Je connais certaines personnes qui n'ont aucun vice apparent. Ils semblent se satisfaire du luxe de la vertu et des bienfaits sans danger qu'elle semble leur apporter. Mais les experts avisés affirment que l'absence de vice est un vice en lui-même... faisons confiances aux érudits.
J'ai pu fustiger ici ou là, la tendance à « corifier » tout et n'importe quoi. Certains trouvent des formules réussies, parfois rigolotes et bien senties pour colorer leur stylistique musicale. Mais il arrive aussi qu'elles soient particulièrement lourdingues ou prétentieuses.
Je vais donc me vautrer dans ce vice moderne en vous parlant de la musique de BATTLE OF BRITAIN MEMORIA qui nous présente ici son premier album, "The aftermath of your bright beings". Pour moi, ils font du "28joursplustardCore".

Comme le dit Rob Zombie, les fans de metal sont bien sont souvent des fans de films d'horreur. Mais les fans de films d'horreur ne sont pas systématiquement des fans de metal. Bon, on est entre nous hein ? Vous avez vu le film non ?
La B.O de « 28 jours plus tard » est, je trouve, assez réussie et il y a dedans un morceau particulièrement remarquable : "In the house In a heartbeat" de John Murphy. Vous l'avez peut-être entendu, il a même été utilisé par des émissions de T.V pour ponctuer leurs scènes les plus mélo/dramatico/inquiétantes.
Sur une base rock, les guitares montent progressivement sur une suite de trois ou quatre accords avant que la distorsion ne dévaste le tout sur un mid tempo fracassant. Cela colle drôlement bien à des images apocalyptiques ou à des scènes d'actions musclées.
Virilisez-moi le tout avec quelques ajouts screamo/post, quelques hurlements de veau en manque de leur pitance habituelle et vous obtenez quelque chose s'approchant des morceaux de BOBM. Le deuxième morceau, « Metaphysics of the lighthouse », devrait vous convaincre que même si j'ai un goût prononcé pour l'exagération, je ne suis pas si loin que ça de la vérité.

Ce jeune combo de la région toulousaine nous livre ici son premier méfait, un concept album qui réunit tout ce qu'a produit le groupe jusqu'à présent. Volontiers écorché vif mais misant beaucoup sur les montées en puissance et les nuances, BOBM est un groupe qui n'a pas l'air très joyeux et qui nous livre son spleen avec une énergie aux confins du désespoir.
Les garçons jouent carré et sans être d'une originalité vraiment stupéfiante, ils arrivent au résultat qu'ils s'étaient probablement fixé au départ : émouvoir et secouer.
On est ici au carrefour du screamo, du post et de la B.O. Très ambiant à de nombreux moments, le groupe maîtrise son sujet même si on regrette par moments un certain manque de rebondissements et une forme de redondance dans les attaques.
Les guitares construisent leur citadelle autour de simples mélodies jouées en son clair. Quelques notes, un rythme lancinant et un tempo très marqué aide le groupe à envelopper l'auditeur d'une aura brumeuse inquiétante. Une petite impression de déjà vu se glisse rapidement dans les rouages de la machine et accentue un peu le côté répétitif des compos.
Les couches ont du mal à se superposer et il semble par moments que le groupe a des difficultés à sortir de la formule qu'il a trouvée au départ. Une chanson comme « Midnight Blue » aurait pu tout aussi bien continuer comme elle avait commencé, elle n'aurait eu que plus de relief par rapport aux autres.
BATTLE OF BRITAIN MEMORIAL propose donc avec "The aftermath of your bright beings" une musique qui est intéressante mais qui souffre de petits défauts qui l'empêchent de devenir cette sublime musique lugubre qu'elle semble tant vouloir devenir. Ce qui sauve le groupe au final, c'est que leur façon de jouer le « Post/screamo ». Leur sensibilité est leur plus belle arme. Il est très souvent auréolé chez les autres groupes par des passages brutaux ou des mièvreries chantantes insupportables. BATTLE OF BRITAIN MEMORIAL semble trop aimer ce qu'il fait pour se laisser prendre à ce type de piège. Respect rien que pour ça et vivement la suite.


Rédigé par : Pamalach | 12/20 | Nb de lectures : 12684