Comme s’il n’avait pas déjà assez de boulot avec ABORTED, Seb Tuvi alias BST, tête pensante de GENITAL GRINDER et BALROG, sort donc son troisième disque pour 2007, le troisième également pour BALROG. Certes, tout n’a pas été composé cette année, mais publier un album demande néanmoins un minimum d’investissement et donc de temps… Visiblement, BST sait très bien organiser le sien puisque ce « Ars Talionis » est tout sauf bâclé et je ne suis pas loin de penser qu’il constitue même le premier enregistrement totalement personnel de Seb.

En effet, "Bestial Satanic Terror" le précédent album sonnait beaucoup trop « Panzer Division Balrog », avec une prod énorme mais stéréotypée et des compos hésitant entre black et death, trop marquées encore par l’expérience GARWALL. Avec « Ars Talionis », BALROG revient aux fondements du black metal, à savoir la haine et la souffrance. Cette fois, l’enregistrement a été réalisé dans les conditions les plus naturelles qui soient, sans triggers, live, afin de sonner plus brut mais également de ne pas aseptiser l’ambiance profondément négative et malsaine qui émane des compos. Sans qu’on puisse les rapprocher plus que cela pour autant, BALROG et MARDUK ont suivi la même évolution, choisissant d’abandonner les grosses productions clinquantes afin de retrouver une sorte de haine originelle, ce qui dans les deux cas a grandement profité à leurs albums. « Ars Talionis » est ainsi un album de black metal sans concession, brutal et malsain, doté pour une fois de paroles sensées et compréhensibles par tout un chacun puisque pour partie écrites en français.

Pas de satanisme à deux balles dans BALROG, pas d’incitation à la haine raciale, d’apologie du nationalisme ou toute autre crétinerie tellement naïve affectionnée par nombre de groupes NS, ici on reste dans une dimension beaucoup plus individuelle, pas exempte de clichés certes, mais centrée sur une sorte de dégoût viscéral pour ses semblables, de haine à l’état pur verbalisée avec une certaine poésie. Les deux extraits écoutables sur MySpace donnent une bonne indication sur l’atmosphère de l’album faite de violence et de mélodies dissimulées dans des riffs nerveux et directs. Aucun titre n’est mis en avant plus que les autres, de la longue (et dispensable) introduction « Le Chant Des Anges De La Mort » à la conclusion en hébreu « Ha Stira Le Kyum », on n’a guère le temps de souffler. Une impression persistante d’agression accompagnera également l’auditeur quelque peu attentif aux paroles crachées par BST qui s’adresse presque toujours directement à lui. Une hostilité orientée qui peut passer inaperçue si on n’y prend garde, mais qui a son petit effet quand on prend le temps de s’immerger dans « Ars Talionis ».

BALROG ne signe pas avec ce troisième album une tuerie vouée à devenir un classique parce qu’il lui manque, malgré toutes ses qualités, cette once s’inspiration supplémentaire qui rend les grands disques ou les grands morceaux uniques. Toutefois, le manque de créativité musicale est compensé par les talents de paroliers de BST, ce qui donne une saveur particulière aux onze morceaux et est assez rare pour être souligné. Les bonus présents sur l’édition digipack aideront peut-être les indécis à se procurer l’album, puisqu’on trouve l’intemporelle et toujours aussi diaboliquement efficace « Sacrificial Suicide » de DEICIDE et « A Call From The Grave » des non moins légendaires BATHORY. Au final, « Ars Talionis » est donc un bon petit album de black metal authentique où toute positivité est proscrite, un album ténébreux et haineux fidèle à la tradition et qui n’a d’ailleurs probablement pas d’autre ambition, donc pourquoi s’en priver ?


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 13508