AUTUMNAL - The End of third Day (Cyclone Empire) - 27/03/2015 @ 07h55
Un groupe nommé AUTUMNAL qui évolue dans un heavy/doom mélancolique, voilà ce que j’appelle une démarche artistique plutôt cohérente à défaut d’être originale. Un groupe qui sort deux albums à huit ans d’intervalle, voilà qui est déjà nettement plus intrigant. En effet, "The end of the third day" fait suite à "Grey universe", paru en 2006 chez les garçons-bouchers d’Xtreem records, plus habitués à balafrer les esgourdes du métalleux à coup de barbaque avarié et de tripaille fumante. Une caution mélodique en quelque sorte, quelques grammes de finesse dans un monde brutes épaisses mais pas une révolution pour autant puisque Repulse records (l’incarnation pré-Xtreem records) comptait déjà dans ses rangs les doomsters de GOLGOTHA. Mais tout ça, c’était avant...

Parce que lorsque l’on prend le temps d’écouter (ou de découvrir, dix ans plus tard dans mon cas) ce premier effort collectif, l’on y décèle ce charme désuet mais authentique des formations qui perpétuent avec ferveur la tradition stylistique instaurée par la sainte trinité grand-britonne au début des années 90. C’est même clairement du côté de MY DYING BRIDE que les madrilènes font pencher la balance tant les parallèles avec le quintet de Halifax sont nombreux : growls profonds, vocalises déclamées, rythmiques monolithiques, violons désenchantés, émotions à fleur de peau : pas de doute c’est du doom et du bon. Mais tout ça, c'était avant...

Car AUTUMNAL a désormais laissé derrière lui la grisaille pesante du Yorkshire pour mettre le cap plein nord chez ses petits camarades finlandais et suédois dont il reprend ici à son compte la froide marque de fabrique mélancolique, celle qui fait joujou d’un air triste avec le heavy dans une main et le doom dans l'autre. A l'écoute de "The end of tne third day" on pense à un SENTENCED dernière mouture pour le sens affûté de la mélodie simple et directe, un KATATONIA cuvée "Dead end kings" dans les moments les plus sobres ou les mélodies à haute teneur lacrymale d'un SWALLOW THE SUN plus chaleureux. Mais ce ne sont là que des repères subjectifs qui ne doivent pas occulter la personnalité du groupe, déjà bien présente sur ce second album. Celle-ci est d'ailleurs probante, que ce soit sur ces magnifiques lignes de chant clair qui collent à merveille aux ambiances progressives et lumineuses délivrées par une section rythmique délurée ou sur ces parties de batterie variées et percutantes. Un véritable régal qui dépasse le cadre du simple exercice de style, puisqu'il subsiste encore quelques traces de l'époque doom/death d'AUTUMNAL comme ces growls disséminés à dose homéopathique tout au long de l'album, notamment sur le fougueux "The storm remains the same". Les violons n'ont pas non plus pas tiré leur révérence puisqu'ils viennent également ponctuer l'album de leurs douces mélodies plaintives.

Au registre des surprises : l’artwork, plutôt original. Difficile en effet d’imaginer qu’un contenu heavy/doom se cache derrière cet enrobage qui évoque plus les longues rêveries sophistiquées d'une formation de rock prog que les sombres embardées d'un apôtre du côté obscur de la force. Ensuite, la reprise culottée du cultissime "Don't leave me now" de SUPERTRAMP est tout simplement bluffante tant elle s’intègre parfaitement à l’ensemble, transformant ainsi cet hommage en un véritable tour de force. Enfin, la production propre et peaufinée mais en aucun cas musculeuse est en rupture avec les murs de son habituels souvent synonymes de cache-misère. Celle-ci est ici bien équilibrée, rendant justice à chaque instrument composant cette heure et quart de metal sombre et délicat.

Mais c’est aussi sur ce dernier point que le bât blesse. La (longue) durée du disque, dont la moitié des morceaux dépasse la barre des neuf minutes, n’autorise pas les divagations et autres remplissages. N’est pas OPETH qui veut et captiver l’auditoire sur de tels formats s’avère parfois proche du casse-tête comme sur "One step...and the rest of our lives" qui se traîne quelque peu en longueur ou sur "Resigned to be lived" qui, malgré de belles parties de violons qui viennent appuyer l'ensemble, donne l'impression que le groupe cherche un second souffle après cinq minutes au compteur...quand il en reste encore cinq derrière. Bon, n’exagérons rien, l’écoute d’une seule traite de l’album ne tient pas non plus de l’exploit, c’est juste qu’il faut se préparer à s’enfiler presque l'équivalent d'un double CD sans sourciller.

Après tout, si l’on tient compte des huit ans qui ont séparé la parution des deux albums d’AUTUMNAL, cela mérite bien une bonne heure et quart de musique...non ?





Rédigé par : TarGhost | 15,5/20 | Nb de lectures : 9165




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