Le temps joue contre nous tous en général, et contre le chroniqueur en particulier, c'est un fait... Que dire aujourd'hui de ce disque de Beehoover (le second) qui n'ait pas été lu dans cet excellent mensuel "aléatoire" sous-titré "Rock Culture Magazine"? L'opus du duo teuton y est en effet traité à deux reprises, et force est de constater la pertinence de ce traitement...

Labellisé jazz-doom progressif par Exile On Mainstream, le duo basse-batterie nous propose effectivement une musique hybride à la croisée de plusieurs styles, tout en restant dans une sensibilité clairement "rock métal", ou plutôt "métal indé" pour être exact.

Si leur formation basse-batterie (plus voix) les rapproche de manière évidente de BIG BUSINESS, les allemands oeuvrent cependant dans un style plus franchement "stoner", voire effectivement "doom" (pas seulement parce que c'est à la mode, mais surtout pour l'ombre de BLACK SABBATH qui plane). BEEHOOVER peut aussi faire penser à CLUTCH, pour certaines interventions vocales réminiscentes de Neil Fallon, ou bien évidemment aux MELVINS (aujourd'hui constitués pour moitié de BIG BUSINESS justement). Pour oser un parallèle quelque peu fumeux, et pour rester dans la famille Exile On Mainstream / New Wave Of German Heavy Metal, on tiendrait avec BEEHOOVER le pendant "métal" à VOLT, eux aussi influencés par MELVINS mais dans le registre "noise". En ce qui concerne les références moins clairement "stoner / doom", on citera TOOL, pour cette propension à laisser groover cette basse si particulière au centre du propos, ou un PRIMUS dans ses aspirations les plus Pink Floydiennes (Roger Waters-era donc).

On pourrait a priori croire la formule basse + batterie limitée et condamnée à la redondance, mais BEEHOOVER (aussi connus pour incarner 2/3 de VOODOOSCHOCK, groupe de doom teuton) parvient à lui donner un nouvel intérêt. La basse est riche en effets qui la rapprochent souvent d'une guitare bien grasse et caverneuse, le jeu de batterie se montre très efficace dans le style (plus proche de BIG BUSINESS que de LIGHTNING BOLT, évidemment) et surtout, les arrangements vocaux s'avèrent extrêmement réussis: les voix sont variées et partagées entres les deux musiciens, dans des registres grandiloquants ou plus rageurs, mais, toujours empruntent de mélodie et véritablement chantées, elles apportent un intérêt certain aux 10 titres de ce "Heavy Zoo" où l'ambiance est majoritairement à une certaine lourdeur enjouée retranscite par une musique riche, dynamique et variée, en plus d'être heavy.

Si les deux premiers titres posent le décor, en véritables condensés des influences "méal indé" précitées, c'est "Pain Power" qui fait monter la pression: varié et progressif, d'une efficacité imparable, le morceau est une telle réussite qu'il se permet l'incorporation d'un clavier qui pourrait le faire sombrer dans le ridicule s'il n'était si bien amené. La suite est à l'avenant, et outre un interlude "boite à musique" et un morceau accoustique ("My Funeral Procession") rappelant le "Jail" de DOWN ou le "Planet Caravan" de BLACK SABBATH repris par PANTERA, l'opus est constitué de morceaux tous plus rock et entraînants les uns que les autres, puisant leurs ambiances dans les influences précitées: intros Floydiennes ("Spirit And Crown", "I Desert"), riffage Toolien ("Dance Like A Volcano" ou encore "I Desert" agrémenté d'un feeling à la FAITH NO MORE, période "Angel Dust"), cavalcades et touches épiques heavy 80's, psychédélisme stoner rappelant QUEENS OF THE STONE AGE, et toujours ces arrangements vocaux, associants choeurs, mélodies et questions-réponses du plus bel effet.

La visite de ce "Heavy Zoo" vous prendra à peine 45 petites minutes, et il y a fort à parier que vous y retournerez tant la ménagerie qu'il abrite est intrigante, à l'image du lièvre-radar de la pochette.


Rédigé par : NicoSata | 15,5/20 | Nb de lectures : 11326