Tous les quatre ans, Behemoth y va de son bout de plastique enregistré en live, histoire de réactualiser les mémoires et de rouvrir les cicatrices laissées lors des concerts. Après la VHS Live Eschaton en 2000 et le DVD Crush.Fukk.Create en 2004, le support manquant était le CD pour ce nouveau live tiré de la tournée The Apostasy. D'abord annoncé par Nergal comme un DVD en début d'année, c'est donc bien finalement un CD live qui voit le jour chez Regain. Et notre petit cœur franchouillard ne peut que battre plus fort en sachant que la date retenue par les fougueux Polonais n'est autre que celle du 17 février 2008 à la Locomotive (Paris), avec un certain Stéphane Buriez aux manettes pour la mise en boîte de cette grosse heure de show.

De cette date avec Suicide Silence et Devilish Impressions, les spectateurs à la mémoire la moins défaillante se souviendront d'un Behemoth avec officiellement 1h20 de show au compteur. Ben oui, mais 80 minutes, en comptant qu'il y a une plage de données sur le skeud, ça ne rentre pas. Les deux rappels, la reprise de Turbonegro "I got Erection" et "Pure Evil & Hate", ont donc sauté pour l'occasion. C'est pas très grave, même si la plage de données ne légitime pas vraiment cette absence, puisqu'elle contient simplement cinq photos de la promo The Apostasy, le logo du groupe et une biographie en anglais.

Behemoth a l'avantage ce soir-là de passer après deux groupes mineurs, ce qui laisse aux Polacks toute l'occasion de briller. La setlist bute sa maman, sans toutefois réserver de grande surprise. Les retours du public ne sont pas envahissants. S'ils sont présents entre les titres et que Nergal fait participer les rangs pendant "Christians to the Lions", on est loin du faux stade de foot hurlant chez Dark Funeral. Mais cela suffit pour se rappeler entre chaque morceau que la prestation enregistrée est bien du live tellement l'ensemble est nickel. Ceux qui ont déjà vu le groupe en live savent à quel point le quatuor est impressionnant de carrétude tout en boostant encore plus vite les titres de son répertoire. Ne nous leurrons toutefois pas, les overdubs sont certains, comme en témoignent les deux mois d'édition dans les pattes de Kuba Mankowski (déjà responsable d'orchestrations sur The Apostasy) et le mois de mixage/édition dans l'AntFarm de Tue Madsen. Etant donné les prestations naturellement ébouriffantes du combo en live, je m'en tamponne un peu.

Le son est absolument énorme. Les triggs de la batterie claquent comme une mitrailleuse, les grattes ont la présence d'une armada de navires de guerre, la basse ronronne et vrombit en arrière-plan. Les voix sont également nickel, Nergal apportant ce qu'il faut de variété à ses lignes vocales pour donner une bonne chaleur à ce live. Et puis entendre le leader de Behemoth balancer quelques phrases en français entre les titres, ben ça le fait tout de même grave. Propre, ultra puissant, le set de Behemoth en envoie plein la gueule. Hormis peut-être pendant "Summoning Ov The Ancient", les Polonais ne relâchent la pression à aucun moment.

Les détracteurs qui trouvent le groupe trop artificiel continueront à émettre la même opinion tellement l'ensemble est parfait. Behemoth reste fidèle à lui-même; un combo blasphémateur qui à force de travail a la main assez balèze pour te maintenir la tête dans la fange jusqu'à étouffement. Hormis un solo de batterie dispensable (mais qui sert de courte pause), ce live est juste une boucherie ultime où Behemoth explose la touffe de nombreux combos. Simplement appuyé par ses samples d'intro, le groupe remet en place sans aucune difficulté les ambiances de ses albums. C'est ce qui fait le plus mal: la facilité de toute cette brutalité. Alors que certains guitaristes tirent la langue et souffrent de jouer des titres comme "Decade ov Therion" au tempo de l'album, la bande à Nergal balance ses hymnes à vitesse démultipliée grâce à un Inferno débridé, augmentant la violence des morceaux sans en altérer aucunement la limpidité. Ca fait très, très mal.

Etant un adepte du "un live se vit dans la salle", je ne garantis pas que ce CD tournera beaucoup dans ma platine. Mais pour l'instant la grosse heure de concert passe comme une lettre à la Poste à chaque écoute. Pour sa réalisation je le mets sans problème au niveau du De Profundis Clamavi... de Dark Fu qui est pour moi une référence dans la retranscription sur CD de morceaux enregistrés en live. Et vu le niveau des zicos, cet album de Behemoth ne peut même être que supérieur au brûlot des Suédois. Présenté dans un digipack contenant un livret de 36 pages sobrement illustrées de très belles photos, At the Arena ov Aion est un tout simplement un indispensable pour les amateurs de CD live et un achat obligatoire pour ceux qui ont vécu la prestation in vivo.

Les Polonais se souviennent que c'est grâce à Napoléon qu'un état polonais avait temporairement revu le jour. Et deux cents ans plus tard, le 17 février 2008, le nouveau Roi de Pologne a apporté la guerre dans notre capitale. La boucle est bouclée. "J'y étais!" pourront fièrement clamer les grognards survivants.

Tracklist (68:08)
1 - Rome 64 (1:35)
2 - Slaying The Prophets Ov Isa (3:39)
3 - Antichristian Phenomenon (4:14)
4 - Demigod (3:36)
5 - From The Pagan Vastlands (3:57)
6 - Conquer All (4:17)
7 - Prometherion (3:14)
8 - Drum Solo (1:14)
9 - Slaves Shall Serve (3:08)
10 - As Above So Below (5:47)
11 - At The Left Hand Ov God (4:57)
12 - Summoning Ov The Ancient (5:23)
13 - Christgrinding Avenue (4:05)
14 - Christians To The Lions (3:16)
15 - Sculpting The Throne Ov Seth (4:56)
16 - Decade Ov Therion (2:48)
17 - Chant For Ezkaton 2000 (8:00)


Rédigé par : Prince de Lu | Le monstre est vivant/ | Nb de lectures : 14739