Au début du mois de juillet 2010, j’ai passé trois jours au festival ‘Eistnaflug’ sur la côte est d’Islande, à dix heures de route de Reykjavik. L’une des particularités de ce festival, en dehors de son côté intime avec une capacité de 1300 personnes, est que sur trente-six groupes, seulement un (en l’occurrence NAPALM DEATH) n’était pas d’origine islandaise. Or non seulement j’y ai découvert une variété de groupes assez incroyables, passant du post-hardcore torturé (CELESTINE) au black nécro (CHAO) ou au thrash des bois à la SLAYER (IN MEMORIAM) et témoignant d’une scène incroyablement riche pour un aussi petit (300 000 habitants seulement !) pays, mais surtout, je me suis fait honnêtement botter le cul, option botte à clous rouillés, plusieurs fois. Et niveau déculottée, celui qui avait la plus grosse botte à clous rouillés du lot s’appelait BENEATH.

Pour faire simple, l’une des grandes forces du groupe est son métronome humain, sûrement le meilleur batteur de tout le pays et peut-être l’un des tous meilleurs que j’ai jamais vu. D’ailleurs, je ne serais étonné de voir très rapidement le dénommé Ragnar Sverrisson (âgé de seulement vingt ans !) se faire récupérer par un gros de death américain à la HATE ETERNAL car ce mec est tout simplement un tueur d’une précision et surtout d’une rapidité assez phénoménale et tout l’intérêt de BENEATH réside justement dans sa musique parfaitement adaptée à son style de jeu. Monté fin 2007 par Gisli Sigmundsson, vétéran de la scène islandaise et chanteur du plus vieux groupe de death du pays, SORORICIDE, formé en 1988, dans le but avoué de fusionner black et death metal, les modèles de BENEATH étant clairement BEHEMOTH, ZYKLON voire les Norvégiens de MYRKSKOG. C’est-à-dire des groupes pratiquant un style à la fois exigeant sur le plan technique tout en restant intense et surtout, malgré la vitesse, accessible.

Alors bien sûr, il faut prendre ‘Hollow Empty Void’ pour ce que c’est, c’est-à-dire à la base un EP quatre titres (plus deux morceaux live au son tout à fait correct) enregistrés par le groupe lui-même à Reykjavik et alors que la formation n’avait même pas un an d’existence. Aussi bien le logo que la pochette sont franchement génériques et par rapport au Tsunami de blastbeats que j’ai reçu sur le coin de la gueule en concert, ces morceaux pourraient presque paraître timides, ou en tous cas bien faits mais souffrant d’une impression de déjà-vu. Sauf que très rapidement, même sur cet enregistrement entre guillemets primitif, surnagent déjà quelques éléments très prometteurs, comme cette netteté des riffs, cette façon d’aller à toute berzingue mais de malgré tout rester intelligible et surtout cette capacité à sortir le plan qu’il faut quand il faut (harmonies bizzaroïdes, gros break, solo mélodique, etc.) pour relancer l’intérêt de l’auditeur. Alors histoire de vous faire saliver, sachez que leur premier véritable album, déjà enregistré, vient d’être mixé par Daniel Bergstrand (DARK FUNERAL, STRAPPING YOUNG LAD, etc.) et que le donc bouillonnant Ragnar y tient en moyenne des tempos de plus de 260 BPM, avec apparemment une pointe à 300 ! Et je peux vous garantir que si ce futur disque, pour lequel le groupe cherche activement un label, réussit à retranscrire la furie live dont j’ai été témoin à ‘Eistnaflug’ et à transformer l’essai de ‘Hollow Empty Void’, des têtes vont tomber. A part SOLSTAFIR vous ne connaissiez pas le métal islandais ? Il est temps de s’y mettre !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 7/10 | Nb de lectures : 12605