BENIGHTED - Carnivore Sublime (Season of Mist) - Selection VS du 07/03/2014 @ 08h19
Rapport d’expertise psychiatrique d’une anthropophagie artistique
Rappel des faits
BENIGHED. Groupe français, âgé de 16 ans, affirme ouvertement ses penchants carnivores sur son nouvel album, "Carnivore Sublime".
Antécédents
1998, fraichement formé, débute son parcours dans un style inspiré du Black Metal. 2002, premier coup d’éclat, avec ‘Psychose’. Le Death Metal prend le dessus.
2003, ‘Insane Cephalic Production’ : BENIGHTED s’affranchit de son penchant Black, pour basculer dans un Death Metal violent et frontal.
Il ne le sait pas encore, mais le groupe vient de franchir un point de non-retour. L’engrenage vient de se mettre en place. L’inéluctable soif de carnage est en marche.
De 2003 à 2007, la popularité des stéphanois s’accroît de façon exponentielle. Son style devient plus percutant. Un appétit de carnivore, des pulsions animales assumées, qui permettent au groupe d’acquérir une réputation de tueurs grâce à des concerts efficaces.
De ‘Identisick’ à ‘ICON’, BENIGHTED démontre une envie qui ne laisse plus de place aux autres, sa puissance lui permettant de prendre l’ascendant sur ses pairs. A force de motivation et de tournées, BENIGHTED s’est hissé sur le haut du podium.
Pour se retrouver finalement pris au piège, enfermé dans sa violence boulimique. BENIGHTED n’a alors plus le choix : Pour survivre, le groupe doit régner sans partage.
Son appétit féroce se transforme alors en cannibalisme artistique. "Asylum Cave" illustre cette tendance, et assoit l’hégémonie du groupe.
BENIGHTED a cannibalisé son art, asphyxiant et écrasant les autres.
"Asylum Cave" est un album qui surprend par son efficacité, phagocytant au passage les autres albums récents du même style.
Examen du patient
2014. La mutation se poursuit, le sujet est devenu incontrôlable.
Son anthropophagie artistique le pousse à se surpasser encore. Comment se trouver de nouveaux objectifs, lorsque l’on est déjà au-dessus du lot ? Comment poursuivre son ascension cannibale, lorsque l’on est au sommet de la chaîne alimentaire ?
En changeant. En modifiant son mode de fonctionnement.
BENIGHTED est devenu son propre prédateur, son pire ennemi. Et se trouve désormais contraint de devoir évoluer, sous peine de ne pas réussir à préserver sa suprématie.
Etude clinique de "Carnivore Sublime"
La production : puissante et équilibrée. L’enveloppe visuelle : explicite et réussie.
Le style : Frontal. Brutal. Efficace. Addictif.
On retrouve tout ce qui caractérise le tueur, et sa puissance de frappe impressionnante.
Plus cannibale que jamais, BENIGHTED dévore tout sur son passage. Mais, il ne se contente plus désormais de ce qui suffisait auparavant à assouvir ses pulsions : BENIGHTED a besoin d’avancer, de grandir, de conquérir. Et cela passe par une maturité musicale inédite...
Au risque de perdre de sa puissance et de son efficacité, BENIGHTED n’hésite plus à ralentir parfois les rythmes, pour ainsi plonger l’auditeur dans son univers psychotique malsain.
Mais, ce n’est que pour mieux servir les atmosphères des morceaux.
"Carnivore Sublime" suinte d’une ambiance torturée et sombre, qui sied parfaitement au groupe. Outre la surprise, cela occasionne un abaissement de l’efficacité légendaire du groupe. Mais expose à contrario une autre facette du groupe.
Tout en restant fortement ancré dans le Death(Core) Brutal et frontal, BENIGHTED a donc souhaité (se) diversifier sensiblement.
Son don pour la production de riffs accrocheurs est intact, mais transposée dans une optique sensiblement plus mélodieuse. Brut et rageur. Mais avec tout de même une recherche musicale plus aboutie.
L’agencement de rage maîtrisée et de riffs mélodieux est ainsi renforcée par l’émergence de leads et de passages plus diversifiés qu’auparavant (tels que sur ‘Carnivore Sublime’, ‘Experience Your Flesh’, ‘Collection of Dead Portrait’ ou ‘Les morsures du Cerbère’).
Un réel travail a été effectué sur les ambiances sur certains morceaux, à l’image du malsain ‘Spit’, avec Niklas Kvarforth (SHINNING) au chant, qui déploie une ambiance unique et crue ; ‘Slaughter/Suicide’ qui alterne folie et apaisement, ou encore ‘Defiled Purity’ et son ambiance malsaine et pesante. Atout qui séduit autant qu’il surprend.
Marque de fabrique du groupe, le groove et la violence ne sont pas pour autant délaissés. La brutalité est omniprésente, mais désormais variée, et agrémentée d’une atmosphère morbide et dérangée. La marque des grands, peut-être...?
Le chant incroyable de Julien est encore plus impressionnant. Son panel vocal de cris hurlés, arrachés, gutturaux ou porcins a pris plus d’ampleur, et se diversifie toujours plus. En totale adéquation avec l’atmosphère ou la virulence des morceaux. Et renforcé par l’apparition des hurlements aigus presque HardCore d'Adrien.
Sans complexe ni hésitation, BENIGHTED a donc opté pour l’évolution. Au risque de perdre un peu de son efficacité, les cannibales nous proposent une vision plus travaillée et mature de leur art. Pour un résultat détonant, percutant, ambiancé, mais toujours groovy.
BENIGHTED serait-il devenu plus humain ?
Serions-nous devenus plus exigeants ?
Car en dépit de cette évolution intelligente et maîtrisée, "Carnivore Sublime" manque parfois de mordant et de furie. Malgré un début d’album explosif, l’efficacité légendaire du groupe apparaît plus timorée. La violence et le groove ne sont plus seuls maîtres à bord.
L’album demeure très bon, mais manque tout de même de ‘hits’ imparables, tels qu’on les trouve à la pelle sur l’album précédent.
Enrobé d'une production dantesque, qui dote ce Sublime Carnivore d'un son monstrueusement puissant et équilibré, l'opus dénote avec les précédentes productions du groupe : bien que conservant la ligne directrice stylistique, "Carnivore Sublime" s'ouvre et se diversifie ; il perturbe et séduit, il violente et apaise nos perceptions, au travers d'un style qui s'émancipe de plus en plus.
La folie thématique s’est ainsi emparée de l’enveloppe musicale, pour un résultat en totale harmonie. La brutalité de façade est toujours présente, mais avec plus de subtilités.
Conclusion du rapport d’expertise
D’un point de vue physique, notre patient semble donc s’être sensiblement apaisé, l’hystérie musicale d’antan est mieux canalisée. Rien de Grind bien entendu ici, contrairement à ce que d’autres praticiens tentent de faire croire. Mais un Death metal intelligemment mené, brutal et varié, aux ambiances travaillées.
Une maturité relative...
Car l’étude psychiatrique dénote, et illustre au contraire une psyché troublée. Qui s’exprime via une forme de schizophrénie artistique, où l’anthropophagie des dernières années s’estompe, et où la confrontation directe et la rage frontale laissent place à un cheminement plus tortueux et malsain.
Une façon détournée pour le patient d’arriver à ses fins, en faisant croire à un apaisement relatif. Pour mieux nous anéantir ensuite.
Manipulation consciente du groupe, qui cherche à nous déstabiliser pour mieux nous anéantir ? Ou perturbation inconsciente du patient, qui n’arrive plus à résister à ses pulsions ?
Qu’importe. BENIGHTED a grandi, mûri. Et a sans nul doute trouvé une nouvelle façon de nous rendre encore, et toujours, addictif à ses explosions...
Ce disque est un très bon album, une belle réussite de 2014... c'est une tuerie qui s'écoute en boucle, mention spécial (perso) au duo avec Niklas ou sa raisonne vraiment malsain et brutal
Kraken Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 09h16 - (111258)
Questions aux amateurs du groupe, est-ce qu'il ont un album sans trace de "core"dans leur discographie?
(Je suis allergique)
Velvet Kevorkian Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 09h39 - (111259)
@Kraken: essai le tout premier, "Benighted", ou "Psychose".
Très bonne kro et sélection mérité pour cet album franchement terrible. Le groupe réussi à se renouveler sans perdre sa patte. Le featuring avec Niklas est vraiment excellent, bien malsain, et s'inscrit comme l'un des meilleurs titre de l'album. L'un des gros atouts reste les chœurs exécutés par leur gratteux qui apportent une touche un peu plus "core" à leur son. Bref, encore une fois les BENIGHTED ont vaincu par KO.
ennemi juré IP:93.14.83.48 Invité
Posté le: 07/03/2014 à 10h38 - (111260)
Pour moi, l'album de l'année français pour l'instant.
J'aurais préféré une voix un peu moins gore, ça aurait rendu le contenu bien plus puissant. Mais les variations du chant rattrapent tout ça.
MrGuitoune Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 13h08 - (111263)
Entièrement d'accord avec ta chronique Ju. L'album tourne en boucle, à chaque écoute,il passe trop vite. Il est encore meilleur que le précédent, à mon goût, plus varié. La voix plutôt "gore" comme le dit ennemi juré est terrible.
Perso je trouve qu'il y a pleins de titres qui sont marquants, futurs classiques du groupe.
comme le Experience Your Flesh ou Slaughter/Suicide. Bref une tuerie.
Sinon ta chronique Ju est un plaisir à lire. Merci pour cette chronique.
Deadpool Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 15h22 - (111266)
J'avais eu du mal avec Icon et Asylum Cave, j'aimais bien mais je retrouvais pas le truc que j'aimais dans les deux précédents, mais là, c'est une vraie tuerie, et à mon sens leur meilleur album à ce jour !
Brisenuque Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 18h29 - (111273)
Pfff que dire sinon que cet album les mets amplement au niveau d un Dying fetus,c est une pure tuerie,mention speciale a kevin foley dont le jeu peut laisser pantois d admiration.je l ecoute en boucle depuis 10 jours: 19/20.
philgore Membre enregistré
Posté le: 07/03/2014 à 23h04 - (111278)
Massif, malsain, magistral !!!
AkiraToriyama Membre enregistré
Posté le: 08/03/2014 à 00h08 - (111279)
Identisick reste pour moi le meilleur
Yavor IP:78.192.38.132 Invité
Posté le: 08/03/2014 à 11h48 - (111283)
Le côté core et ce chant ridicule et insupportable me gavent au plus haut point. Certainement pas la sortie extrême française de l'année. La comparaison avec DF est pas cadeau pour les amerlocks
Kervalec IP:62.141.32.45 Invité
Posté le: 08/03/2014 à 12h03 - (111284)
Bof bof riffs simplissimes et fausse brutalité. Sympa de temps en temps mais le trait est forcé.
Diboli Membre enregistré
Posté le: 08/03/2014 à 13h47 - (111288)
Pour mois c'est une déception, je préfère largement Identisick ou Asylum Cave.
Stout IP:88.161.16.156 Invité
Posté le: 09/03/2014 à 09h56 - (111290)
L'album est bon mais Identisick reste pour moi un cran bien au dessus.
..::Ju::.. Membre enregistré
Posté le: 10/03/2014 à 22h53 - (111302)
C'est marrant que pas mal de monde préfère "Identisck" ... Il est chouette cet album, je l'aime bien aussi, mais je ne le mettrai pas en tant que meilleur album du groupe, perso....
"Fausse brutalité", mmm non, je ne dirais pas ça... faut pas exagérer quand même, quand ça accélère, ils ne font pas semblant ! Non la brutalité est frontale, directe et assumée, aucun soucis de ce côté. C'est juste qu'elle est plus diffuse, mieux maitrisée, et donc alternée avec des phases moins violentes... D'où peut être la déception de certains, que je peux comprendre.
J'aime vraiment cet album ; il est moins "fou" qu'Asylum Cave (qui lui pour le coup était vraiment violent), mais il a le mérite de captiver l'attention durant toute la durée, le tout avec une efficacité réelle... Je suis incapable par contre d'affirmer qu'il s'agit de la meilleure sortie Metal extrême, l'année vient juste de commencer !
pamalach Membre enregistré
Posté le: 10/03/2014 à 23h04 - (111303)
C'est vrai que je suis un peu déçu moi aussi...
Mon album préféré du groupe reste "Asylum Cave", en second arrive "Icon" puis "Indentisick". Si j'aime vraiment plusieurs morceaux de ce dernier album, je trouve qu'il se dégage de l'ambiance "générale" une sorte de "classicisme" que je ne ressentais pas sur les albums précédents. Du coup, j'ai un peu du mal à me laisser prendre alors que jusqu’à présent, le groupe me laissait sur le carreau direct...
diesirae Membre enregistré
Posté le: 11/03/2014 à 01h14 - (111304)
Avec cet album, Benighted n'a plus aucun concurrent sérieux en France...
Phil IP:62.141.32.45 Invité
Posté le: 11/03/2014 à 19h43 - (111329)
De quelle concurrence parles tu? Dans leur catégorie, le deathcore brutal ? Parceque sinon si c'est dans le metal extreme en general ya une floppée de groupe qui les enterrent en France (Christicide, Temple of Baal, Svart Crown pour n'en citer que 3 indiscutables)
Brisenuque IP:78.247.73.30 Invité
Posté le: 11/03/2014 à 22h11 - (111334)
@Kervalec: sans animosité,que tu n aimes pas ,soit, mais fausse brutalité? la je pige pas
Plop IP:89.3.101.27 Invité
Posté le: 12/03/2014 à 10h39 - (111337)
"Ouaf ouaf ouaf ouaf ouaf ouaf"
Voilà pour les paroles...
Mariolle Membre enregistré
Posté le: 12/03/2014 à 17h19 - (111344)
@Plop : tu veux dire Gruiiik gruik gruik gruigruigruigruiiiiik ?
... IP:78.192.38.132 Invité
Posté le: 12/03/2014 à 21h37 - (111347)
en effet ça sonne puéril, et les 3 accords par titre n'aident pas
Pilsner IP:109.22.169.116 Invité
Posté le: 12/03/2014 à 22h34 - (111349)
Déception, quelques très bons moments mais pas convaincu par le nouveau crieur.
Des expérimentations pas toujours très bien venues ni digérées, manque d'inspiration dans certains
Désolé pourtant inconditionnel des 3 précédents
Maxgrind IP:94.23.140.104 Invité
Posté le: 13/03/2014 à 08h40 - (111351)
Pas entièrement convaincu pour l'instant, même s'il y a du bon!
Couille . Molle Membre enregistré
Posté le: 16/03/2014 à 14h29 - (111387)
@pilsner : C'est juste le nouveau gratteux qui colle 2-3 screams HxC. D'ailleurs si je dis pas de conneries c'est le chanteur du projet grind avec Kevin Foley : F Stands For Fuck You.
Floyderz Membre enregistré
Posté le: 17/03/2014 à 14h17 - (111403)
Pas ma came préféré, mais quelle baffe pour le coup! la vache...
Et c'est en live que ça prend tout son sens! je viens de me les manger avec Loudblast vendredi dernier. C'est assez terrible! le chanteur est juste excellent et le batteur j'en parle même pas!
Loudblast derrière m'a déçu...Trop de morceaux récents (3 ou 4 nouveaux morceaux c'est un peu trop) et un son...de merde!
Lemmy IP:84.100.233.58 Invité
Posté le: 24/03/2014 à 13h00 - (111486)
Très bon Skeud!!!
OncleFür Membre enregistré
Posté le: 01/04/2014 à 20h42 - (111600)
Très bonne chro!! La note est méritée! Un peu moins de tubes que dans le précédent, mais y'en a, et ça défouraille sévère!
korgull Membre enregistré
Posté le: 11/04/2014 à 20h59 - (111743)
Allergique aux vocaux daube pour moi qui ridiculise le métal extrême
Ours IP:81.251.49.187 Invité
Posté le: 27/04/2014 à 11h52 - (111937)
La prod est quand meme différente par rapport aux albums précédents je trouve.
On a un kevin folley en pleine forme, un travail jamais égalé sur les vocaux, avec les feats, le nouveau guitariste et surtout ju qui élargie sa palette mais l'ensemble sonne moins percutant que ce qu'on avait d'habitude.
De plus le départ de liem se fait aussi sentir : moins d'envolées mélodique mais un son plus "rond" qui se confond presque avec la bass.
A titre de comparaison, le dernier aborted pourtant bien moins original que cet opus, a une prod plus homogene et clair (tout le monde ne peut se payer hansen je l'accorde)ce qui le rend plus "digeste".
Seul le titre en francais me rappel le benighted des débuts.
Dommage mais rien de grave, le groupe nous pondra d'autres déferlantes malsaine dans le futur, j'en suis sur.
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BENIGHED. Groupe français, âgé de 16 ans, affirme ouvertement ses penchants carnivores sur son nouvel album, "Carnivore Sublime".
Antécédents
1998, fraichement formé, débute son parcours dans un style inspiré du Black Metal. 2002, premier coup d’éclat, avec ‘Psychose’. Le Death Metal prend le dessus.
2003, ‘Insane Cephalic Production’ : BENIGHTED s’affranchit de son penchant Black, pour basculer dans un Death Metal violent et frontal.
Il ne le sait pas encore, mais le groupe vient de franchir un point de non-retour. L’engrenage vient de se mettre en place. L’inéluctable soif de carnage est en marche.
De 2003 à 2007, la popularité des stéphanois s’accroît de façon exponentielle. Son style devient plus percutant. Un appétit de carnivore, des pulsions animales assumées, qui permettent au groupe d’acquérir une réputation de tueurs grâce à des concerts efficaces.
De ‘Identisick’ à ‘ICON’, BENIGHTED démontre une envie qui ne laisse plus de place aux autres, sa puissance lui permettant de prendre l’ascendant sur ses pairs. A force de motivation et de tournées, BENIGHTED s’est hissé sur le haut du podium.
Pour se retrouver finalement pris au piège, enfermé dans sa violence boulimique. BENIGHTED n’a alors plus le choix : Pour survivre, le groupe doit régner sans partage.
Son appétit féroce se transforme alors en cannibalisme artistique. "Asylum Cave" illustre cette tendance, et assoit l’hégémonie du groupe.
BENIGHTED a cannibalisé son art, asphyxiant et écrasant les autres.
"Asylum Cave" est un album qui surprend par son efficacité, phagocytant au passage les autres albums récents du même style.
Examen du patient
2014. La mutation se poursuit, le sujet est devenu incontrôlable.
Son anthropophagie artistique le pousse à se surpasser encore. Comment se trouver de nouveaux objectifs, lorsque l’on est déjà au-dessus du lot ? Comment poursuivre son ascension cannibale, lorsque l’on est au sommet de la chaîne alimentaire ?
En changeant. En modifiant son mode de fonctionnement.
BENIGHTED est devenu son propre prédateur, son pire ennemi. Et se trouve désormais contraint de devoir évoluer, sous peine de ne pas réussir à préserver sa suprématie.
Etude clinique de "Carnivore Sublime"
La production : puissante et équilibrée. L’enveloppe visuelle : explicite et réussie.
Le style : Frontal. Brutal. Efficace. Addictif.
On retrouve tout ce qui caractérise le tueur, et sa puissance de frappe impressionnante.
Plus cannibale que jamais, BENIGHTED dévore tout sur son passage. Mais, il ne se contente plus désormais de ce qui suffisait auparavant à assouvir ses pulsions : BENIGHTED a besoin d’avancer, de grandir, de conquérir. Et cela passe par une maturité musicale inédite...
Au risque de perdre de sa puissance et de son efficacité, BENIGHTED n’hésite plus à ralentir parfois les rythmes, pour ainsi plonger l’auditeur dans son univers psychotique malsain.
Mais, ce n’est que pour mieux servir les atmosphères des morceaux.
"Carnivore Sublime" suinte d’une ambiance torturée et sombre, qui sied parfaitement au groupe. Outre la surprise, cela occasionne un abaissement de l’efficacité légendaire du groupe. Mais expose à contrario une autre facette du groupe.
Tout en restant fortement ancré dans le Death(Core) Brutal et frontal, BENIGHTED a donc souhaité (se) diversifier sensiblement.
Son don pour la production de riffs accrocheurs est intact, mais transposée dans une optique sensiblement plus mélodieuse. Brut et rageur. Mais avec tout de même une recherche musicale plus aboutie.
L’agencement de rage maîtrisée et de riffs mélodieux est ainsi renforcée par l’émergence de leads et de passages plus diversifiés qu’auparavant (tels que sur ‘Carnivore Sublime’, ‘Experience Your Flesh’, ‘Collection of Dead Portrait’ ou ‘Les morsures du Cerbère’).
Un réel travail a été effectué sur les ambiances sur certains morceaux, à l’image du malsain ‘Spit’, avec Niklas Kvarforth (SHINNING) au chant, qui déploie une ambiance unique et crue ; ‘Slaughter/Suicide’ qui alterne folie et apaisement, ou encore ‘Defiled Purity’ et son ambiance malsaine et pesante. Atout qui séduit autant qu’il surprend.
Marque de fabrique du groupe, le groove et la violence ne sont pas pour autant délaissés. La brutalité est omniprésente, mais désormais variée, et agrémentée d’une atmosphère morbide et dérangée. La marque des grands, peut-être...?
Le chant incroyable de Julien est encore plus impressionnant. Son panel vocal de cris hurlés, arrachés, gutturaux ou porcins a pris plus d’ampleur, et se diversifie toujours plus. En totale adéquation avec l’atmosphère ou la virulence des morceaux. Et renforcé par l’apparition des hurlements aigus presque HardCore d'Adrien.
Sans complexe ni hésitation, BENIGHTED a donc opté pour l’évolution. Au risque de perdre un peu de son efficacité, les cannibales nous proposent une vision plus travaillée et mature de leur art. Pour un résultat détonant, percutant, ambiancé, mais toujours groovy.
BENIGHTED serait-il devenu plus humain ?
Serions-nous devenus plus exigeants ?
Car en dépit de cette évolution intelligente et maîtrisée, "Carnivore Sublime" manque parfois de mordant et de furie. Malgré un début d’album explosif, l’efficacité légendaire du groupe apparaît plus timorée. La violence et le groove ne sont plus seuls maîtres à bord.
L’album demeure très bon, mais manque tout de même de ‘hits’ imparables, tels qu’on les trouve à la pelle sur l’album précédent.
Enrobé d'une production dantesque, qui dote ce Sublime Carnivore d'un son monstrueusement puissant et équilibré, l'opus dénote avec les précédentes productions du groupe : bien que conservant la ligne directrice stylistique, "Carnivore Sublime" s'ouvre et se diversifie ; il perturbe et séduit, il violente et apaise nos perceptions, au travers d'un style qui s'émancipe de plus en plus.
La folie thématique s’est ainsi emparée de l’enveloppe musicale, pour un résultat en totale harmonie. La brutalité de façade est toujours présente, mais avec plus de subtilités.
Conclusion du rapport d’expertise
D’un point de vue physique, notre patient semble donc s’être sensiblement apaisé, l’hystérie musicale d’antan est mieux canalisée. Rien de Grind bien entendu ici, contrairement à ce que d’autres praticiens tentent de faire croire. Mais un Death metal intelligemment mené, brutal et varié, aux ambiances travaillées.
Une maturité relative...
Car l’étude psychiatrique dénote, et illustre au contraire une psyché troublée. Qui s’exprime via une forme de schizophrénie artistique, où l’anthropophagie des dernières années s’estompe, et où la confrontation directe et la rage frontale laissent place à un cheminement plus tortueux et malsain.
Une façon détournée pour le patient d’arriver à ses fins, en faisant croire à un apaisement relatif. Pour mieux nous anéantir ensuite.
Manipulation consciente du groupe, qui cherche à nous déstabiliser pour mieux nous anéantir ? Ou perturbation inconsciente du patient, qui n’arrive plus à résister à ses pulsions ?
Qu’importe. BENIGHTED a grandi, mûri. Et a sans nul doute trouvé une nouvelle façon de nous rendre encore, et toujours, addictif à ses explosions...
Rédigé par : ..::Ju::.. | 17/20 | Nb de lectures : 16416