Après avoir marqué les esprits par la fureur de « Evidence of Inequity » un premier mini album sorti chez Galy records, il n’est pas très étonnant de retrouver BENEATH THE MASSACRE sur un plus gros label pour son premier album même si les avis sur le groupe étaient très partagés ; certains argumentant sur la violence jusqu’au-boutiste gratuite et sur le côté chaotique des Québécois alors que d’autres se prosternaient devant leur maestria ultra brutale.

Loin de fédérer les divergences, « Mechanics of Dysfunction » va probablement agrandir le fossé qui sépare fans et détracteurs car le retour en force du quatuor de Montréal n’est pas à placer sous le signe de la modération, bien au contraire. Sur la grosse demi-heure de sa première galette, BENEATH THE MASSACRE développe une dizaine de titres de death metal technique ultra brutal rivalisant de sauvagerie et l’écoute de cet album relève de la dérouillée systématique. En effet, on se retrouve un peu KO ou hébété après avoir écouté d’une traite un disque aussi intense et violant. En fait cette rondelle est tellement compacte et barbare qu’elle oblige à des écoutes répétées pour tenter d’en saisir toutes les nuances.

« Mechanics of Dysfunction » voit donc se succéder une véritable avalanche de blasts, de riffs biscornus, de tournures dissonantes parsemées de rythmiques lourdes qui confère un petit côté deathcore loin d’être désagréable. Du côté du chant, Eliot Desgagnés balance toujours ses growls ultra gutturaux dans un registre monocorde qui colle toujours aussi bien à l’ensemble. On restera songeur devant la mise en place et sur les prouesses techniques du reste de la bande. Mais si l’interprétation est magistralement calée, elle n’échappe pas à un certain aspect purement mécanique. En fait, la musique de BENEATH THE MASSACRE ne laisse que très peu de place aux émotions et éloigne de ce disque toute notion d’humanité, un sentiment renforcé par une batterie spectaculairement trigguée. Pourtant, cette absence de sentiment, cette froide exécution n’handicapent nullement « Mechanics of Dysfunction ». Bien au contraire, cela souligne cette volonté de BENEATH THE MASSACRE d’annihiler tout sur son passage par le simple biais de la musique.

Côté production, on touche à ce que le Québec possède de plus divin avec une dream team regroupant Yannick St Amand (DESPISED ICON, NEURAXIS, MARTYR) et Pierre Remillard (CRYPTOPSY, GHOULUNATICS, KRISIUN, GORGUTS). Et comme si cela ne suffisait pas, le mastering a été confié à Alan Douches (CONVERGE, MASTODON, LENG TCH’E, DILLINGER ESCAPE PLAN). BENEATH THE MASSACRE se retrouve donc ici avec un son monstrueux à la hauteur de sa sauvagerie.

Pour conclure, il apparaît clairement que ce disque n’est absolument pas recommandable à tous les amateurs de brutal death technique. Ceux qui se sont déjà délectés des albums de DESPISED ICON, ORIGIN et consort trouveront sans doute ici un album en parfaite adéquation avec leurs goûts. Les autres n’y verront qu’un gros n’importe quoi indigeste à outrance doté d’un jeu de guitare digne de jeu vidéos.

« Same player shoot again »


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 13565