Voici un disque qui n'aurait probablement pas eu sa place sur notre site il y a quelques années. Non pas en raison de sa qualité, mais bien du style abordé. Ici on navigue dans un indus/electro particulièrement hermétique et tarabiscoté et la présence d'une guitare n'entraînera pas forcément l'adhésion automatique des métalleux. Ce duo, qui officiait à priori autrefois dans Adelscott, nous présente un album qui ne se moque pas de son monde : 72 minutes nous sont offertes et certains feraient bien d'en prendre de la graine.
Pourtant, écouter cet album d'une traite ne sera pas donné à tout le monde. On navigue dans une sphère d'influences particulièrement large et le non-initié hurlera d'effroi à l'écoute de certains morceaux. Imaginez un Laibach sous acides et vous obtiendrez "Digital restless", pensez au Krafwerk le plus minimaliste et vous aurez "Sweet fountain" et sa douce incrustation arabisante ou alors l'intrigant "Cool healing room", façonnez vous l'idée d'un KMDFM encore plus tordu et on obtiendra "Apple for all" ou bien le coquin "Tic tac tits". Dans tous les cas, Beat in Zen cultive l'idée d'une musique particulièrement personnelle et plutôt difficile à appréhender en raison d'une approche très expérimentale de la musique industrielle -on ne trouvera que peu de morceaux construits sur un schéma classique couplet-refrain-couplet-. On trouvera également une influence énorme du côté de la scène new-wave/electro des années 80. Beat in Zen aime entretenir son côté un peu kitsch en piochant de nombreuses sonorités truculentes dans cette mouvance comme pourrait le faire un And One, toujours avec déférence et ingéniosité. On retrouve cette impertinence dans pas mal de lignes mélodiques tout au long du disque.
La guitare est placée la plupart du temps en retrait et part belle est faite à la rythmique, construite autour d'une boîte à rythmes aussi bruyante qu'exagérément mécanique. Il en résulte une froideur terrible, renforcée par le traitement vocal, bien plus porté vers le cybernétique que vers des considérations humanoïdes. Les samples, assez nombreux, sont assez bien choisis et élaborés et on constatera avec plaisir que ce ne sont pas les mêmes gimmicks éculés qui sont utilisés comme on a pu le constater dans quelques productions récentes de metal indus.
Je répète donc que Beat in Zen n'intéressera qu'une frange aventureuse de nos lecteurs. "Ocean Captive" n'est pas un disque parfait car souvent un peu éparpillé dans sa construction, assez handicapé par sa production trop synthétique et qui semble parfois échouer dans sa quête de la création de ce que l'on pourrait appeller le "trip-hop du 4° millénaire". Pourtant, les points positifs prennent l'avantage sur les quelques réserves que j'ai émises et c'est avec un certain plaisir que j'ai abordé ma découverte de Beat in Zen, ma préférence allant vers les morceaux les plus calmes. Le potentiel et le talent sont présents. On dira simplement qu'il leur reste une grosse marge de manoeuvre pour pouvoir véritablement se faire un nom.


Rédigé par : Loufi | 13/20 | Nb de lectures : 7578