"The Red Album", c'est le genre d'albums que j'aurais aimé apprécier mais qui me laisse sur le bord du chemin à chaque fois. Pas moyen d'accrocher à ces Mastodonneries qui auraient poussé leur trip seventies suffisamment loin pour perdre en route à la fois lourdeur et auditeurs réfractaires aux barbes shampouinées. Reste qu'au Hellfest, ça donnait l'impression de ratiboiser sec, mais ma méconnaissance de leurs anciens travaux réputés plus plombés et hargneux m'avait empêché d'apprécier leur set à sa juste valeur.

Pour ceux qui sont dans mon cas (ou pas), voici l'occasion de pousser un gros "YEEPEEEE!" de circonstance. Puisqu'Hyperrealist balance "First And Second", soit une réédition sur le même bout de plastique des deux premiers EP du groupe devenus difficiles à dégotter, "First" et...non, cherchez un peu. Bout de plastique délivré dans un packaging d'enfoiré, digipack-slipcase-lettragebrillant-classeultime, et qui nous rappelle que John Dyer Baizley, chanteur/guitariste du combo, est aussi l'un des illustrateurs les plus classieux de ces dernières années (cf Pig Destroyer, Torche, Kylesa, Darkest Hour and co). Le moins que l'on puisse dire, c'est que la baronne sait recevoir...

Et il aurait été bien triste qu'une si belle coquille demeure vide. Heureusement, c'est loin d'être le cas. Rapide état des lieux: la Géorgie semble être un terreau fertile pour les groupes se plaisant à dilapider de différentes manières leurs héritages metal/stoner/hard/punk/psyché/crust/70's/sludge, que ce soit Mastodon, Torche, Black Tusk et autres Kylesa. Kylesa, qui voit d'ailleurs son guitariste/producteur, Phillip Cope, offrir un léger relifting au son de "First And Second", intérêt il faut l'avouer assez maigrichon étant donné qu'il avait déjà signé les mix/masterings originaux déjà costauds.

Place au plat de résistance, place aux ritournelles. Effectivement, le son de Baroness se faisait bien plus in your face par le passé, engaillardi aux éructations grasseyantes et de section basse/batterie qui tache. Les parallèles faciles avec le Mastodon des anciens temps tiennent toujours, mais doivent plus à des influences communes qu'à un mimétisme voulu. Car Baroness offre sa propre lecture, à base de stoner-metal hargneux tout en gardant en ligne de mire une dimension assez mélodique, ce qui ne l'empêche pas d'aller claquer un sprint crust voire melodeath au détour de quelques plans ("Tower Falls", "Coeur").

Niveau lourdeur, les coups de boutoirs sont aussi légion que jouissivement écrasants, le genre d'impacts qui résonnent comme des gongs en bronze dans ton crâne. Alors qu'il ne s'agissait que des premières livraisons du groupe, les compos sont assez impressionnantes, tant elles fourmillent de riffs qui claquent à la gueule et de mélodies qui collent aux n'oreilles. De quoi regretter leur évolution, oui et non, puisqu'entre les Akimbo, Coliseum, Lords et j'en passe, c'est pas les combos capables de satisfaire les amateurs de rock'n roll très, très, très gras qui manquent. En attendant, ces six titres se révèlent être de véritables pépites; pas de quoi les faire racheter à ceux qui les possèdent déjà malgré l'emballage, mais pour tous les autres amateurs de sonorités graisseuses, "First And Second", c'est de l'inloupable.


Rédigé par : Crown_Me | Réédition/ | Nb de lectures : 11671