Allez savoir pourquoi, j'avais pas mal de crainte à écouter cet album... AVA INFERI... Une pochette sombre comme une tache de sang séchée... Je pensais avoir affaire à un groupuscule de black ou de je ne sais quelle musique occulte et me demandais ce que pouvait bien faire un tel CD dans la pile que m'avait réservé notre Docteur Gang et grand gourou de VS, Greg. Car oui, je suis passé complètement au travers de "Burdens", le premier album du groupe sorti en 2006, qui semblait plutôt pas trop mal ficelé, découvrant donc ce groupe potuguais avec une oreille totalement vierge.

L'erreur est certaine... AVA INFERI ne fait pas dans le black occulte ou je ne sais quoi mais dans une musique dark lancinante et hypnotique. Guitares mélodiques et mélancoliques rappelant sous bien des aspects le côté le plus pesant de VIRGIN BLACK, rythmique très sommaire mais frappant juste, on ne peut pas dire qu'AVA INFERI fait dans la complexité musicale. Le quattuor cherche ici principalement à jouer sur les émotions et à vous faire sombrer tranquillement dans son univers peu empreint de joie de vivre. 9 titres down-tempo permettant à Rune Eriksen (aka Blasphemer) de s'échapper de l'asile MAYHEM, même si on reconnaît ici et là ses arpèges et leads typiques ainsi que quelques cassures rythmiques familières ou autres gimmicks guitaristiques. Il est à vrai dire difficile de parler réellement de métal en évoquant AVA INFERI car les 3 instrumentistes servent un tissu sonore dépressif et dépouillé, trame sur laquelle se promène la voix de Carmen Simões, celle-là même qui a effectué les vocaux féminins sur le réenregistrement du "Under the Moonspell" de qui vous savez. Une voix qui s'étale du medium grave (l'intro du sublime "A Dança Das Ondas") à des envolées lyriques féériques aux accents quasi opératiques avec quelques incartades avec des passages inspirés par le fado. La demoiselle est douée, c'est certain, et on se laisse tranquillement bercer jusqu'à sortir un peu de ce léger sommeil pour tisser une petite analyse de ce que l'on est en train d'écouter.

"The Silhouette" est un album possédant une façade superbe, 50 minutes de beauté, de finesse et de songes décrits en musique. Des guitares très polies, embrumées, une voix qui se veut plus caresse qu'écorchure, on est face à un ensemble très cohérent qui cache pourtant un constat évident: on finit par se faire chier à son écoute. A force de répéter ce schéma de torpeur volontaire, on a bien du mal à accrocher à l'album sur sa longueur malgré quelques soubresauts vers la fin de l'opus avec notamment un très bon "Pulse of the Earth". Simões possède une voix en or mais ne cherche pas assez à expérimenter ou à se faire violence, proposant constemment les mêmes lignes vocales et intonations... Mais ce n'est pas assez pour vous éviter une lente progression dans l'ennui, si bien que je n'ai sincèrement découvert la fin de l'album que récemment, celui-ci me faisant sombrer constament dans le sommeil en plein milieu des écoutes répétées que je tentais vainement lors de mes trajets dans les transports en commun. Mais n'était-ce pas quelque part le but de ce projet que de vous emmener loin?

"The Silhouette" est un album qui fait un fond sonore haut de gamme pour vos soirées cocooning ou autres discussions d'hiver au coin du feu. N'y voyez pas ici une critique acerbe de cet opus réussi et aux mélodies somptueuses. Juste qu'à la longue, la bonne impression du début laisse place à un ensemble moins passionnant qui aurait pu être mieux, vraiment mieux...


Rédigé par : Foofur | 13/20 | Nb de lectures : 11132