Ca doit être la 150ème fois que je le précise, mais j'avais soigneusement évité "The Red Album". Un trop-plein de je-ne-sais-quoi qui le rendait imbuvable à mon égard, et c'était pourtant pas faute d'avoir essayé. Mais pour ceux qui sont dans le même cas de figure, "The Blue Record" devrait réconcilier les déçus de son prédécesseur. Pas qu'il soit plus couillu ou moins porté sur les mélodies que "The Red Album", au contraire, juste qu'il semble plus rock'n roll, plus peaufiné, plus tubesque, fidèle à l'échantillon qu'on avait pu en avoir lors de leur tournée d'avril. Du vrai miel pour tes oreilles, qui te donnera envie de te laisser pousser les rouflaquettes et de refaire ton stock de chemises à carreaux pour enfin avoir la classe, la vraie. La mienne.

Moins prog' qu'un MASTODON et moins hargneux qu'un KYLESA, ce second opus de BARONESS est situable au confluent des deux dernières livraisons de ces monstres issus du vivier de champion géorgien. Et arrive lui aussi à transformer ces influences heavy/prog/classic rock ringardes et niaiseuses, reprises par tous les barbus du Midwest en quelque chose de fabuleusement bon. Défini comme la petite soeur de "The Red Album", ce qui est le cas, puisqu'il me donne envie de sautiller comme une pucelle sur mon matelas en secouant les couettes que je n'aurai jamais, "The Blue Record" fourmille de détails raffinés, de chants clairs même plus irritants et est mu par un Mojo rock'n roll tout bonnement irrésistible.

Ca ose même la ballade qui fleure bon le patchouli ("Steel That Sleeps the Eye"), et même là, ces enfoirés jouent avec tellement d'authenticité et de talent que ça en devient terriblement bon. Le groupe fait preuve d'une richesse rare dans les arrangements, et l'adjonction de piano sur certaines parties renforce ce côté gros rock'n roll version saloon. Avec une production aux petits oignons, claire mais pêchue, mijotée par John Congleton (EXPLOSIONS IN THE SKY, MARYLIN MANSON, mais aussi R Kelly ou Bono!), nul doute que "The Blue Record" est armé pour faire face aux années avec fougue. Quand le branlage de manche est étalé avec autant de virtuosité, impossible de ne pas succomber.

Je crois qu'il est inutile de glisser un mot sur l'artwork qui est superbe comme à leur habitude, puisque quand John Dyer Baizley lâche le mic' et la gratte pour chopper ses crayons, tu sais que le miel va être pour tes yeux aussi. BARONESS confirme avec "The Blue Record" son statut de groupe majeur de la scène revival à barbes, grâce à un charme fouuuuuuuu et un songwriting de haute volée. Parce qu'il faut pas croire, mais ils se cassent infiniment plus le cul à composer qu'à nommer leurs albums.


Rédigé par : Crown_Me | 16/20 | Nb de lectures : 13811