A l'instar des BEATLES à qui il manque obstinément, au choix, deux balles ou deux cancers, pour être de nouveaux réunis, voilà qu'AUTOPSY nous revient, quelques mois à peine, après avoir « pris la température » avec « The Tomb Within », un mini album plutôt réussi qui laissait escompter le meilleur pour une hypothétique suite.

Vous allez me dire que les reformations sont dans l'air du temps, qu'ils avaient juste du mal à finir les fins de mois avec les royalties d'ABSCESS et il est exact que ce retour aurait pu rester anecdotique et n'offrir qu'une image pathétique de quadra bouffis ayant laissé leur inspiration quelque part au milieu des années 90. Il est vrai également que jusqu'à la reformation exceptionnelle d'AUTOPSY pour le Maryland Deathfest, il était fort improbable de revoir Chris Reifert et Eric Cutler convoler à nouveau sous la même bannière depuis que, peu avant la séparation du groupe, ils avaient échangé, on le suppose, des paroles blessantes tels « chuis pu ton copain ! » « pis d'abord elle est pô belle ta batterie » et autre « c'est suikidikiyé », verbage d'une rare violence.

Alors que peut bien nous offrir aujourd'hui une brochette de vieux croûtons sur le retour pour un cinquième album quelques années après, l'hygiéniquement discutable, « Shitfun » ? Ben une véritable pépite mes petits loups, ni plus ni moins. Il faut croire que les retrouvailles des deux grandes gueules que sont Cutler et Reifert ont porté leurs fruits puisqu'ils accouchent ici d'un rejeton à faire pâlir d'envie leurs petits camarades (pas de noms... surtout pas de noms).

« Scream bloody gore » vous donne des triques digne de la Corse du Nord ? « Seven Churches » vous hérisse les poils pubiens ? Vous avez tatoué sur votre fesse gauche « Severed Survival for ever » ? Vous avez prénommé vos jumeaux Chuck et Kam ? Ben cherchez pas les aminches, voilà une galette calibrée pour vous dégourdir la cérumen.

Est-il nécessaire de le préciser, il est ici question de Death metal old school?(avec un D majuscule s'il vous plaît). Du bon, du gras, du juteux, du rance, de l'urgent, du purement instinctif, du viril, du qui se contre-fout de la bienséance, de la technicité et des courants modernes du genre. Alors que la plupart des groupes actuels s'attachent principalement à la forme, AUTOPSY a travaillé sur le fond en nous proposant avec « Macabre Eternal » un chapelet de titres tous plus chiadés les uns que les autres.

Si vous cherchez du neuf pour vos petites oreilles aiguisées, autant passer illico à la chronique suivante parce que dans le cas présent, on est de retour à la fin des années 80 quand le terme de death metal réunissait encore la totalité du genre et que scène n'était encore qu'un village où tout le monde se connaissait de près ou de loin. Le genre était encore neuf et tout restait à faire. Plus de vingt ans plus tard, la recette reste la même : une architecture des morceaux simples, quelques breaks ici et là, des riffs qu'on imprime dès la première écoute et une grosse giclée de feeling à faire blêmir (… ah non zut... j'ai promis de pas le dire...).

Petite nouveauté pour ce nouvel AUTOPSY, Reifert ne se charge pas du chant sur l'intégralité des morceaux puisqu'il cède son micro sur quelques compos. Cela n'enlève rien à la leçon de growls caverneux délivrée ici. Reifert éructe, gronde, postillonne, régurgite copieusement sur un micro qu'on espère waterproof. Autre point et pas des moindres, AUTOPSY a quelque peu délaissé le son cradingue et visqueux qui restait sa carte de visite pour une production sensiblement plus « propre ». Les puristes crieront au sacrilège mais devraient se rassurer sitôt qu'ils sauront qu'il n'aura fallu qu'une petite semaine à nos quatre larrons pour enregistrer les douze titres du disque et qu'un titre fleuve comme « Sadictic Gratification » aura été torché en deux prises. Dans le genre impulsif et sauvage, difficile de faire mieux.

Des riffs et vocaux monumentaux de « Dirty Gore Whore » (titre qui justifie à lui seul l'achat de ce disque) aux les lamentations SM de « Sadistic Gratification » en passant par les breaks classieux de « Bridge of bones » et « Bludgeoned and brainded » sans parler de tous ces putains de riffs moites qui fleurent (bons ?) l'aisselle de routier en heure sup sous la canicule, de ses gros accords lâchés plantés comme des pieux, de ses rythmiques qui tabassent et de ce son chargé de sébum dégueulé par les grattes.

Bref, on ne s'ennuie pas une seule seconde sur cette galette qui dépasse tout de même les 65 minutes. Et puis c'est bien simple, si vous aimez, un tant soit peu, le death qu'on nomme aujourd'hui old school et que ce « Macabre Eternal » ne vous donne pas le gourdin (les filles adapteront d'elles-mêmes cette tournure), eh bien je bouffe mon clavier.

AUTOPSY défouraille ici LE come-back du moment autrement plus fédérateur que le dernier... que le dernier... heu... joker !


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 16171