C’est avec une certaine fébrilité que j’ai enfourné (d’une manière très érotique, je tiens à le préciser) la dernière offrande des bananes metalliques dans mon lecteur…
Ne connaissant pas le groupe jusqu’àlors (honte à moi, leur débuts remontant à 1989 quand même) je m’attendais un peu à tout. Avais-je affaire ici à un obscur groupe de porno grind martiniquais, ou à une formation au service des lobbies des producteurs de fruits et légumes ? QUE NENNI !! C’est à un déluge de gore’n’roll crapuleux, à 13 titres de visions d’horreur et de textes enragés que j’allais avoir droit. Voyons ça de plus près …

D’entrée, le ton est donné : intro genre « vieux sample de film d’horreur », tronçonneuse et cris de jouvencelle apeurée précédent un gros break à la contrebasse… « 666% Gore n Roll » remplit très bien son office de titre d’ouverture, il est festif à mort, et pose les bases de l’album : hargne, sueur et rock’n’roll. Et la suite ne me démentira pas : cette galette est survitaminée, mélant habilement couplets punky, swing, horreur et second degré, dans un florilège de riffs tranchants et de petites mélodies sautillantes. On imagine bien l’énorme patate que le groupe doit déployer en live, à la mesure d’un Tagada Jones ou d’un Grim Skunk. Car c’est ce cela sont il s’agit tout au long de l’album : faire une fiesta endiablée, et pogotter jusqu’à se démonter l’épaule ! Les titres sont courts (le plus long faisant 3’36, ce n’est définitivement pas un groupe de prog), et rudement efficaces. Tel un un Bernie (chanteur charismatique de Trust avec qui il partage le timbre de voix) sous acide, Ced 666 dégueule des textes rageurs, tantôt bien bêtes (« Freaky Bitch Murder », « Surfin’ Banana » ) , tantôt pamphlets contre le formattage musical (« OPUS 666 »), alternant Anglais, Français et Espagnol, avec une rage et un humour vraiment pas désagréables. Ils nous gratifient même avec « Vade Retro Banana » d’une sympathique reprise punky du thème des Contes de la Crypte… sans doute mon moment préféré de l’album. L’artwork a également été très soigné : clichés gore, sanguette, putréfaction et tronçonneuses en plastique, tous les éléments d’un goûter d’anniversaire réussi sont réunis.

Produit par le groupe lui-même, et mixé par Xeb Nort de Anoerexia Nervosa, « Sex, blood, and gore’n’roll » possede une production impécable, résolument claire, sèche et péchue, collant parfaitement à l’univers du groupe. On regrettera juste que la contre basse passe un peu à la trappe dans le déluge des guitares, mais ca reste une question de goût. Le chant est intelligemment mixé « dedans », et non devant, comme c’est (qui a dit trop) souvent le cas, ce qui fait qu’on peut pousser les watts dans leurs derniers retranchements sans surcharge de vocaux, et je tenais à le souligner )

Bilan : Après 10 années de silence du à son split en 1995, Banane Metalik revient avec un album décadent, qui prone débauche et libre pensée : que voulez vous, c’est plus fort que moi, j’adhere !


Rédigé par : Commisaire Biales | 15/20 | Nb de lectures : 17321