S'il on devait s'en tenir au patronyme du groupe et à la pochette de ce premier album dont le classicisme confine à la facilité, on aurait tôt fait de considérer Barren Earth comme un énième groupe de death/doom atteint de sinistrose aiguë. Seulement voilà, Peaceville records est devenu en peu de temps un véritable gage de qualité alignant les signatures prestigieuses et quand un petit nouveau rejoint l'écurie ce n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un débutant.

Barren Earth, vous le savez si vous avez lu la chro du récent EP « Our Twilight » ou simplement suivi le buzz médiatique est un groupe finlandais composé de musiciens de renommée fédérés autour d'un nouveau projet de progressive death. Tout ce beau monde profite d'accalmies dans les calendriers surchargés de Swallow The Sun (Mikko Kotamäki/chant), Kreator, Waltari (Sami Yli-Sirniö/guitare) , Moonsorrow (Marko Tarvonen/batterie) pour retrouver deux anciens Amorphis (Olli-Pekka Laine/basse ; Kasper Mårtenson/claviers) à Helsinki et s'adonner aux joies du suomi melodic death dans la plus pure tradition initiée il y a une quinzaine d'années. C'est donc sans surprise que le mix et le mastering final se sont opérés du côté de chez Swanö (revoir mon premier amour sous le chêne).
Très classique dans la forme donc, on retrouve la limite inhérente à l'exercice qui se dessinait déjà à l'écoute du EP. Les fanatiques du genre seront ravis, les auditeurs en attente d'un peu plus d'audace passeront astucieusement leur chemin. Il n'en reste pas moins que les neuf titres présents sur cet album sont à la hauteur de leurs ambitions, sans doute grâce à l'expérience des différents membres du groupe dont les origines et sensibilités spécifiques tirent tantôt les compositions vers un doom poétique porté par le chant clair de Mikko K, ou le rock prog' grâce aux nombreux breaks acoustiques aérant les morceaux. Rien ne manque, soli classieux, mélodies profondes des claviers, lignes de chant caverneuses et une tonalité générale colorant le tout d'un feeling délicieusement 70's (cf. la fin de l'excellent titre « Curse of... »). Opeth-like diront certains mais ça peut devenir gonflant en effet.

Bien sûr cette sensation de déjà-vu persiste tout au long de l'album et culmine sur des titres comme « Forlorn waves » ou « The rituel of dawn » qu'on dirait exhumés des chutes du cultissime "Elegy" d'Amorphis. Ce type de désagrément est aisément pardonnable pour un album qui tient largement ses promesses, cependant le groupe a tout intérêt à affiner son identité sous peine de lasser les amateurs du genre les plus indulgents.
Au chapitre des déceptions j'ajouterais la tonalité dépressive du visuel de l'album qui ne rend pas honneur au souffle poétique et à l'énergie qui sous-tend les compos. Dans le même registre le titre de l'album manque un peu d'authenticité et sonne au choix comme un vieux western de John Ford ou une poésie de William Blake. « ...Regarde la rivière, rouge du sang des Hommes, rugir lascivement autour de mes genoux rocailleux. »

Alors, album one-shot ou authentique groupe dont le meilleur reste à venir ? Difficile à dire vu que la majorité des membres de Barren Earth sont impliqués dans d'autres formations très actives et tout aussi exigeantes. La pérennité de la formation dépend certainement de l'accueil qui sera réservé à leur premier essai. A votre bon cœur.


Rédigé par : #Guillaume# | 15/20 | Nb de lectures : 12564