Boudiou, elle m’aura donné du fil à retordre cette chronique. Battle Of Mice est un side-project de membres de Made Out Of Babies, Book of Knots et Red Sparowes qui signe là sa première œuvre. Connaissant le style des groupes d’origine, je savais déjà à quoi m’attendre: du rock planant et sombre avec une cinglée au chant. Me gourais-je de beaucoup ?

En me renseignant un peu sur ce projet, j’ai pu apprendre que la conception de l'album reposait entièrement sur le conflit, entre les membres d’une part (Julie la chanteuse ne peut apparemment pas blairer Josh le gratteux) et dans leurs propres têtes d’une autre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux-ci ont parfaitement réussi à retranscrire ces émotions gestatrices: de larges plages de calme préparent des tempêtes de colère et de frustration tout au long des 7 titres de A Day Of Nights. Bon, ceci dit, j’ai tout de même du mal à croire que des gens qui se supportent pas réussissent à composer, enregistrer et tourner ensemble, cela ressemble quand même assez à de la branlette intellectuelle à but promotionnel. Concentrons-nous plutôt sur la musique. La voix de Julie constitue le principal intérêt de cet album, il ne faut pas le cacher: sans elle, l’album perd quasiment tout son intérêt, puisque musicalement, le groupe joue un rock lent et lourd entrecoupé d’explosions saturées ‘noisy’ tout ce qu’il y a de plus classique et basique. La voix de Julie, donc, constitue la pierre angulaire de cette œuvre: haut perchée, souvent calme, parfois vociférée et toujours juste, elle rythme parfaitement les vagues de furie qui parsèment chacun des morceaux. Les autres musiciens exécutent eux leur partition sans fausse note, sans folie ni originalité non plus, malheureusement. C’est effectivement à se demander comment font le batteur et le bassiste pour ne pas s’endormir sur leur instrument, ils jouent les mêmes notes pendant plus de 40 minutes, sans changement de rythme ou presque. Il est de fait particulièrement difficile de distinguer un titre plutôt qu’un autre, même après des mois d’écoute. Autant j’étais enthousiaste les premières fois, happé par l’atmosphère intense qui se dégage de ce disque, autant sur la durée je me suis complètement lassé des 7 morceaux. ‘At The Base of The Giant’s Throat’ est beaucoup trop long et particulièrement soporifique, ‘Cave Of Spleen’ clôture l’album d’une manière plutôt bancale, démarrant très bien avec un son différent du reste de l’album, très ‘Red Sparowes’, pour finalement revenir dans ce même rythme de grabataires du post-harcore...Une bataille de souris, certes, mais générée par une montagne qui se dégonfle trop vite.

Bref, nul besoin de m’étendre des heures, A Day Of Nights porte bien son nom et ferait dormir un gabber en pleine montée d’ecsta sous un soleil radieux. Peut-être que les adeptes de drone y trouveront leur compte, mais ceux qui comme moi aiment leur post-hardcore bien varié et rythmé se lasseront rapidement. Un side-project moins convaincant que les groupes d’origine des membres à écouter tout de même pour le chant de Julie, impressionnant une fois encore.



Rédigé par : Candiria-Thon | 11/20 | Nb de lectures : 12484