Savoir bouffer à tous les râteliers, ça ne s'improvise pas... Benea Reach (pour Breach version à rallonge ?) est bien parti pour l'apprendre avec "Alleviat", album se voulant être l'épicentre de plusieurs séismes, capable de réunir fans de Meshuggah, de postcore et de groupes au spleen exacerbé comme Khoma ou Deftones.

Pourtant, la sauce ne prend jamais vraiment. Les "Tu la sens ma grosse ouverture d'esprit là ?", ça a jamais été ma came. Les 2/3 contre-temps à la batterie sur fond de grattage de grosse corde, on s'en est suffisamment cogné, et la plupart du temps en mieux, pour émettre un baîllement non-dissimulé. Un énième apôtre de Saint Meshuggah. Quant au côté post-hardcore, pour les parties les plus lourdes, on établira rapidement un pont avec The Ocean, mais sans ce perfectionnisme qui caractérise la bande à Robin Staps. Pour les plus posées, mon coeur délaissera leurs mélodies "Oh hé matelot!" qui font que j'abhorre une grosse moitié de la discographie d'Isis, grossièrement repompées ici ("Awakening", "Zenith"), pour celles à la pureté locale Cult Of Lunienne, plus réussies. Et les ambiances "chant des baleines" sont pas trop mal fichues.

Bref, musicalement, c'est joué sans un gramme de génie, ça peut se résumer à du sous-XXXXXX, mais à la limite, passe encore, je veux bien reconnaître que ça tient à peu près la route. C'est-à-dire que s'ils avaient un autre gusse au chant, ils auraient toppé un peu au-dessus de la moyenne. Parce qu'il faut savoir que Môssieur a dû claquer pas mal de temps et de ronds en cours de chant, et il est bien décidé à nous exhiber son organe sous toutes ses coutures, tel le gentil monsieur avec le grand imperméable qui m'offrait des bonbons à la sortie de l'école.

Le comble de l'horreur: ses braillements dans les aigus, c'est criard, c'est de mauvais goût et ça fait galoper mon sang vers mes globes oculaires, comme à la vue d'un gilet fluo en guise de housse de siège dans une Citroën BX tunée. Le vrai souci du gars, je vais te le dire, c'est qu'il tourne en sous-régime, il pousse jamais sa voix à fond. "Parce que la maîtresse elle a dit que sinon je vais me laminer la gorge et que je pourrai pas tenir les 37 autres types de chant que j'avais prévus.", oh, pauvre biquet. Du coup, tout tombe à l'eau à cause de cette retenue qu'il s'impose, growls molassons et voix claires sont balancés sans flamme. Entre le singeage de Chino Moreno en plantant de grosses respirations bien bruyantes genre "Ouah trop sincère, t'as vu ?" ("Sentiment"), et les pseudos envolées aseptisées qui me feraient presque apprécier Textures en comparaison (c'est grave docteur ?), le gaillard tire un peu plus Benea Reach vers le bas à vouloir trop en faire; frôlant l'inaudible pas loin d'une fois par titre, avec ses lignes de chant braillées vraisemblablement trouvées dans un Kinder Surprise.

Bref, clairement du gâchis que tout cela, les gaziers semblant en plus pas mal s'investir dans le groupe. Enfin, pas pour la pochette, véritable insulte au bon goût (c'est quoi cette chiure ???), mais ils ont deux gars pour les lights et le son considérés comme membres à part entière, deux clips léchés, et ont été débaucher Tue Madsen pour venir gonfler leurs murs de grattes (pas si impressionnants, mais depuis Black Sheep Wall, tout a le goût de l'allégé...). Bref, retenez de tout cela que si vous voulez un groupe venu du grand froid qui bouffe vite fait aux mêmes râteliers (car plus chaotiques), mais qui fait l'effet Fisherman's Friend, vous pouvez plutôt aller filer vos thunes aux Danois de The Psyke Project...


Rédigé par : Crown_Me | 08/20 | Nb de lectures : 11511