Plus de 10 ans d’existence pour ce groupe danois, dans une scène où la durée de vie moyenne des formations doit tourner autour de 3 ans, on peut commencer à parler de rescap… euh de vétérans. Près de 2 ans après Showdown, Barcode nous présente son 5ème album, celui-ci étant particulièrement notable puisqu’il introduit au chant le remplaçant du charismatique Butch, le surnommé SS Graveyard.

On va lever le voile sur la curiosité principale de l’album: la prestation du fossoyeur de nazis va bluffer du monde. Car pour tout vous dire SS possède une voix si proche de celle de Butch qu’on en vient à douter que celui-ci ait réellement quitté le groupe. Elle est certes un peu moins rauque et ‘agressive’, voire un peu plus chaude que celle de l’ancien vocaliste, mais les nuances sont vraiment légères. Ce qui rassure pour les tournées à venir, puisque SS pourra sans aucun problème assurer les vocaux des anciens titres, les gros durs n’y verront que du feu dans le pit.

Musicalement, le groupe semble avoir définitivement trouvé son style et son champ d’expression depuis Hardcore. Le quintette officie donc toujours dans un HC résolument old-school et qui ne déparerait pas à Brooklyn ou dans le Bronx: pour ceux qui ne connaissent pas nos lascars, ils sont les Madball européens, rien de moins. Car il y a des groupes desquels on attend des surprises à tout niveau, des évolutions majeures, du renouvellement. Et il y a les groupes comme Madball ou Barcode, des stelles: quand on achète ou va voir Barcode, on veut du Barcode. Les aficionados retrouveront ainsi tout ce qu'ils ont toujours pu apprécier chez les Danois: un groove imparable, une efficacité redoutable et un esprit ‘gang' savoureux. Le groupe remplit donc le quota syndical de moshparts, breakdowns et singalongs, en glissant ici et là quelques riffs bien mélodiques mais toujours agressifs et tranchants. Le tout reste incroyablement éculé et classique, mais ce qui sépare les leaders des groupes plus anecdotiques, c’est évidemment la maestria, la patte, le pot dans lequel la soupe nous est resservie. Et Barcode possède indéniablement sa propre identité, il faut moins de 2 secondes pour reconnaître le groupe, un véritable cauchemar pour un blind-test. Alors évidemment, ne jamais évoluer fait beaucoup râler certains puristes ‘progressifs’: ‘si t’aimes pas un titre, t’aimes pas le groupe !’, ‘ça sert à rien d’acheter les nouveaux albums, ils sont tous pareils’ etc. Seulement quand on aime ce style, finalement, on ne peut véritablement pas se permettre de bouder son plaisir, ce n’est pas comme s’il existait des dizaines de groupes maîtrisant autant tous les paramètres requis pour nous proposer de très bons albums à chaque fournée. Surtout que les atours dans lesquels nous étaient promise cette nouvelle galette étaient alléchants: la production est signée Dr J (Jacob Bredahl, gratteux du groupe et aussi leader d’Hatesphere) tandis que le mastering est l’œuvre de leur célèbre compatriote Tue Madsen (The Haunted, Cataract, Sick Of It All). Bref, le son se devait d’être énorme pour rester dans la lignée de Showdown et l’objectif est atteint haut la main.

Le principal reproche qu’on puisse faire à Ahead Of The Game est d’être relativement court: moins de 30 minutes pour 13 titres, c’est vite expédié mais c’est un défaut inhérent au genre. Dans une moindre mesure, on peut aussi déplorer un certain manque d’hymnes, de morceaux qu’on ait envie de se repasser en boucle comme on en trouvait sur les 2 albums précédents (aaah ‘Last Call’ ou ‘Showdown’). D’un autre point de vue, aucune piste ne parait inutile ou faible, l’album se révélant d’ailleurs plutôt cohérent dans sa globalité: l’énergie est présente de la 1ère à la dernière seconde. Le morceau le plus marquant est sans conteste ‘Minor Offence’, un titre tout en groove et faux-rythme qui devrait permettre de beaux concours de 2-step dans les fosses à tough-guys. Le titre le plus speed et old-school est ‘Lockdown’, sur lequel on retrouve un peu le Barcode des années 90. Enfin, comment ne pas évoquer la présence du mythique Lou Koller (SOIA) sur ‘Course Of Action’, titre qui le voit épauler SS sur toutes les parties vocales. Les paroles me semblent dans l’ensemble moins cyniques et comiques que sur les albums précédents, exceptées celles d’‘Emo Nation’ où les mèches se font défriser allègrement. Certains thèmes abordés peuvent paraître prétentieux et dérisoires comme sur le titre éponyme ou ‘Fuck What You Say’, mais quitte à respecter les codes et clichés du genre, autant le faire jusqu’au bout !

Les craintes consécutives au départ de Butch s’avèrent donc infondées: Barcode avec SS reste Barcode et Ahead Of The Game ravira les fans invétérés du groupe. Les Danois nous proposent effectivement la suite logique parfaite à Hardcore et Showdown, et se maintiennent donc sans forcer dans le peloton de tête des groupes européens du style. On peut même oser avancer qu’ils se rapprochent inexorablement de leurs modèles américains, et c’est pourquoi je conseille à tous ceux qui ont pris une baffe en découvrant Madball sur scène ces dernières années de donner une chance à Barcode, ils le méritent amplement. Un très bon cru !


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 12929