Le personnage de Bardi Johannsson gravite dans les hautes sphères des arts les plus nobles… Depuis l’année 2000, ce mélomane islandais s’en est allé de succès en succès, de signature en signature avec quelques grands labels (Warner, EMI…), de collaboration en collaboration, de production en production (pour David Grumel, par exemple)… Travaillant pour le cinéma, la télévision, travaillant à l’écriture de bandes sons pour documentaires et allant jusqu’à passer derrière la caméra pour réaliser un court métrage ainsi qu’un faux documentaire sur lui-même… L’activité débordante et les œuvres de cet individu atypique ont de quoi nous étonner et nous fasciner. Son autre passion pour le cinéma et sa participation à l’écriture de nombreuses bandes originales se ressentent ici dans son troisième album «Haxan», possédant des côtés très théâtraux. A l’écoute des tous premiers titres, il me vient à l’esprit des similitudes avec certaines BO, telles que celles du canadien Howard Shore (tout d’abord le compositeur attitré de Cronenberg pour lequel il a écrit dernièrement la BO de «History Of Violence», il contribue également à la réalisation des BO de «Lord Of The Rings», « Gangs Of New-York» et «Aviator») ou encore celles de Danny Elfman (composant la majorité des BO des films de Tim Burton). Ces deux exemples devraient vous permettre de vous rendre compte de la couleur qui correspond à la musique de ce «Haxan». Comme ses deux congénères, Bardi Johannsson a une approche très classique de la musique, les montées lyriques présentes tout au long de cet album le prouvant.

«Haxan» est en fait la BO (composée a posteriori était-il nécessaire de le préciser ??!!) accompagnant un film/documentaire muet du même nom que l'opus en question, daté de 1922 et portant sur la sorcellerie. Réalisé par Benjamin Christensen, ce chef d’œuvre tentait d’apporter un certain nombre d’explications quasi-scientifiques à des évènements que l’on rapportait uniquement à la sorcellerie… Quelle ambition, donc, de tenter de rajouter sa touche à un film reconnu comme étant une référence en la matière. Mais Bardi Johannsson n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié. Début 2005, il développe tout d’abord une version de «Haxan» avec l’aide précieuse de l’Orchestre National Philharmonique d’Islande. Album qu’il enregistre ensuite à Sofia en dirigeant cette fois-ci l’Orchestre Symphonique Bulgare et avec le soutien de la Maison de la Radio de Sofia. La production est ensuite finalisée en Islande pour un mixage en janvier 2006. Une œuvre telle que celle-ci demande que l’on s’atèle à la tâche. Et je peux vous dire que le résultat est à la hauteur du temps qu’il lui a été consacré. Entre passages romanesques - parfois presque sublimes - et mesures angoissantes d’une noirceur sans précédent, ces soixante minutes de son pour sept compositions (un opus qu’il faut prendre en fait dans son entier…) ont de quoi tenir tout auditeur en haleine. Essentiellement instrumentale, cette musique pourrait convenir, outre aux amateurs de musique classique (même contemporaine, que vous aimiez Philip Glass ou Pierre Boulez), aux adeptes de musique ambiante… Jouant tour à tour avec les émotions, le compositeur tend à nous surprendre au détour d’une accalmie ou d’une tornade sonore bien souvent accentuée par les cuivres. Les quelques notes de piano ajoutées ça et là tendent à renforcer l’harmonie de l’ensemble.

Tout ceci me fait écrire que Bardi Johannsonn contribue autant que SIGUR ROSS ou BJORK à nous faire croire que les grands espaces froids de l’Islande sont véritablement propices à un esprit de créativité fertile au possible…


Rédigé par : DeadStar | 16/20 | Nb de lectures : 13565