Ca fait maintenant une bonne dizaine d'années que BEHEMOTH revient nous hanter régulièrement. En 6 albums et presque autant de MCD et démos le style du groupe a largement eu le temps d'évoluer. Après le black à tendance païenne des excellents "Sventevith" (1995) et "Grom" (1996) c'est sur "Pandemonic incantations" l'album charnière de 1997 que le groupe polonais a entamé sa lente mutation en incluant une bonne dose de death metal dans son black et en accèlèrant, par la même occasion, la machine. "Satanica" (1999) et "Thelema.6" (2001) n'ont fait que confirmer cette tendance en montrant un BEHEMOTH de plus en plus apparenté au death metal et de plus en plus éloigné de la musique de ses débuts: le black metal. La technique a pris le pas sur les atmosphères et la production s'est elle aussi améliorée avec les albums. On pouvait donc légitimement penser que ce "Zos kia cultus" serait un album de pur death metal, aux tempos encore ralentis et à la production carrée et puissante. on peut dire que de ce coté là, BEHEMOTH ne crée pas la surpise et nous sort un album dans la droite lignée de ces prédécesseurs et suit la ligne directrice qu'il s'est tracée depuis quelques années. Paradoxalement, alors que les albums de BEHEMOTH lèvent (légèrement) le pied sur les tempos, leurs concerts demeurent de véritables déchaînements de violence. Si vous avez eu l'occasion de voir récemment BEHEMOTH sur scène, ne vous attendez pas à un tel déversement de haine sur cet album. La rage de BEHEMOTH est canalisée et distillée avec parcimonie, seule la dose nécéssaire est utilisée. L'atout principal de ce disque est sans conteste la technique et la qualité d'écriture des riffs. Outre une batterie des plus impressionnantes, on a droit à un Nergal au sommet de sa forme qui nous a pondu pléthore de riffs catchy à souhait. Le problème que me pose cet album, c'est que quand je l'écoute, je ne me peux m'empêcher de penser à MORBID ANGEL, peut être à cause du chant de Nergal que je rapprocherai un peu de celui de David Vincent; mais également à cause de certains riffs qui me rappellent parfois ceux qu'est capable de nous sortir d'on ne sait où le sieur Trey Azagtoth. Le son de guitare et certains passages plus lents ou "atmosphériques" m'évoquent quant à eux NILE. Toutes ces ressemblances sont quand même relativement embarassantes pour un groupe qui sort la son septième album studio. BEHEMOTH n'est il pas capable de se défaire de ses influences, de trouver sa propre voie, de sonner comme du BEHEMOTH ? Ce n'est visiblement, ou plutôt audiblement pas encore le cas sur cette cuvée 2002. Attention, que tout cela ne vous fasse pas passer à coté de ce "Zos kia cultus" qui n'en demeure pas moins une véritable bombe, à l'efficacité redoutable, un album très homogène, duquel aucun titre ne ressort vraiment mais dont la qualité ne se dément pas de la première à la dernière seconde. BEHEMOTH clot en beauté une très bonne année 2002 pour ce qui est du death metal.


Rédigé par : Sheb | 15.5/20 | Nb de lectures : 10974