Tudieu ! Quel nom bizarre ! Mais où sont-ils allé dénicher ça ? Et la pochette, mélange délirant d’affiche de série Z et d’artwork des années 50 ? Bon en tous cas, dès la première approche on sait que les gaillards ont de la personnalité, c’est indéniable. Oser s’affubler de tels oripeaux et en être fier, ça dénote une véritable force de caractère. Le combo lyonnais n’en est de toutes façons pas à son coup d’essai puisqu’en 2001 ils publient un premier album éponyme avec déjà cet artwork typé, et en 2002 ils sortent un split Ep avec Kabu Ki Buddah « Alerte au macaque en ferraille ». Hum…
Je dois à l’insistance prononcée de Neurotool la découverte de ce groupe, et ce par le truchement d’un cadeau de noel de Trent, et je me dois désormais de les remercier chaleureusement. En effet, « Staring at the surface » est étonnant de maturité et de professionalisme. Jouant dans la cour des Fugazi, Jesus Lizard ou autres At The Drive-In, les Lyonnais ont aussi un petit quelque chose d’un des très grands groupes de l’ex-capitale des Gaules, j’ai nommé Condense. L’album démarre pied au plancher sur le trompeur « Frenzy », presque punk, mais dès le second titre on rentre de plain-pied dans le territoire du noise, qui va se développer sur les 11 autres titres. Ce n’est pas un noise lourd à la Unsane, mais un truc tout en tension qui reste toutefois mélodique grâce notamment au travail d’harmonisation des deux guitares et surtout à l’atout principal de l’album, le chant. Constamment à la frontière entre rupture et assurance, le feeling qui s’en dégage est impressionnant. Il faut certes plusieurs écoutes pour assimiler cette tonalité si particulière, mais sous cette apparente fragilité sourdent une puissance et une rage énormes. Quelques lignes de chant me font penser à celles qu’utilisait Pierre dans Burning Heads époque « Piece of cake ». Les autres musiciens ne sont pas en reste et l’énergie déployée sur cet album est intense, vivante. Les guitares saturées passent de riffs puissants en accords discordants et ce sans que la composition en pâtisse. En effet, tous les breaks sont calés au millimètre et la batterie soutient le tout de fort belle manière. Nous avons tour à tour des morceaux rapides, envoûtants, mélodiques, planants… Quelle panoplie d’émotions distillées ici ! De plus, la production a été confiée à Fred Norguet , gloire française de la musique indépendante (Seven Hate, Burning Heads, Sleeppers…) et ce qui ressort est extrèment propre, soigné et pêchu.
Je ne connaissais pas ce groupe, c’est désormais chose faite, et de la plus belle des manières. Ce disque me ramène avec le plus grand bonheur aux années dorées de l’indé française, avec des combos comme Prohibition, Portobello Bones, Burning Heads et consorts. Un bien beau renouveau que nous offre BATA ! Et puis, au fond, cet artwork, ben je le trouve nickel !


Rédigé par : Ocean? | 16/20 | Nb de lectures : 9836