Quoi de mieux pour célébrer les 20 années de Behemoth que de nous ressortir du placard une compilation déjà parue il y a cinq ans? Il faut dire qu'on connaît presque tout de Behemoth et que trouver de l'inédit commence à être assez délicat (la première démo peut-être?). Regain records n'étant plus là pour contester, c'est Metal Blade qui se charge de la re-sortie du bestiau. Comme le premier pressage, le tirage du double CD digipack est "limité" à 10 000 exemplaires. J'ai vu une info parlant d'une version gatefold double vinyl limité à 250 exemplaires, mais je n'ose penser que ce soit vrai et qu'on prenne les metalleux pour d'aussi grosses vaches à lait. Hormis son packaging, cette nouvelle édition est strictement identique à la version Regain. Je vous propose de rentrer dans le détail du contenu, les possesseurs de la précédente édition de Demonica peuvent sauter le paragraphe suivant.

Demonica est une compilation de matériel rare et de quelques inédits, le tout abondamment illustré. Concentrée sur les prémices du groupe, elle permet de découvrir les premiers efforts d'un Behemoth alors complètement sous l'emprise d'un black metal primal. Vous trouverez donc la seconde démo Return of the Northern Moon (1992), la troisième démo From the Pagan Vastlands (1993), les quatre titres de la K7 de pré-production du même From the Pagan Vastlands (contenant notamment une version alternative de "Blackvisions of the Almighty"), deux titres inédits de la session d'enregistrement de Sventevith (1994). Le contenu de ces deux disques est complété par deux titres ré-enregistrés par le line-up de 2004, à savoir "Transylvanian Forest" (qui apparaît sur l'EP And the Forests Dream Eternally, 1994) et "Spellcraft and Heathendom" (extrait de Grom, 1996). Vu les dates, vous aurez saisi que nous sommes dans le son bien roots de l'époque (hormis pour les deux titres ré-enregistrés et écrasés par le son brutal désormais habituel). Les nostalgiques des enregistrements dans des barils de lessive sur magnéto 4 pistes seront ravis, les fans des dernières productions death metal des Polonais seront choqués. C'est évidemment la valeur archéologique qui prime dans tout ça, car on ne peut pas dire que musicalement Behemoth crevaient le plafond sur ses premières démos (And the Forests Dream Eternally franchira un très gros cap). Dans ce type de compilations historiques, Demonica se situe dans la bonne moyenne, avec des morceaux très loin d'être inaudibles mais tout aussi loin d'être exaltants.

Comme évoqué, les nuances entre les éditions Regain et Metal Blade sont purement cosmétiques. Le superbe digipack A5 de Regain est remplacé par un double digipack épais format CD. Le livret central A5 est remplacé par deux livrets distincts insérés de part et d'autre du digipack. Un livret reprend la partie "histoires et notes additionnelles", l'autre livret compile les photos et les textes que Nergal avait eu tant de mal à compiler. Le contenu du livret "histoires et notes" est strictement identique à l'édition Regain et vous trouverez donc le témoignage de Tomasz Krajewski et un essai de Krzysztof Azarewicz (personnages ô combien importants pour Behemoth), des souvenirs de Baal et de Nergal. Le second livret subit bien plus les outrages du passage au format CD, les pages A5 se trouvant découpées ou re-dimensionnées. Les photos sont plus petites ou passent carrément à la trappe. Au passage, la news Metal Blade qui annonçait du contenu inédit est donc complètement mensongère (je cite "with rare photos and lyrics that were not included with the original release."). Les deux livrets Metal Blade sont de jolie qualité mais imposent un ton sépia qui recolorent les photos, un peu dommage de ne pas respecter le côté "brut" qui sied à ce genre de compilations d'enregistrements underground.

Chers possesseurs de l'édition Regain, vous aurez compris qu'il est urgent de ne pas bouger vos miches. Pour les autres, si vous n'êtes pas limité en terme d'espace de stockage de digi A5, je ne peux que vous conseiller d'investir dans l'édition Regain, encore largement disponible vu le tirage de l'époque. Mais si vous dégotez l'édition Metal Blade, le contenu sonore n'en sera pas différent pour autant. Pour le fan die-hard qui veut tout de Behemoth ou pour l'archéologue du black metal, Demonica est l'occasion (certes dispensable) de s'immerger dans les premiers hurlements d'un groupe qui a beaucoup beaucoup évolué depuis, jusqu'à devenir une grosse locomotive du death européen. Rien que pour ça, respect.


Rédigé par : Prince de Lu | Réédition/ | Nb de lectures : 14788