreluche, BENIGHTED balance un incipit dégoulinant d'un feeling très Grind Core. Si jadis cette touche était assez discrète, sur "Icon", elle est flagrante et viendra boulversifier les tympans du premier pèlerin venu. BENIGHTED s'est donc grindisé mais pas au point de jeter aux chiottes toute l'évolution et le travail accompli depuis ses débuts. On retrouve sur ce nouvel opus la griffe du groupe qui sait habillement marier Brutal Black, Brutal Death et choses plus mélodiques. D'un certain point de vue, on peut dire, sans trop se fouler, que "Icon" est le prolongement logique de l'œuvre du groupe... sauf que là, ils ont vraiment pété un boulon et jamais BENIGHTED n'aura autant été porté sur l'ultra brutal. On songe à une alliance entre AVULSED et MALEVOLENT CREATION ("Eternal") –jusque-là pas de quoi faire craquer les braguettes- mais la surprise surgit lorsque résonnent des plans typés USUG. Là, un poil de DEVOURMENT, plus loin un passage digne de SKINLESS qui annonce une tartine à la DxFx gorgée de BEHEADED... Oui, en effet, c'est plutôt bûcheron.

L'ensemble de la rondelle est plus rapide et les interludes "coreux-au-soja" se sont estompés pour laisser place à une musique plus noire, plus puissante. "Icon" est moins sautillant mais toujours empli d'un groove à faire twister un cul-de-jatte. Une chose est sûre, ces douze titres sont faits pour déclancher l'Apocalypse en live.
"Icon" marque un nouveau pas dans l'évolution de la carrière de ce groupe situé à la croisée des chemins entre Brutal Black, Brutal Death, Grind Core et autres styles hargneux. D'ailleurs, en tendant bien l'oreille on peut se délecter de quelques riffs Thrashos gambadant entre blasts très MARDUKiens, groove sauce FLESHGRIND/ SUFFOCATION et une technique acérée et utile proche du magistral "Origin" de ORIGIN. Ces incartades "mélodiques" aèrent la rondelle qui s'embourberait dans le gros massif étouffant.

Ceux qui se soucient de l'état du gosier du vocaliste peuvent d'ores et déjà faire sauter les bouchons (de cérumen) puisque le bougre semble souffrir d'une angine à personnalité multiple. Le travail accompli est irréprochable, les trois voix s'entrelacent admirablement et l'on n'a pas entendu tel carnage depuis le "Human Harvest" de CIRCLE OF DEAD CHILDREN. On notera aussi l'appartion du chanteur de DISBELIEF venu se taper l'incruste sur un titre, une bonne baffe... Par contre on oubliera le passage "wesh-gros" qui tombe comme un poil de cul dans la soupe au détour du titre "Grind Wit"

Niveau son, on est gâté, l'ambiance froide presque mécanique comparable au "Fear, Emptiness, Despair" de NxDx bénéficie d'un son évoquant une sorte d'hybride entre un FEAR FACTORY croisé VADER. Du gros, massif, impeccable mais flirtant dangereusement avec le synthétique.

Ce tableau idyllique est toutefois entaché d'un truc qui me titille les synapses. BENIGHTED sort-là un album qui en fout plein la gueule, ça, on est d'accord, on trouve plein de bonnes choses dedans, mais c'est justement cela qui me chiffonne. On est enseveli par une impression de fourre-tout (surtout lors des premières écoutes). L'album cartonne dans tous les sens et on est vite paumé face à cette débauche d'influences bigarrées. Pour ne point se perdre dans les méandres de "Icon", il faut de multiples écoutes. Imprégnez-vous bien de cette galette avant d'émettre un jugement définitif, on ne la cerne pas en trente secondes. On oscille, vacille entre hystérie et parties plus "calmes" et cette alternance peut troubler voire agacer. Ces nombreux changements de cap mettent en exergue le "concept" de BENIGHTED qui narre les péripéties d'un bonhomme malade des boyaux de la tête... Schizophrenia, paranoia, insane Death... (un paquet de prince de lu à celui qui trouve la référence!) Les maladies mentales obsèdent BENIGHTED depuis un bail et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord (un dîner aux chandelles avec Tonton si vous trouver l'auteur de ce fameux vers!)

Malgré une petite ombre, "Icon" reste un album remarquable qui saura séduire les adeptes du Métal tendance gros-qui-tache. Moderne, froid, cru, hargneux... BENIGHTED envoie le bousin et a tout ce qu'il faut dans le sac pour tirer les oreilles des "gros".
A quand une exportation?


Rédigé par : Cobra Commander | 17/20 | Nb de lectures : 16468