A BACKWARD GLANCE ON A TRAVEL ROAD. En voilà un nom de groupe simple et mémorisable ! Merci les gars, c'est très simple à retenir pour les têtes de linottes comme moi.
Vous connaissez le "folk chaotique" ? Oui ? Ben moi je connaissais pas... et si le style musical et la dénomination peuvent paraître étranges, je vous assure que dès qu'on écoute ce groupe, l'évidence saute aux oreilles. C'est de la Folk oui, mais c'est déstructuré, sombre, méchamment inspiré et pour tout dire, très au-dessus de ce que l'on entend en général dans la pop dite « bizarre ».
En me renseignant sur le groupe, j'ai appris que ABGOATR (hey ! Ils utilisent eux aussi l'acronyme) est en fait le side-projet de deux membres du groupe metal HYPNO5E. Cela m'a permis de mieux comprendre d'où venaient certaines vibes typiquement métalliques que l'on entend à plusieurs reprises sur ce skeud (l'intro de « Hier Régnant Désert » est tout simplement fabuleuse à ce niveau-là).
Mais bon à la limite, on s'en taponne un peu de savoir si ce folk est joué par des metalleux ou pas... l'intérêt est ailleurs, enfoui beaucoup plus profondément dans les méandres de ce disque mystérieux.
La musique jouée par ABGOATR est aérienne, complexe et torturée. Elle est à la fois extrêmement visuelle mais aussi très viscérale et ancrée dans un marasme malsain, à la limite du dérangeant par moments.
Ce disque s'écoute en intégralité et d'une seule traite. Le segmenter, c'est lui enlever une partie de sa sève. Tout est très bien mesuré et rien ne se rajoute. Il faut le concevoir comme un voyage auditif et pour bien l'apprécier, il faut l'écouter en s'abandonnant complétement au sons étranges qui tour à tour vous caressent puis vous agressent. Je ne vous garantie pas que vous allez aimer, mais si vous adhérez à l'esprit et si vous écoutez l'album en entier, vous allez être transporté entre différentes émotions. ABGOATR ne laisse pas de marbre. Je ne crois pas que cela soit sa vocation de toute façon.
Les influences psychédéliques du combo se font vite sentir et elles donnent un côté quasi contemplatif et hypnotique aux chansons. C'est en écoutant des groupes comme ABGOATR que je comprends ceux qui parlent de liens mystiques avec la musique.
Dès les premières minutes, on se dit que la principale arme du groupe est son talent à créer des ambiances. Mais c'est sans compter sur la redoutable rigueur rythmique qui donne à l'ensemble un côté très puissant et particulièrement groovy quand les parties l'exigent.
Les mecs savent jouer et on ne peut qu'applaudir quand on entend que la technique des musiciens fait fi de toutes considérations démonstratives pour se concentrer uniquement sur les sonorités qu'elles vont apporter aux chansons. J'ai ressenti par moments ce que j'avais ressenti avec l'acoustique de NOSTROMO, qui est, pour moi, un des disques les plus extraordinaires qui n'ait jamais été écrit.
Plus la musique progresse et plus on est entraîné dans un tourbillon sonore dont il est très difficile de s'extraire. Comme dans un bon film, on a envie de connaître la fin, mais penser que tout va s'arrêter d'un coup fait aussi un peu mal au cœur.
Je ne perdrai pas mon temps à vous parler des superbes arpèges, du groove des percussions, des mélancoliques nappes de piano, des cordes qui saignent sur le bois et des voix angéliques qui habillent ce disque. Chaque instrument a sa place, chaque son est choyé et au final ABGOATR fait feu de tout bois.
Ombres et lumières, désespoir et légèreté, odeurs méphitiques et douces mélopées sont les mots qui accompagnent ce scénario musical incroyablement bien construit, qui montre une fois encore que si la musique s'écoute d'abord avec les oreilles, elle ne trouve jamais un aussi beau dénouement que lorsqu'elle atteint le cœur. Chapeau bas.




Rédigé par : Pamalach | 16.5/20 | Nb de lectures : 13836