Il est certain qu'avec un groupe comme BAD TRIPES, la couleur est annoncée direct... cela va être du rouge plein de grumeaux et de tripailles. Amateurs d'hémoglobine et autres "viandards", vous êtes à la bonne adresse.
Voici donc le premier album de ce groupe venu de Marseille. Fondé en 2006 avec de claires intentions de peindre en vermeil le visage de leurs sombres influences, voici que les psycho Phocéens nous proposent "Phase terminale".
13 titres donc, qui fleurent bon le metal tendance "Néo glauque", le tout saupoudré de mélodies accordéono-industrielles qui donne une saveur particulière à l'ensemble.
On ressent aussi par moments une lourdeur qui fait penser au death metal Old School bien que que le groupe ne donne pas dans la sauvagerie extrême musicalement parlant.
La véritable originalité du combo tient en deux éléments : sa chanteuse, Hikiko, et ses lyrics dérangeants et les sonorités accordéon/samples/claviers mélancoliques mêlées à un metal baveux.
La chanteuse crie beaucoup, braille et s'énerve tout au long de l'album.
Elle ne semble pas vraiment être une technicienne du chant et à vrai dire, elle ne joue pas vraiment selon les codes musicaux métalliques en vigueur. Hikiko de son prénom, chante souvent sur le fil du rasoir, crie à s'en déchirer les cordes vocales et joue avec les émotions plus qu'elle ne joue avec les gammes.
Je parlerais plus facilement de performeuse, la musique apparaissant ainsi comme un vecteur pour qu'elle y exprime ses émotions. C'est certainement cela qui donne un côté original à son chant et qui donne au groupe une arme efficace pour affirmer sa personnalité. D'ailleurs, vous le verrez dans l'interview, cette Hikiko est une artiste qui gagne à être connue.
Les paroles sont en français et les textes narrent des histoires morbides et violentes.
Parfois inspirées de faits divers et parfois tirées d'anecdotes de la vie de la chanteuse, ce qui est narré tout au long de ses sombres litanies est quelques fois à la limite du dérangeant.
Je ne peux pas vraiment dire que j'ai été choqué, mais j'ai été interloqué à plusieurs reprises.
Je suis certain que le fait que cela soit une fille qui chante renforce ce côté malsain, on est pas encore habitué à entendre de tels propos sortir de la bouche d'une chanteuse.
Bien sûr, je connais des groupes où des filles chantent des paroles violentes avec des voix n'ayant rien à envier aux hommes. Mais ici c'est en français et cela change tout. Pour dégueulasser un peu plus le tableau, la grossièreté des mots employés rajoutent encore au côté "In you Face".

On est jamais très loin du grand guignol, et le groupe se plaît à développer une image théâtrale lors de ses shows.
Des chansons se détachent plus particulièrement de l'album comme "SM love", "Na Zdorovie" ou "Punk Uniform". "SM Love" est la chanson qui m'a le plus marqué. Cette chanson est vraiment habitée, parle de vengeance et de souffrance et le moins qu'on puisse dire c'est que l'on s'y croirait.
Le grand guignol n'est jamais très loin et comme souvent avec ce genre de concepts, on navigue parfois entre le Terrifiant et le rigolo (le groupe se grime souvent en "soignants déjantés" comme à la bonne époque de Max Maurey).
Je ne pense pas d'ailleurs que le groupe cherche à faire peur, il y a une grosse part de dérision dans tout cela.
Les titres que je préfère sont d'ailleurs ceux qui ont des thématiques un peu "orphelines" dans l'album. "Le bal des chaises roulantes" est le texte que je trouve le mieux écrit. Très noir et catapultant les angoisses de se voir vieillir et dépérir, le texte est servi par une musique plutôt discrète mais qui cimente bien la chanson dans un climat mortuaire et mélancolique.
"Alice Über Alles" parle d'une fille qui est un poil fasciné par les lourdes bottes et les uniformes impeccables ("Une croix gammée au creux des fesses, Sainte salope des SS" ).
"Punk Uniform" me fait vraiment penser à ces ambiances "Rock Alternatif" des années 80. On pourrait imaginer comme au temps des Bérus des danseuses avec des nez de clowns ou des masques de Porcs. Pas d'appel à l'unité ici cependant, mais une chanson qui fustige l'uniformité des révoltes factices.
Bien que j'en ai envie, je ne vais pas vous faire l'étalage des thématiques de l'album.
Je termine en précisant que la musique m'est apparue au premier abord secondaire. Mais plus j'ai écouté l'album plus je me suis rendu compte que les musiciens groovaient pas mal et que surtout ils ne versaient pas dans la démonstration. Et c'est vraiment une qualité appréciable car les chansons ont du coup une unité vraiment plus cohérente.
Je donne toujours plus de crédits aux groupes qui essayent de créer des univers différents.
J'ai bien conscience que plusieurs personnes ne vont pas adhérer au groupe, pas apprécier sa musique, ses paroles et le qualifier de "non métal".
Mais je persiste et signe, ce genre de combo est salvateur pour que le metal garde une liberté d'action allant de l'excentricité... à l'extrême. Merde moi j'ai beaucoup aimé.
Allez-y les Vseurs et les Vseuses (mais oui !!) offrez vous un bain de sanquette et libérez votre côté pervers et psycho au doux son des Bad Tripes... ça va saigner Caralho...


Rédigé par : pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 14845