BAKOS ATTILA - Aranyhajnal (Autoproduction) - 08/02/2016 @ 07h10
Le nom d’Attila Bakos ne vous dit peut-être rien, sauf si vous êtes fans de THY CATAFALQUE auquel cas vous aurez tout de suite reconnu le nom de ce chanteur hongrois qui a officié sur les albums Róka Hasa Rádió (2009) et Rengeteg (2011). Hormis ça, Attila est également chanteur clair pour le groupe norvégien QUADRIVIUM, avait participé à DESCEND au début des années 2000 avec les membres de NEOKHROME/PERIHELION, et a également ses projets solos, WOODLAND CHOIR (qui n’officie pas dans le Metal) ainsi que TARANIS, projet qui avait signé une excellente démo en 2000 (In Days Of Yore) avant de revenir de nulle part en 2012 avec l’album Kingdom. Depuis, ce projet a cessé d’exister et en quelque sorte, BAKOS ATTILA prend sa suite, du propre nom du vocaliste et multi-instrumentiste, avec le nom d’abord selon la coutume hongroise. Une suite à TARANIS car on reste dans du Metal porté par la voix claire d’Attila, mais on va néanmoins s’éloigner du Black sympho/progressif de Kingdom pour passer dans un registre plus aéré, plus raffiné, puisant ses influences dans WOODLAND CHOIR mais aussi ailleurs, et bien sûr parmi le Metal avant-gardiste hongrois dont THY CATAFALQUE est le porte-étendard.

Aranyhajnal est donc la première œuvre de BAKOS ATTILA, première œuvre assez conséquente de 53 minutes, pour 8 morceaux allant de 3 à plus de 12 minutes. Point de Metal extrême ici, malgré quelques grattes aux accents Black ("Ármány"), mais plutôt un Metal relativement atmosphérique, penchant vers un Metal prog aérien, le Folk et le Post-Metal. L’affiliation aux carcans avant-gardistes hongrois n’est jamais loin, mais Aranyhajnal est moins expérimental et se rapproche en cela de ce qu’a pu proposer PERIHELION sur Zeng. Il est d’ailleurs assez marrant de constater qu’en passant de TARANIS à BAKOS ATTILA, Attila Bakos a eu la même progression que NEOKHROME vers PERIHELION, passant d’un Black sympho/progressif à la BORKNAGAR (influence encore présente ici et là) à un Metal plus épuré donnant dans un registre post/atmo. Bénéficiant d’une très bonne production, Aranyhajnal est bien évidemment porté par la très belle et très pure voix claire d’Attila Bakos, toujours avec des textes en hongrois, et le vocaliste profite de son projet solo pour se lâcher et confirmer encore une fois qu’il est un chanteur de talent, chose qu’il avait déjà largement montrée avec THY CATAFALQUE. A l’image de sa pochette, Aranyhajnal nous propose un beau voyage crépusculaire mais lumineux, dans un Metal atmo une nouvelle fois très « hongrois », contrée toujours présente quand il s’agit de proposer des ambiances singulières sur base de Metal.

Aranyhajnal s’offre d’ailleurs un super départ avec "Ősi Szó", qui montre d’emblée tout le potentiel du projet entre synthés sidérants et magnifiques mélodies, avant que la douce voix et les instrumentations (notamment grattes acoustiques et solos) d’Attila ne viennent renforcer le côté aérien et épique de ce somptueux morceau d’ouverture. Un départ très atmosphérique qui laisse ensuite place à un "Életerő" plus terre-à-terre, plus Metal, mais toujours mélodique et quelque part proche des morceaux les plus simples de THY CATAFALQUE, où Attila aurait plus de pouvoir et c’est ainsi qu’il se livre à quelques écarts de voix bien sentis. Un effort qui se poursuit avec "Lángolj" où avec une sous-couche de riffs saturés, Attila s’offre quand même des instrumentations intéressantes, notamment cette étrange mélodie folkisante présente dès l’intro et qui revient à des moments cruciaux. "Ármány" est plus tranchant (mais jamais brutal, loin de là), plus à fleur de peau aussi (surtout pour les vocaux), plus sombre même, et montre qu’Attila essaie aussi de faire une revue de sa carrière dans le Metal avec Aranyhajnal, album finalement très personnel et c’est tout à fait logique.

Arrive alors "Áldás", piste la plus longue de Aranyhajnal et logiquement la plus riche, qui retrouve l’esprit épique de "Ősi Szó" avec ces mélodies appuyées et léchées, ces synthés résolument atmosphériques et ces lignes de chant clair très prenantes. Le plus intéressant se situe tout de même dans ce long break central semi-acoustique qui nous propose une ambiance folk particulièrement succulente, break qui se finit en apothéose avant de faire repartir le morceau de manière archi-atmo (on a même le droit à du flûtiau bien joué) pour le plus grand plaisir de notre onirisme, bercé par la voix d’Attila Bakos. Une voix qui se fait très entraînante pour "Sziklák Szívén", presque la meilleure performance d’Attila sur ce disque, pour un morceau encore une fois très atmosphérique et épique et essentiellement acoustique, avec beaucoup de réussite. Aranyhajnal se poursuit donc dans le raffinement absolu, "Lépj Át" enfonce le clou niveau mélodies et instrumentations acoustiques, et Attila se lâche sur les solos presque omniprésents, ainsi que sur le chant pour le final très libérateur. Aranyhajnal se clôt alors par "Az Éj Rejtekén", sorte d’outro de luxe où nous pouvons déguster une dernière fois les belles paroles d’Attila, point fort de l’album mais pas que…

Alors est-ce que cet album du projet BAKOS ATTILA peut-il rivaliser avec ceux de ses amis de THY CATAFALQUE et PERIHELION ? Pas tout à fait, même si on aurait au moins aimé que Aranyhajnal sorte sur CD et pas seulement via un sempiternel Bandcamp. Peu surprenant pour qui connaît les travaux du hongrois, Aranyhajnal est un peu hétérogène, "Ősi Szó" et "Áldás" sont clairement au-dessus du lot de même que la doublette "Sziklák Szívén" - "Lépj Át" (ce qui mis bout à bout fait quand même une grande part de l’album vu que ce sont les 4 morceaux les plus longs), le reste et notamment ce qui est le plus « Metal » est parfois plat ("Lángolj", "Ármány") ou présente tout simplement des longueurs ("Életerő", et même la fin de "Áldás"). Attila Bakos se lâche plus que dans les groupes où il a été impliqué mais paradoxalement, son premier « vrai » album solo est parfois un peu sage. Cela n’enlève rien aux qualités démontrées par le hongrois sur Aranyhajnal, que ce soit au niveau de son chant imparable (même s’il faut vraiment l’aimer), au niveau mélodique et au niveau de l’ensemble atmo-post-folk tout de même largement maîtrisé. Mais alors que les deux sorties de TARANIS avaient laissé un goût d’inachevé, ce premier album de BAKOS ATTILA n’est pas encore abouti mais laisse entrevoir de grandes choses, avec en l’état des moments très forts. Nous sommes donc encore une fois en présence d’un bien bel album de Metal hongrois, pas aussi avant-gardiste que ses petits camarades mais tout aussi pétri d’ambiances singulières et prenantes. La Hongrie a des incroyables talents et Attila Bakos en fait partie, aussi il ne faut pas hésiter à se laisser emporter par les atmosphères raffinées et le chant authentique de cet album satisfaisant de BAKOS ATTILA.



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Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 7508




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The Quebekers
IP:74.56.188.2
Invité
Posté le: 08/02/2016 à 15h51 - (119344)
J'avais acheté son album Taranis kingdom en cd, jamais regretté et je l'écoute encore régulièrement. Celui-ci est excellent aussi, profond et riche. Merci pour cette chronique.

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