Exercice ô combien difficile, d’aborder un nouvel album de Benighted. En raison de leur renommée, de leur popularité. Et de la qualité indéniable de leurs précédentes offrandes.
Exercice d’autant plus difficile, lorsque l’on est fan des Stéphanois depuis 2002 (et 'Psychose'). Plus qu’un exercice, en réalité : un honneur.

Premier point, primordial, important, vital : que les fans se rassurent, on reconnaît immédiatement le style, la patte ‘Benighted’, et l’énergie communicative associée. 'Asylum Cave' est terriblement groovy, brutal, efficace et jouissif. Les plus impatients d’entre vous peuvent en rester sur ce constat : le Benighted 2011 a vraiment de l’énergie à revendre. Excepté un réel regain de folie, matérialisé par une fougue incroyablement présente, le quintet demeure fidèle à son style, et nous assène une nouvelle pure claque jouissive.
Tout en l’améliorant encore un peu plus, néanmoins...

Car, après la satisfaction des cervicales laminées et de la joue rouge résultant de la puissance de cette baffe, vient le temps des nouveautés ; subtiles, discrètes, mais bien présentes. Elles ne dénaturent pas le style du groupe, ne nuisent pas à l’incroyable efficacité, mais illustrent cependant une sensible évolution musicale et artistique.
Si 'Icon' montrait déjà une certaine radicalisation, 'Asylum Cave' s’aventure par moments encore plus loin dans l’expression de la pure folie. A l’image du premier titre éponyme, sans doute l’un des plus agressifs jamais composés par le groupe, Benighted propose sur certains morceaux de réelles explosions de brutalité musicale. Kikou apporte une putain d’énergie et de rapidité, que ça soit en terme d’exécution comme sur le rendu des compos. Son feeling Grind est bien présent, décuplant littéralement l’énergie déployée, mais sans pour autant dénaturer le style du groupe.

'Asylum Cave' s’avère plus recherché et varié, que ce qu’on pourrait penser de prime abord. Certains riffs, plus mélodieux ou plus inventifs, selon les morceaux, apportent une brise de nouveauté, mais toujours en cohérence avec les attributs du groupe. Des soli acérés ou mélodiques s’intercalent par endroit, (ap)portant et révélant ainsi d’autres facettes musicales. Cela permet de donner l’impression d’une évolution réelle, mais sans changement sur le fond.
Le changement dans la continuité, en somme. Mais fortement réussi.

L’album alterne ainsi avec talent la brutalité du Death, sensiblement Grind, la lourdeur et le 'Mosh' typique des précédents opus, et un côté accrocheur et groovy également décuplé. Les variations rythmiques au sein des morceaux ont été légèrement diversifié, ce qui là encore permet de complexifier légèrement les premières écoutes tout en préservant paradoxalement l’aspect efficace et accrocheur.
Chaque morceau s’avère ainsi différent, possédant sa propre identité, sa raison d’être. Totalement lié aux autres, mais néanmoins bien distinct et personnel. Chose pas forcément commune dans un style misant avant tout sur l’efficacité.

Du côté des beuglements, Julien semble avoir sensiblement élargi son panel d’expression vocal. Les growls et gruiks immédiatement reconnaissables sont accompagnés de cris parfois plus rauques, ou plus orientés 'core'. Mais cela reste disparate, notre gruikeur préféré reste fidèle à son registre de prédilection, parfois plus hystérique, mais à son meilleur niveau.

Une autre particularité plaisante se situe au niveau de l’instrument manié par Eric : tant dans le mix global, que musicalement, la basse est en effet bien présente, voire même parfois mise à l’honneur. Ainsi, de petits mais jouissifs passages en sweeping apportent un supplément de groove terriblement appréciable. Associé avec les pertinentes variations rythmiques, cela aboutit à un résultat dévastateur.

Je ne peux faire abstraction des ‘featuring’ de classe, avec Sven d’ABORTED et Mike de DEVOURMENT. Apport vocal plaisant, qui colore encore un peu plus cette ogive. Symbole de la popularité grandissante du groupe, peut-être aussi.
Je ne peux pas faire abstraction non plus de la thématique de 'Asylum Cave', axée autour de la personnalité dérangeante de Josef Fritzl. Mais quel meilleur sujet malheureusement réel, qu’un être torturé capable de séquestrer et violer sa fille durant 24 ans, pour un album de Benighted ? Concept par ailleurs superbement bien illustré par Sven, qui signe, je trouve, l’un de ses travaux les plus aboutis.

Plus fou, plus rapide et violent, mais avec une agressivité terriblement bien canalisée. Voilà comment se porte le Benighted en 2011. Et c’est là que réside véritablement la force du groupe : alterner les parties réellement violentes, et les passages plus tempérés et accrocheurs, dans une réelle cohésion, une osmose même. Cet équilibre a été amélioré, tout en accentuant l’écart et la radicalisation entre les différentes facettes du groupe. Chaque seconde de 'Asylum Cave' est empreinte du groove et de la brutalité jouissive propre au style du groupe.

Il s’agit sans aucun doute leur album le plus mature et le plus abouti. Et peut-être le plus intéressant, en raison d’un côté moins immédiat, mais toujours aussi accrocheur. Benighted a mûri et affuté son style, et a laissé de côté les maigres parcelles d’approximation et de naïveté qui parsemait leur style. Pour mon plus grand plaisir.
On appelle ça un sans-faute.
Chapeau messieurs.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 19/20 | Nb de lectures : 27641