Allez, on est entre nous. Je profite de cette chronique un peu tardive du dernier EP de Behemoth pour me confesser en toute discrétion. Tout le monde s'en fout de cet EP, puisque tout le monde a les yeux rivés sur les studio reports du prochain opus des Polonais. Donc, chers lecteurs, je peux vous l'avouer tranquillement: j'ai honteusement pêché. C'était la première fois et, promis, je ne le ferai plus tellement cet instant hante encore ma mémoire. Tout comme cette image scabreuse de Cobra en porte-jarretelles, la ficelle du string dépassant de sa couane poilue, lors de la bar mitzvah du petit wasted (vous croyez que Gad Elmaleh a inventé le personnage de Coco, vous? Wasted est Coco, bien évidemment!). Comme je vous le susurrais, oui, j'ai pêché. J'ai surnoté The Apostasy d'un point à l'été 2007. Je sais, c'est terrible comme info. Alors, pourquoi cet insidieux point? J'allais lui mettre une note terrible et une sélection à cet album, c'est pas le souci. Ben, pour être honnête, c'était juste pour niquer le dernier Nile qui a été chroniqué en même temps. Il était juste impensable que le dernier somnifère des ricains momifiés passe devant la pure sauvagerie des polacks. Voilà, j'ai tout déballé. Laissons l'Histoire juger cet acte terrible quand des chimpanzés prendront connaissance de nos disques durs Hail SATA après l'hiver nucléaire. Quoi? Ah oui, le dernier EP de Behemoth.

Comme je le disais, tout le monde s'en fout de cet EP. Il est sorti en novembre dernier chez Regain et pourtant je n'ai jeté une première oreille dessus que le mois dernier. Il n'a pas fait trop de vagues, le bestiau. Et dans les entrailles de ses 28 minutes, vous trouverez sept titres offrant à boire et à manger. A savoir deux titres studio, deux reprises (le tout enregistré pendant les sessions de The Apostasy), trois titres live et une rondelle de saucisson. Quoiqu'à la relecture, je ne sois pas certain de mon coup pour la rondelle de saucisson. M'enfin.

Le morceau d'ouverture "Chant for Ezkaton 2000 e.v." est un réenregistrement studio de "Chant for Ezkaton 2000" (ouais, ils se sont pas crevés la paillasse pour le titre). Contrairement au premier abord, "e.v." ne signifie pas "enhanced version" mais "era vulgaris" pour ce réenregistrement d'un morceau qui annonçait à sa sortie l'obscurité du nouveau millénaire. Ca ne fait pas de mal de voir ce titre de Satanica remis au goût du jour, tellement il fait partie du répertoire classique de la bande à Nergal. Plus brutale, la relecture fait perdre un poil du côté martial de l'original, sans déroute possible de l'auditeur. Et la version live que vous trouverez en clôture de l'EP fait écho à celle d'origine parue sur l'EP Conjuration en 2003. Rien de neuf pour l'heureux possesseur du dernier live, toutefois.

Vient ensuite le second titre studio, à savoir le dénommé "Qadosh". Lourd, lent pour du Behemoth, le titre joue la carte de l'ambiance poisseuse... pendant 30 secondes. Après, ça bastonne à tout-va dans une première moitié de titre de death bien brutal comme le combo en pond sur ses dernières offrandes, aux intonations de chœurs guerriers près. Puis, à partir de la partie centrale, la bande pose une partie aérée qui évoquera aux plus anciens les élans mélancoliques d'un Loudblast époque Sublime Dementia (ce qui n'est pas pour me déplaire). Moins direct que les compositions habituelles, "Qadosh" ne justifie probablement pas l'achat, mais s'avère agréable.

Ensuite, Behemoth se fend de deux covers. On commence par "Jama Pekel" de Master's Hammer que Behemoth est parti exhumer de l'album Ritual, sorti en 1991. Alors que Nergal, la morve au nez, montait son combo sans imaginer une seconde le chemin à parcourir, la formation tchèque Master's Hammer sortait déjà un premier opus précurseur. Gageons que cette cover de Behemoth va pousser la nouvelle génération à s'intéresser à un des groupes les plus respectés de l'UG tchèque. Hormis une maitrise instrumentale bien supérieure, Behemoth n'apporte pas un véritable souffle à l'original, lui restant même très fidèle. Pour l'occasion, ce sont le vocaliste et le bassiste du groupe Root (autre référence tchèque) qui pousse les vocalises sur cet inédit (avec la présence guest du pote Krzysztof Azarewicz). A noter que le thrash/black très personnel de Root sera présent à l'affiche de l'Inferno festival cette année (ils étaient passés à Paris, mais je me souviens plus quand). S'ensuite une cover des Ramones, en la présence du blasphématoire "I'm not Jesus". Fun et frais, le titre s'avère sympathique, grâce à une relecture obligatoire pour faire rentrer le bidule punk dans le moule death.

L'EP se termine par trois titres live issus du récent At the Arena ov Aion, dans l'ordre d'apparition "From the Pagan Vastlands", "Decade ov Therion" et le fameux "Chant for Ezkaton 2000 e.v.". En toute logique, ces trois titres sont parfaitement inutiles pour les possesseurs du live. A la réécoute, je trouve même que "Decade ov Therion", qui s'incluait fort bien dans le cadre de l'album live, détone ici par son ultra-vitesse, qui fait ressortir les alignements de riffs trop rapides pour vraiment être exaltant. C'est sûr que ça envoie grave, par contre.

Probablement pas l'EP de l'année, ce qui explique qu'on en parle assez peu, mais un bon amuse-gueule en attendant le nouvel album. Et vu les studio reports, les Polonais nous promettent du lourd, des flammes et des jambières à pointes.


Rédigé par : Prince de Lu | 07/10 | Nb de lectures : 13097