En y réfléchissant bien, BANE doit être le premier groupe issu de l’ex-Yougoslavie que j’écoute. Bon il y a bien sûr les slovènes de LAIBACH et NEUROTECH, mais pour ce qui est du Metal extrême, c’est BANE qui me fera découvrir la scène extrême ex-yougoslave, si tant est qu’il y en a une. Tout ça pour dire que ces pays ne semblent pas réussir à percer à l’international tant on croise peu de formations ex-yougoslaves. BANE, nous venant de Novi Sad en Serbie, existe depuis 2006 et The Acausal Fire est son second album après Chaos, Darkness & Emptiness (2010), deux sorties séparées par tout de même 3 splits. Pour compléter la carte d’identité, disons que BANE s’est offert un passeport suédois tant son Black/Death légèrement mélodique sonne scandinave comme jamais. Mettez DISSECTION, DARK FUNERAL, NAGLFAR et THE LEGION dans un paquet avec un esprit un peu plus Death-Metal par moments (à la BELPHEGOR), et BANE apparaîtra comme par magie.

Rien de bien exceptionnel en apparence mais à vrai dire, le Black/Death mélodique de BANE est tout à fait bon et plutôt bien ficelé, bien qu’éminemment convenu. The Acausal Fire se situe dans la stricte lignée de Chaos, Darkness & Emptiness, sans évolution notable. Riffs tranchants, leads et trémolos mélodiques, gros blasts, (rares) breaks acoustiques et (discrets) solos, chant BM et vocaux plus death, voilà le programme de BANE et le groupe ne va pas vraiment chercher très loin dans l’absolu. Après la superbe intro symphonique "Bringing Forth the Endless Dark Aeon", le groupe serbe alterne accès blastants et émoluments mélodiques, souvent au sein même des morceaux. Après un départ bien rentre-dedans avec "The End of Humanity", une forte emphase mélodique s’installe ensuite sur des pistes comme "In Endless Silence" (avec des riffs terribles) ou "Light the Black Flame", mais BANE parvient sans mal à trouver son équilibre avec des morceaux comme l’excellent "The Truth Unleashed", le plus rythmé "World of Desolation", ou encore "Existence in Denial". Si les riffs acérés, plutôt inspirés dans l’ensemble, font vraiment la force de The Acausal Fire, le groupe sait aussi oser avec notamment le très épique "As Chaos Rises" bardé de chant clair (que l’on recroisera sur "The Truth Unleashed") qui rappellera le A Bliss To Suffer de THE LEGION pour le meilleur et pour le pire (il faudra choisir votre camp). Après l’outro "Entering the Paradoxical Sphere", BANE rend hommage à ses influences en reprenant l’inévitable "Night’s Blood" de DISSECTION, de manière très fidèle à l’originale (sauf pour la batterie qui n’a hélas pas le souffle requis).

En parlant de batterie, le son assez affreux de cet élément et sans conteste le gros défaut de The Acausal Fire, même si on a déjà entendu bien pire. Certaines mélodies sont un peu faciles parfois, mais dans l’ensemble BANE a des arguments pour livrer un Black/Death tout à fait correct, avec des riffs qui envoient bien. Et je dirai même que The Acausal Fire se bonifie avec les écoutes et se révèle être une bonne surprise au final. Du Black/Death suédois sans grand chichis mais vraiment bon dans l’ensemble, avec des compos efficaces ce qui est déjà suffisant. Pour une fois qu’Abyss Records sort un truc dans la bonne moyenne et étant donné que ce groupe serbe m’a été sympathique dès la première approche, je recommande donc chaudement ce second album de BANE pour qui cherche du Black/Death mélodique classique mais bien fait (en dépit de la pochette très moche). Dommage qu’on risque de ne jamais voir comment le groupe peut évoluer, groupe au line-up déjà hautement instable qui est en hiatus depuis que son leader Branislav Panić a émigré au Canada. Ce dernier espère remonter un line-up complet mais difficile de dire si BANE va garder son âme. Profitons donc bien de The Acausal Fire qui est un album plutôt solide à défaut de révolutionner son genre.


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 13176