L'amateur de musiques actuelles soucieux d'embrasser un large panorama de la production extrême peut se faire du souci. Non content de voir les formations naître puis disparaître avec la rapidité d'un vol d'éphémères un soir de juillet, les membres de groupes à la réputation solidement établie se lancent dans une ronde de chaises musicales qui provoque indifféremment l'excitation ou l'ennui parmi les fans.
J'appartiendrais plutôt à la deuxième catégorie, notamment dans les cas où la création de so-called-all-stars-band répond davantage à un délire de potes qu'à une impérieuse nécessité d'ordre artistique. Barren Earth -puisque il s'agit d'eux- a provoqué quelques émois à l'annonce de son prestigieux line up regroupant des membres de Swallow The Sun (chant), Kreator (guitare), Moonsorrow (batterie) ainsi que deux ex-Amorphis (basse et clavier). Toute cette fébrilité était-elle justifiée?

Globalement oui, inutile de faire durer le suspense, ça fonctionne plutôt bien. Mais j'ai envie de nuancer immédiatement en ajoutant que ça fonctionne surtout parce que le groupe évolue dans un registre extrêmement codifié dont il ne tentera à aucun moment de s'échapper au cours des quatre titres consituant ce premier EP. Un death/prog/melodique/vin rouge au coin du feu après une séance de sauna finlandais qui a fait les heures de gloire de... Amorphis (période "Elegy") justement dont l'ombre plane au-dessus de chaque titre. Sans que la référence soit trop pesante on voit clairement où nos larrons veulent en venir si bien que l'absence de surprise ou d'audace peut chagriner l'auditeur.
« Our twilight » possède évidemment les qualités de ses défauts et présente une musique de grande qualité servie par le mix irréprochable d'un certain Dan S. (sigh). Des morceaux efficaces dont les principaux atouts sont l'alternance growls et chant clair, les mélodies et arrangements aux claviers flirtant avec le rock 70's, les parties de guitare classieuses et une structure globale généreuse qui évite la redondance.
Curieusement je retiendrais davantage les derniers morceaux du EP, les plus anciens, « Floodred » pour son break final plutôt renversant et « The flame of serenity » pour son illustration des poèmes d'Omar Khayyam, des fabuleux quatrains glorifiant l'ivresse et la volupté.

L'ensemble demeure un peu court pour faire un pronostic sur la capacité du groupe à délivrer un album de qualité, voire à développer une touche plus personnelle. L'inconvénient à sortir un EP pour harponner les fans réside dans la frustration que génère la brièveté d'un tel disque ; vingt minutes pour créer une ambiance, quatre titres pour séduire et déjà il ne reste plus que le silence pour combler nos attentes.


Rédigé par : #Guillaume# | 07/10 | Nb de lectures : 11700