Ca devait bien arriver un jour, la vague hardcore moderne, boostée par le label Bridge Nine, déferle sur les States depuis plusieurs années maintenant, et elle arrive en France, à la bourre comme d’hab. Alors que tous les « gros » groupes du style splittent à tour de bras, ici on est prêt à prendre le relève et à récupérer le flambeau d’un hardcore riche en émotions. C’est ce que fait A DIFFERENT DAY, groupe du sud de l’Hexagone, qui ouvre la porte et profite de l’engouement pour le hardcore moderne dans notre belle contrée afin de livrer son premier album, « Open Heart ». Si on prend l’emballage tout fonctionne, le nom de groupe, le titre de l’album, les lyrics et l’artwork sont totalement dans le ton et la mouvance. Les gars ont bien cerné le truc et appris leur leçon. Un peu trop bien d’ailleurs. On a l’impression d’être face à un groupe qui récite par cœur ce qu’il a emmagasiné tout au long de ses années d’études. C’est ce qui ressort, et le principal défaut d’un album qui, à côté de ça n’est pas dépourvu de qualités. Loin de là même.

Premier titre, premier riff et on est dans le ton. Guitare évocatrice, plan doux amer, on sent la violence contenue du mec qui essaie de rester debout malgré la tonne de merde qui lui tombe dessus. Un riff sympa, qui rappelle énormément toute cette vague moderne Verse, Have Heart, Ruiner, Defeater en tête et qui place direct le groupe dans cette lignée. Puis la voix déboule, puissante juste ce qu’il faut, faussement juste mais sans vraiment de personnalité propre. C’est une voix hardcore correctement exécutée et posée mais qui n’a pas ce petit quelque chose en plus qui fait qu’elle ne parvient pas à sortir du moule. Une voix comme celle de Rob Sullivan par exemple, tu l’entends une fois, tu la reconnais entre mille, ce n’est pas (encore) le cas ici. Pourtant James y met du cœur et donne tout ce qu’il a, on ne peut pas remettre ça en cause. « Fisherman’s Friends » est un bon titre de hardcore moderne, porté par une batterie qui file droit et un riff meilleur que la moyenne du style qui n’oublie sa petite descente de manche qui va bien et son petit break pas mal du tout à mi-parcours. Non, un bon titre qui prouve que les Marseillais sont capables du meilleur quand ils s’en donnent vraiment les moyens. On notera aussi « Pirate’s Life », morceau hyper catchy et entraînant grâce à un riff monté sur roulettes.

L’ensemble de l’album confirme que le groupe en a sous la pédale mais ne trouve pas encore le moyen de se lâcher totalement. Les Sudistes ont parfaitement compris et étudié le style mais ne l’ont pas encore vraiment assimilé d’où cette impression de resservir la soupe sans rien y ajouter de personnel pour y apporter sa touche. La production est, elle aussi, trop propre et sans trop d’aspérité. Par contre le son de l’EP bonus, oui le groupe livre l’entièreté de son premier EP en bonus ce qui mérite d’être souligné, bien qu’imparfait me semble plus vivant et hargneux. Un mix entre les deux, le professionnalisme d’« Open Heart » et le côté râpeux de la démo, assurerait au groupe la production idéale. « Open Heart » se laisse écouter tranquillement, les morceaux sont corrects, très bons pour certains mais l’ensemble ne suit pas la règle des 3 C propre au style : « Corps, Couilles, Cœur ». Il y a de tout ça dans cet album certes, mais pas assez. En tout cas il serait malgré tout dommage de passer à côté d’un groupe en pleine maturation et d’un album qui, bien qu’imparfait, n’est pas dénué d’intérêt.


Rédigé par : Seb On Fire | 13.5/20 | Nb de lectures : 12491